La situation ukrainienne montre une fois de plus la prise en otage de l'UE par l'OTAN et sa phagocytation par les USA. L'UE s'abrite derrière l'OTAN alors qu'elle devrait s'en émanciper et faire le ménage chez elle, si elle souhaite offrir à la Russie et à l'Ukraine une alternative sérieuse aux menaces US. La crise ukrainienne offre l'occasion de le faire. Il devient très clairement nécessaire de se distinguer des USA et de leur mauvaise influence.
L'OTAN est une organisation militaire sous commandement exclusivement américain depuis sa création. Cette organisation de destruction massive est donc clairement au service des intérêts exclusifs des USA.
Et où a-t-elle son siège ?
A Bruxelles, à 11 minutes de la Commission européenne où officie Monsieur Barroso, lequel commande à Microsoft et à Cisco l'équipement informatique et télécom des institutions dont Snowden montre qu'il sert à la NSA pour espionner.
C'est comme si le Pacte de Varsovie avait eu son siège à côté du Capitole US à Washington. Personne n'y trouve rien à redire. Etonnant.
Ce même M. Barroso a tout fait pour que les négociations de l'accord transatlantique avec les USA soient engagées alors même qu'elles sont antidémocratiques dans la forme et le fond.
Ce même M. Barroso s'est félicité de la libération de Ioulia Timochencko, une admiratrice de Thatcher responsable de la mise à genoux de l'Ukraine, qui appelle les US et la GB - le 51 état des USA ? - à la guerre.
Le sommet du confli d'intérêts est atteint quand on apprend que M. Barros envisage de devenir le prochain secrétaire général de l'OTAN, prendre son poste dans les bureaux où arrivaient les écoutes américaines des institutions européennes !
Les USA poursuivent Snowden pour beaucoup moins que ça.
Il serait peut-être bon de s'interroger sur la destitution de M. Barroso et le déménagement de l'OTAN, vu ce que Snowden a déjà révélé et ce que l'UE sait déjà de l'espionnage US. L'existence même de l'OTAN n'est pas conforme à la Charte des Nations-Unies. L'OTAN est une forme élaborée de colonialisme, une illustration de l'archaïsme de la pensée politique américaine et l'acceptation de la vassalité européenne.
Le comportement de M. Barroso ne fait donc que plaider en faveur du maintien du parlement européen à Strasbourg, pour le préserver de l'influence trop visible de l'OTAN sur la Commission. Il est clair que la liberté du Parlement n'est assurée que s'il siège à Strasbourg.
Le comportement étonnant de M. Barroso établit cette nécessité à maintenir une séparation géographique de l'exécutif et du législatif. Sans Strasbourg, l'ACTA aurait-il été rejeté ?
Plutôt que de déménager le Parlement tous les mois, ce devrait être aux fonctionnaires de la Commission à se déplacer, et respecter ainsi la légitimité démocratique des élus européens en affirmant ainsi et logiquement leur primauté sur le personnel administratif. De plus, le progrès des NTIC ne justifie pas un nombre considérable de déplacement. Les échanges de dossier se pratiquent tous les jours dans les procédures civiles devant les Tribunaux depuis des dizaines d'années sans que l'efficacité du procédé n'ait été contesté.
Le discours visant à installer le parlement à Bruxelles induit donc un risque de soumission du législatif que rien ne justifie. Rien ne s'oppose, sinon les lobbys financiers qui devront ouvrir d'autres bureaux dans la capitale alsacienne, à ce que le parlement siège en continu à Strasbourg, échappant à l'influence de l'OTAN devenue beaucoup trop visible pour être encore ignorée.
Une OTAN qui est trop sollicitée comme voie de recours au mépris de la voie politique et diplomatique. C'est suspect. C'est d'autant plus suspect que la situation ukrainienne n'a rien de nouveau. Elle ressemble à la crise géorgienne.
Combien de fois va-t-on nous resservir un tel scénario qui conclut des opérations foireuses de déstabilisation US, où BHL fait le SAV idéologique ?
Les appels de va-t-en guerre s'élèvent pour appeler l'OTAN au secours afin de repousser par la force une invasion russe ne sont que la conséquence et s'inscrive dans le plan d'action des USA contre Moscou.
Poutine n'est pas un exemple de démocrate. Bien au contraire. La violence de son régime n'est pas propice à le rendre sympathique. L'ultimatum russe est un acte de guerre. Le gouvernment séparatiste fantoche de Crimée élu sous la menace militaire n'a rassemblé que 3% des voix aux dernières élections. Cela n'empêche pas d'apprécier les mérites comparés des USA et de la Russie.
Il faudrait arrêter d'accepter ou de cautionner l'imposture US dont le régime n'est pas non plus un franc succès démocratique, quand on sait que plus d'un pour cent de la population américaine est derrière les barreaux. Un échec social à la mesure de l'échec économique d'un pays qui vit à crédit en spéculant sur la misère du monde grâce à sa planche à billets. Certains appellent cela de l'économie.
Si on devait faire un bilan, on s'apercevrait que les USA n'ont rien fait de positif en 25 ans, depuis la chute du Mur, pour assurer une paix durable et équitable sur la planète, alors qu'ils avaient un monopole politique et économique. Le résultat navrant de l'observation de ces 25 dernières années montre qu'ils n'ont fait que semer la guerre (Irak, Afghanistan, ), commettre des crimes internationaux, spéculer, provoquer des crises financière ou alimentaire, spolier et favoriser la spoliation des ressources naturelles au mépris de l'environnement et de la dignité humaine.
Un tel bilan devrait conduire à la circonspection, d'autant qu'il existe un doute très sérieux sur la bonne foi de ce pays.
Les USA ont manoeuvré pour faire échec au statut de Rome, à la Cour pénale internationale et la poursuite des criminels internationaux.
Les USA ont développé la violation industrielle des échanges des usagers des télécommunications numériques. C'est une atteinte aux droits de l'Homme qui témoigne du même mépris que celui d'Abou Graïb, Guantanamo, des assassinats ciblés, des prisons clandestines, ...
Voilà le nouvel ordre mondial américain : terreur et désolation.
Les fascistes ukrainiens sont des enfants de choeur comparés à la politique US et ses ravages, et les Russes ne sont pas en mesure d'aligner un bilan aussi funeste.
L'Union européenne s'est compromise avec ce partenaire qui ne partage aucune de ses valeurs, telles qu'elles sont consacrées dans son droit primaire.
L'Union européenne doit donc impérativement affirmer son indépendance, à la veille des élections, en s'émancipant de cette tutelle américaine douteuse et suspecte.
L'Union européenne peut le faire en déclarant officiellement traiter dorénavant pareillement et sur un pied d'égalité avec Moscou comme avec Washington et se montrer aussi exigeante et intransigeante à l'égard des deux.
L'Union européenne a perdu sa crédibilité politique sur la scène mondiale à se compromettre aussi visiblement à servir les intérêts économiques et politiques des USA.
C'est un enseignement de la crise ukrainienne.
Il existe un axe naturel géographique et historique entre Bruxelles et Moscou plus évident que celui que tente de nous imposer par le chantage s'il le faut, comme il l'a déjà fait, Washington.
C'est l'opportunité qu'offre à l'UE la crise ukrainienne.
Rétablir l'équilibre de ses relations politiques et traiter Washington et Moscou sur un pied d'égalité redonnera de la crédibilité à l'UE.
Une telle affirmation politique sur le plan international passe aussi par la nécessité de faire un peu de nettoyage à l'intérieur aussi.
Cela passe par un rappel à M. Barroso de se limiter à la gestion des affaires administratives de l'UE, le dernier ayant la parole devant être le Parlement, et non un commissaire. Aux eurodéputés à s'emparer de la crise pour affirmer leur légitimité démocratique sur le personnel de bureau.
M. Barroso n'est qu'un exécutant. Sa loyauté pose question. Il doit se soumettre ou se démettre.
Les gouvernements européens ne peuvent pas non plus continuer à cacher indéfiniment leur lâcheté derrière la commission européenne.
Maïdan est un appel à un sursaut démocratique - un pacte de responsabilité ? - qui s'adresse peut-être davantage aux politiques de l'UE qu'à ceux de l'Ukraine.
La crise ukrainienne qui se déroule une fois de plus en Europe (après la guerre de Bosnie, le Kosovo, la Géorgie) appelle à une affirmation politique de l'Europe qui passe par le renvoi des technocrates à leurs études et leur remise en place. Kiev lance un défi politique aux Européens et Moscou attend qu'ils réagissent enfin comme une entité politique mondiale responsable et non pas comme le bas de laine de la croissance US.