Le dernire article de Rachida El Azzouzi montre les limites de l'exercice formaliste du pouvoir par le duo exécutif, dont il s'agit de savoir qui dirige l'autre. Rachida El Azzouzi relève l'épuisement de la stratégie de communication - de marketing politique - mise en place par le pacte de Tolbiac. Le centenaire de l'assassinat de Jaurès souligne le contraste manifeste du pouvoir actuel avec les valeurs socialistes, dont les reniements s'accumulent et s'imposent par la force, la contrainte et la menace et non l'intelligence des idées.
Les menaces de Manuel Valls de faire donner la troupe dans le conflit dans de la SNCM témoigne de l'absence d'épaisseur et de réflexion politiques de Matignon.
Le volte-face de Manuel Valls sur la pénibilité dans les accords sociaux crée également un très sérieux doute sur la sincérité de la méthode Hollande et le respect de l'équilibre des parties dans les négociations sociales.
Ces deux dernières actualités sociales signalent clairement le parti pris de Manuel Valls et de François Hollande pour le Médef et la régression de l'action politique à plus d'un siècle en arrrière, quand Clémenceau, le "briseur de grève", envoyait la troupe contre les travailleurs ; alors que Jean Jaurès, lui, redressait l'activité industrielle, quant les patrons ferment les usines pour santionner les ouvriers.
Robert Badinter, dans le documentaire d'ARTE sur Jaurès, rapporte un propos de Jules Guesdes : " Je vous aimerai toujours Jaurès, parce que chez vous, l'acte suit immédiatement la pensée ", et Dominique Jeanneney de compléter en citant Proudhon : " Dans le domaines judiciaire, on juge les actes par les intentions et dans le domaine politique on juge les intentions pas les actes. ". Tout à l'opposé de Manuel Valls ou de Bygmalion dont on ne relève pas la proximité des artifices.
La communication politique est un baratin sans substance qui creuse le fossé entre le politique et l'électorat, bien plus qu'elle ne saurait le combler ou en donner l'illusion, une illusion très furtive. L'action du pouvoir repose sur l'abstraction du discours opportuniste et l'éphémère de l'effet d'annonce. Si l'UMP réfléchit à poursuivre l'escroquerie au jugementcontre Nicolas Sarkozy (" Amende de Sarkozy réglée par l'UMP : la justice ouvre une enquête " 07 juillet 2014 | Par Mathilde Mathieu et Ellen Salvi), le PS devrait réfléchir à poursuivre l'escroquerie intellectuelle qu'il y a à revendiquer la pensée de Jaurès tout en la violant.
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Pour aller plus loin :
La conférence sociale de trop Par Rachida El Azzouzi
La troisième édition de la « grande conférence sociale » n'est pas un succès, comme l'affirme le gouvernement, mais un fiasco qui montre l'essouflement de la méthode Hollande en matière de dialogue social et le champ de ruines qu'est le théâtre des négociations sociales.
La célébration de Jean Jaurès occulte la pensée et les combats du fondateur de "L'Humanité", assassiné il y a cent ans, le 31 juillet 1914. Ce documentaire de Bernard George et Jean-Noël Jeanneney est visible sur le site ARTE pendant une semaine.
http://www.arte.tv/guide/fr/048631-000/jaures-est-vivant?autoplay=1
L'art de tuer Jaurès - Le Monde diplomatique par Benoît Bréville et Jérôme Pellissier, juillet 2014
Jean Jaurès n’a pas attendu le centième anniversaire de son assassinat pour être victime de récupérations. Pendant la campagne présidentielle de 2007, M. Nicolas Sarkozy en avait fait une référence récurrente, allant jusqu’à prononcer son nom trente-deux fois dans un même discours : « Il récusait la lutte des classes », affirmait-il alors. Deux ans plus tard, c’est l’extrême droite qui, sur une affiche électorale, attribuait au penseur socialiste une citation frauduleuse — « A celui qui n’a plus rien, la patrie est son seul bien » —, pour en conclure que « Jaurès aurait voté Front national ». L’audace de certains dirigeants politiques étant sans limites, le Parti socialiste (PS) profite actuellement des commémorations de 1914 pour comparer l’adversaire de la guerre à... M. François Hollande.
« Les choix du président sont dans la continuité de ceux de Jaurès », avance M. Henri Nallet, président de la Fondation Jean-Jaurès, dans une vidéo diffusée sur le site de l’Elysée. Cette fondation, présidée par un ancien ministre socialiste devenu cadre pour les laboratoires Servier et dirigée par le communicant Gilles Finchelstein (Havas Worldwide), est officiellement chargée d’orchestrer les célébrations du centenaire. Elle est la seule habilitée à décerner le label « 2014, année Jaurès » à toutes sortes d’initiatives, en particulier celles qu’elle a impulsées : des expositions, des conférences, des pièces de théâtre, un flambeau itinérant qui parcourt les villes du Tarn, un « cabaret brechtien »... Notoirement proche du PS, elle participe à l’entreprise lancée par M.Hollande et son entourage, qui peuvent également compter sur le soutien de multinationales. Le spectacle « socialiste » de l’année, piloté par l’ancien ministre Paul Quilès et intitulé « Une voix pour la paix », est ainsi sponsorisé par Veolia, LVMH, Eiffage, Vinci ou encore Orange.
A première vue, la continuité entre le fondateur de L’Humanité et l’actuel président de la République n’a rien d’évident.
Odile Roynette-Gland : L’armée dans la bataille sociale: maintien de l’ordre et grèves ouvrières dans le Nord de la France (1871-1906)
Texte intégral sur le site de la bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5731856z/f35.image