Nicolas Dutent rapporte l'argumentation du sénateur Guy Fischer sur la proposition de loi sur l'euthanasie.
L'euthanasie pose de nombreux problèmes au-delà de la seule question de la " dignité ".
Je me place sur le plan juridique, social et l'éthique du médecin.
La dignité est la matrice des droits de l'homme.
L'homme a une dignité. C'est la vie qui la lui confère. Mort, il n'a plus qu'un droit au respect à sa sépulture.
La dignité est inviolable (Art. 1 de la Chate des droits fondamentaux)
Le droit fondamental des droits de l'homme est le droit à la vie ( art. 2 de la CEDF, art. 2 de CEDH, art. 3 de la DUDH ).
Comment dès lors ne pas mépriser la dignité en prévoyant les conditions de la mort d'un humain dans laquelle elle s'incarne et trouve son origine ?
Associer la dignité à l'euthanasie est donc un oxymore.
La dérive législative fonctionnaliste n'est pas de nature à rassurer sur l'avenir.
Quelle garantie offre-t-elle aux personnes de ne pas les euthanasier " par accident " (euphémisme) ? Cette question doit être posée quand la France vote des lois sur l'internement d'office en hopital psychiatrique en dehors de tout contrôle sérieux.
Quelle cohérence y a-t-il à abolir la peine de mort et la transférer des prisons aux hopitaux à la charge de médecins dont le métier est de sauver des vies, non de la retirer ?
Une ambivalence aussi funeste ne peut qu'affecter la confiance du patient à l'égard du thérapeute, promu nouvel " exécuteur " testamentaire. La confiance du malade en son médecin est essentielle à la réussite des traitements.
Comment prévenir le suicide des jeunes - important en France - quand les "vieux" leur donnent l'exemple de la fuite et les confirment dans le sentiment que la vie ne vaut pas le coup d'être vécue ; qu'il vaut mieux en finir plutôt que de faire face à la souffrance ?
A-t-on pris en compte l'avis du professeur Lucien Israël, cancérologue, sur l'ethanasie ? Il ne semble pas. Lucien Israël souligne que l'euthansaie est surtout une demande de bien portant, pas de malades : " Les dangers de l'euthanasie " (Editions des Syrtes)
La logique qui sous-tend à la promotion de l'euthanasie ne peut que désespérer les salariés victimes de souffrances au travail, les fragiliser encore plus, les convaincre d'en finir et satisifaire ainsi les objectifs des dirigeants appliquant un management par le stress, par le vide, comme l'euthanasie.
L'inconvénient du débat sur l'euthanasie est de consacrer le processus matérialiste de réification de l'être humain, de la vie.
C'est finir de convaincre par la loi que l'humain n'est qu'un ustensile, une chose, en oubliant que les choses n'ont pas de dignité.
Il paraît dès lors paradoxal de prétexter la dignité dans un projet qui en est sa négation, dans une société où le recul des libertés individuelles fait naître un risque très sérieux d'abus.