
Les articles de Fabrice Arfi et Karl Laske sur le financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy par Kadhafi amènent à s'interroger sur la qualification de l'instruction en cours. Le dernier article relate la confirmation de ce financement par un haut fonctionnaire du Quai d'Orsay :
Un ambassadeur évoque les financements libyens de Sarkozy Par Fabrice Arfi et Karl Laske
L’ex-ambassadeur de France en Libye François Gouyette, aujourd’hui en poste à Tunis, a été entendu fin janvier par les juges. Le diplomate a déclaré qu’un de ses contacts libyens lui avait confirmé, en 2011, « qu’il y avait eu effectivement un financement de la campagne présidentielle de M. Sarkozy ».
Il est totalement anormal qu'un président de la République se fasse acheter par un chef d'Etat étranger. Ce comportement est puni par la loi et il paraît nécessaire que cela soit sérieusement sanctionné. Des poilus se sont fait fussiller pour beaucoup moins que ça.
Les faits que les juges instruisent, selon ces informations, pourraîent être requalifiés d'intelligence avec une puissance étrangère :
" Le fait d'entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, lorsqu'il est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, est puni de dix ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende. "
Cette infraction est consommée indépendamment d'une contrepartie. C'est une infraction formelle. Il n'y a pas lieu d'établir l'élément intentionnel. Il suffit que les relations soient susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Un candidat aux élections présidentielles qui se fait financer par une puissance étrangère est susceptible de porter atteinte à ces intérêts fondamentaux.
Nicolas Sarkozy n'est peut-être pas la seule personnalité politique à se trouver dans une telle situation ; alors qu'on s'apprête de commémorer le centenaire d'une guerre de capitalistes qui a valu à des millions de pauvres types de se faire trouer la peau pour que des élus aillent traficoter dans des comptes en banque obscurs avec de l'argent douteux à destination de pays peu scrupuleux.

La cohérence d'une telle commémoration commande à ce qui les organisent soient à la hauteur du souvenir des victimes du carnage qu'ils s'apprêtent d'instrumentaliser pour se pavaner sur le devant de la scène et faire de la communucation. On ne fusille plus. Tant mieux. Il serait bon toutefois que la justice réhabilite la République et la replace dans sa cohérence, l'exemple devant venir du sommet.
L'intelligence avec une puissance étrangère est une infraction criminelle. Cela s'appelle aussi de la haute trahison. Le plan du code pénal est explicite : LIVRE IV : Des crimes et délits contre la nation, l'Etat et la paix publique - TITRE Ier : Des atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation - CHAPITRE Ier : De la trahison et de l'espionnage - Section 2 : Des intelligences avec une puissance étrangère
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Mise à jour :
De Bettencourt à la Libye Ecoutes : le complot de Sarkozy contre ces «bâtards» de juges Par Fabrice Arfi et Karl Laske

Nicolas Sarkozy et son avocat, Thierre Herzog. © Reuters
Mediapart révèle la teneur de sept écoutes judiciaires effectuées sur la ligne téléphonique ouverte sous une fausse identité par Nicolas Sarkozy. L’ancien président a mis en place un cabinet noir pour neutraliser les juges qui enquêtent sur lui. Selon les écoutes, le magistrat Gilbert Azibert est bien intervenu auprès de trois conseillers de la Cour de cassation chargés d’examiner la validité des actes d’instruction dans l’affaire Bettencourt. L’avocat de Nicolas Sarkozy est par ailleurs informé par une taupe dans l’appareil d’État sur l’affaire libyenne.