La vérité la mieux cachée en 2012, en France, est celle de l'architecture du système bancaire. C'est pourtant - au cœur des délires de la finance et des problèmes économiques - l'explication de bien des anomalies.
Dans notre pays, quatre grandes banques sont des coopératives financières et appartiennent à vingt millions de Français, vingt millions de sociétaires. Elles sont régies par la loi fondamentale du 10 septembre 1947, prévue comme base d'un Code de la Coopération.
Il s'agit du Crédit Agricole, du Crédit Mutuel, des Banques Populaires et (désormais, depuis peu) des Caisses d'Épargne. Ces coopératives ont de très nombreuses filiales, en particulier quelques banques « classiques » : le CIC, LCL, etc. Ainsi, dans sa quasi totalité, le système bancaire est actuellement entre les mains du peuple de France, des citoyens, des électeurs.
Suggérer, comme l'a fait de façon sympathique Eric Cantona, de retirer son argent des banques classiques pour le confier à des banques coopératives n'a donc aucun sens. Parler de « créer » des banques coopératives est surréaliste. Quant à « nationaliser des coopératives », ce serait une curieuse régression à connotation stalinienne.
La seule perspective saine (et indispensable) est de reprendre le contrôle des banques coopératives existantes. Elles sont majoritaires en France mais actuellement confisquées par quelques initiés, dirigeants auto-proclamés.
Il faut imposer le respect de la loi du 10 septembre 1947 et de son premier article 1* et imposer le retour à une authentique gestion démocratique. Il faut mettre en place un réel contrôle par les sociétaires dans la transparence. C'est nécessaire mais suffisant car les banques françaises appartiennent déjà au peuple de France.
En l'absence de contrôle, les initiés s'en donnent à cœur joie. Abus de biens sociaux, détournements, conflits d'intérêts, publicités mensongères, abandon de créances : c'est un festival.
Le dossier sent la poudre : aucun autre scandale financier n'a cette ampleur, n'est autant polymorphe ; aucun n'est à ce point ignoré.
L'ONU a fait de l'année 2012 l'année internationale des coopératives. Avec pour slogan « les coopératives, des entreprises pour un monde meilleur ». Il est temps de se réveiller et de profiter des élections législatives pour interroger les candidats : quid du contrôle des banques coopératives, du retour aux sources, de la rédaction du Code de la Coopération, tant attendu ?
C'est l'héritage mutualiste qui est en cause. Il y a des captations de coopératives comme il y a des captations d'héritage. C'est d'abord l'argent des sociétaires des caisses locales de Crédit Agricole Mutuel qui, en Grèce, part en fumée suite à des constructions abracadabrantesques. Les sociétaires ont été trompés, trahis, mais la richesse des coopératives n'est pas perdue pour tout le monde.
* Les coopératives sont des sociétés dont les objets essentiels sont :
De réduire, au bénéfice de leurs membres et par l’effort commun de ceux-ci, le prix de revient et, le cas échéant, le prix de vente de certains produits ou de certains services, en assurant les fonctions des entrepreneurs ou intermédiaires dont la rémunération grèverait ce prix de revient ;
D’améliorer la qualité marchande des produits fournis à leurs membres ou de ceux produits par ces derniers et livrés aux consommateurs,
(Loi n° 9M2-643 du 13 juillet 1992, art. 1er.) « Et plus généralement de contribuer à la satisfaction des besoins et à la promotion des activités sociales et économiques de leurs membres ainsi qu’à leur formation. »
Les coopératives exercent leur action dans toutes les branches de l’activité humaine.