Etrange week-end que celui que nous venons de vivre. Je passe et repasse mentalement le fil des évènements, entre cette allocution présidentielle inattendue et incongrue, le retour, inédit, depuis le kosovo et via les chaînes infos d'une jeune fille prénommée Leonarda, à peine âgée de 15 ans, et l'improbable soirée électorale Marseillaise qui a vu une candidate socialiste, sénatrice de la République, faire huer son propre exécutif, le seul mot qui me vienne à l'esprit est celui de "sidération". Tout, ou presque, à déjà été dit ou écrit par les habituels et nombreux commentateurs de la geste présidentielle. Les opposants ont largement trouvé matière à critiquer et on les comprend. Quant au PS, vieux parti travaillé par de non moins vieilles blessures, il n'en finit pas de saigner.
On à l'impression tenace d'assister au crépuscule des dieux.
Car rien ne va plus dans cette république, il faut bien en prendre en cet instant la mesure: pouvoir déconsidéré, frappé d'impotence, majorité en lambeaux, tiraillée de toutes parts, mise à mal sur sa gauche, entrainée sur sa droite. L'équipage Hollandais, groggy, ne fait que louvoyer.
A droite, ce n'est guère mieux: après la guerre des chefs, qui a laissé de nombreuses blessures, c'est une guérilla civile qui agite son grand corps malade qui lorgne de plus en plus à droite, tout cela sous l'oeil absent d'un imam caché lui-même menacé par les affaires.
Seul parti à sembler tirer son épingle du jeu, le front national se révèle désormais sous sa vraie nature: d'extrême-droite évidemment, n'en déplaise à sa présidente qui toute à son affaire de "dédiabolisation" en a oublié de ranger le sous-sol et de le faire désinfecter.
La gauche de la gauche quant à elle, pourtant emmenée par un républicain indéniable est fragilisée en raison d'intérêts locaux et municipaux.
Quel tableau mes amis!
Tout cela sous le pinceau des phares d'une info-minute tyrannique, BFMTV et ITélé en tête. Ah oui j'oubliais le petit dernier, j'ai nommé Twitter, qui à chaque instant introduit un thermomètre sous la peau même de l'opinion. Sondages en cascade, commentaires multiples et petites phrases assassines, là est désormais le vulgus de la grande presse, déboussolée elle aussi, entrainée dans les rapides d'une info aussitôt servie, aussitôt consommée, aussitôt jetée.
Quant un président de la République, primus inter pares, en vient à céder au fait du prince, quant son image est telle que plus aucune de ses paroles n'est crédible, la moindre de ses décisions, autant au plan national qu'international est alors frappée d'anomie et c'est la voix de la France, qu'il représente au premier chef, qui est abaissée.
Or, les conséquences de cet état de fait sont incalculables...
Si la république ne parvient pas au plus vite à apaiser les esprits, si ce gouvernement ne trouve pas la formule pour remettre ce pays sur pieds et en marche, alors nous allons assister à l'une de ces régulations dont seule l'histoire a le secret. Et ça va autrement tanguer je le crains...