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Billet de blog 17 juillet 2010

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Quand les murs murmurent...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’inattendu, en général, ne prévient pas ; là est sa beauté.

Je déambulais donc, nez au vent, quand tout soudain rue Saint Benoît, je suis au pied d'un mur.

Duras me regarde, Duras me parle.

Faire d'un mot le bel amant d'une phrase, dit-elle.

Mirage ? Pas du tout. C’était un cadeau de Miss.Tic, une rencontre éphémère, un signe/signature, quelques lettres de noblesse de l’art populaire. C’est ainsi que j’ai retrouvé Miss.Tic…

Qui est donc cette énigmatique Miss ? Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, je résume – en vrac.

Née en 1956 d’un père tunisien et d’une mère normande, Miss.Tic est une artiste plasticienne qui crée des « pochoirs urbains » qu’elle pose ici et là sur les murs. D’aucuns ont souligné une forme de filiation avec Basquiat et, plus encore, Ernest Pignon-Ernest même si, selon d’autres, l’esthétique de Miss.Tic a plutôt fleuri sur le terreau situationniste de Raoul Vaneigem.

C’est un procès pour dégradation du bien d’autrui (juillet 1997-janvier 2000) qui, bien que payé au prix fort, vint asseoir son statut d’artiste. Au bas de deux immeubles parisiens, elle avait « bombé » deux pochoirs : J’ai dépensé tous mes rêves et je vis aux crochets des mots, ainsi que : Egérie et j’ai pleuré. Depuis, ayant acquis droit de cité sur les murs des cités, elle occupe une place de choix sur la scène de « l’art mural » international : le Victoria and Albert Museum de Londres a été l’un des premiers à acheter ses œuvres.

Voilà. Pour davantage d’informations on pourra, comme je l’ai fait, se reporter à l’excellent ouvrage de Christophe Genin, « Miss.Tic, femme de l’être », les Impressions Nouvelles éditeur. Et, côté images, les liens ne manquent pas sur le Net.

Pour ma part, ce serait plutôt le rapport à l’écriture qui, chez Miss.Tic, me séduirait.

On la dit féministe ( on la diffame ?), on la dit atypique, on l’a dit.

Ses aphorismes, ses épigraphes sont autant de palimpsestes qui, sous une apparente légèreté, révèlent un sens, puis un autre, puis un autre…

Elle préfère les mots cœur aux moqueurs.

Elle détourne les slogans nationalistes style « la France aux Français » et lance un très politiquement incorrect La France aux Maliens, la Bourgogne aux escargots. On retient son insolence, que je salue, on oublie sa subversion ironique, que je salue aussi : Pas d’idéaux, juste des idées hautes.

J’aime ses fulgurances : En avant doutes, ou encore ( d’après les Femmes de Tahiti de Gauguin, dans la série Muses et hommes) : Ile colonisée, elles se taisaient. Quant à sa vision du couple, son félins pour l’autre en dit long… Sans oublier Tes faims de moi sont difficiles.

J’aime le plaisir qu’elle prend à jouer avec les mots : Je suis la voyelle du mot voyou ; Nos peaux aiment d’amour; Un petit mot ment; Vivre avec des espoirs; Je suis zoophile : je passe du coq à l’âne; Les actes gratuits ont-ils un prix ?

J’aime qu’elle aime les paronomases - ça sonne presque pareil mais le sens est tout autre : Journal infime ; On ne radine pas avec l’amour ; à Lacan ses lacunes ou encore le très freudien œdipe ta mère !

Et les syllepses, ah ! les syllepses ! : Je prête à rire mais je donne à penser … quasiment un autoportrait. Ou une esthétique qui tire vers le haut.

Quant à l'autodérision, elle est toujours présente : Je ne croyais à rien mais je n’y crois plus , Revenue de tout, j’y suis retournée.

Rebelle, et bien belle, insoumise, élégante, elle avance sans cesse et nous propose une création en mouvement qui privilégie les failles du monde comme il va, qu’elle s’obstine à nous coller sous les yeux, là, sur les murs.

Sur l'une de ses créations, l'image montre un corps de femme. Le texte dit : Je joue oui

C’est sur ce bel aveu, cette vivifiante profession de foi, cet appel au réveil du désir que nous allons laisser Miss.Tic tracer son chemin, pour notre plus grand plaisir.

Ou alors, avec elle, on joue… oui ?

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