Le colin de Virginie est une sorte de huppe. Affectueux de nature, fidèle et monogame, il bavarde dès sa naissance, vole des grains de blé, jacasse, remue, ne tient pas en place, marche les mains derrière le dos, crie à tue-tête et jure en mexicain. C'est ce qui le distingue nettement du colin mayonnaise (d'ailleurs plus lourd, plus taciturne, qui ne vole pas les grains de blé et ignore l'espagnol).
Si j'ai choisi de citer ces lignes admirables, dues au non moins admirable et considérable Alexandre Vialatte, c'est que la justesse de leur description devrait permettre d'éclaircir cette obscure clarté explicative qui, pour tout potage, nous est servie par la direction.
On lit ici et là que c'est "à la demande de certains abonnés" que le bouton "déconseiller ce commentaire" a été mis en place.
Or jamais - et pas plus en mexicain qu'en swahili - le colin de Virginie n'a posé une telle demande. Car la huppe, par nature, abomine la censure qu'elle trouve, par essence, abominable. Il convient donc de rendre au colin ce qui appartient à la mayonnaise.
Etant moi-même un oiseau mi-grateur, mi-sérieux j'ai, avec quelques autres, réclamé naguère la possibilté pour chaque abonné de gérer lui-même ses propres billets soit, pour dire clair, d'avoir les moyens techniques de replier les commentaires des coucous malapris qui, usant d'un sabir souvent malpropre mais bien propre à sabrer les échanges, viennent et reviennent y pondre leurs oeufs. Car, c'est un fait incontestable, il faut des oeufs pour faire une mayonnaise.
Laisser entendre que ce repliage se ferait sans avertissement préalable et sans arguments bien pesés et excluerait de fait toute forme d'anonymat témoigne donc d'un goût déraisonnable, voire excessif, pour la mayonnaise.
Voilà. Bon appétit à tous.