Dernière mise à jour le 27/04/12 9h03.
Cet article est la suite du précédent, scindé en deux pour en faciliter la lecture.
À tous ceux qui prétendent que la stratégie du FN est de faire voler en éclats la droite républicaine, il convient de rappeler que le FN ne saurait avoir de stratégie autre que celle de toute marchandise vociférant son droit à l'étal. Il n'existe, de fait, qu'indexé en raison directe de la violence du capital, laquelle lui fournit ses troupes, celles du ressentiment, quand il l'utilise comme leurre, comme emballage de présentation ; il ne saurait donc, en rien, s'imposer en sujet historique décidant de ce qu'il conviendrait de faire, si ce n'est à se prendre pour ce qu'il n'est pas, à commettre une erreur politique.
Celle qui se dessine risque bien de laisser entrevoir la vérité de ce manège : la Mme Sans-gène, populo en diable sous les milliards de son richissime papa (5), la voici qui entrevoit la sortie d’une diabolisation qui aura fait les bons comptes de son parti de fureur : que dégage la copie, et la voici investie d’une pôle position pour donner à l'ensemble de la droite française sa vérité sans fard de droite poujadiste, fascisante à l'occasion, comme elle l’a toujours été depuis des décennies - mais avec cette gageure de devoir rassembler ses courants aussi hétéroclites que divisés sous une bannière qui ne serait plus seulement frontiste, mais "mariniste", comme ses petits soldats - maris niais de la fureur -, se plaisent aujourd'hui à le chanter ! Autant dire que la chef se sentirait pousser des ailes, comme Icare, dont on connaît la funeste chute : le populisme n'est pas soluble dans la soumission au capital international, sinon comme instrument de celui-ci, comme prétendue opposition. Contre toute attente de ses stipendiaires - bons petits gars de la Marine, légion dans les média, comme par hasard -, c'est dès lors ce leurre lui-même qui pourrait bien éclater, entre prétentions dynastiques (6) et réalités du rôle de seconde main qui lui a été assigné dans le scénario comme gage de son succès.
La recomposition de la droite française - toujours, de fait, à devoir se recomposer pour rester identique à elle-même -, devra plus précisément se faire en fonction de ses allégeances consenties - ou non, mais a-t-elle vraiment le choix ? -, à ce capital international rapace qui entend bien lui dicter sa conduite en tout, sans faire aucun cas de ses émois et autres lectures de La princesse de Clèves. Le capital international n'a pas besoin du fascisme pour gouverner - il l'a dépassé en tout -, sinon comme instrument docile de canalisation des oppositions que sa gestion sans vergogne déchaîne.
Tous ceux qui, dégoûtés de ces beaux messieurs et gentes dames - qui, sur le pont d’Avignon dansent et dansent tous en rond -, continuent de voter pour la dynastie Le Pen père & fille - marque déposée -, croyant ainsi effrayer la bonne société (le bourgeois, disait-on en des temps où il y en avait encore ; las, ils sont tous devenus petits), sont eux-mêmes à continuer de têter leur mère, manipulés par celle-là même.
On ne peut que s'inquiéter, alors, du devenir de tous ces orphelins sur le glacis de la banquise, petits veaux marins qui croyaient bon de sucer le lait de la discorde, placés, soudain, eux-mêmes en devoir de se déterminer : ou leur ressentiment justifié, mais bien infantile - sécurisant en ce qu’il leur permet de faire l’économie d’une critique réaliste et donc réelle de ce qui les broie -, se solidifie en sauté de veau (7) dans le plat de ce qui aura de moins en moins le goût sirupeux du populisme, ou bien, jetant la gourme de leur ressentiment pour le transformer enfin en une critique des conditions réelles qui leur sont faites, il s’en prendront à leurs bourreaux, dont font partie, bien évidemment, ces menteurs que sont les néo-fascistes.
Le capitalisme, voilà l'ennemi ; nos valeureux et vertueux anti-fascistes feraient bien de s'en aviser au lieu de se démener comme de beaux diables contre ses formes dégénérées et ses leurres destinés à en détourner toute critique radicale. Plus que jamais il y a lieu de NE PAS SE TROMPER D'ÉPOQUE.
La tentative dans ce sens du candidat Mélenchon - transformé en méchant loup pour la circonstance -, n’aura pas abouti, et pour cause : ceux qui ne contrôlent plus rien de leur vie, applaudissant le tribun, auront flairé l’homme d’État, jouant, pour la circonstance, les rabatteurs de service et ne proposant, de ce simple fait, aucune alternative au système. La prétendue “révolution citoyenne" n’est ici encore qu’un habillage de plus, changeant les boutons de la camisole pour en conserver l’essentiel de la fonction.
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NOTES, SOURCES & LIENS
5 - http://www.politique.net/2007122602-enquete-sur-la-fortune-de-le-pen.htm
6 - Certains ne tardent guère pour y prendre la place qui, semble leur revenir de droit, comme dans la meilleure tradition népotiste : Marion Le Pen, 22 ans, petite-fille de Jean-Marie Le Pen, investie jeudi à Carpentras pour les législatives.
7 - http://danslacuisinedefolange.over-blog.com/article-26692119.html