POJ (avatar)

POJ

auxiliaire de justesse

Abonné·e de Mediapart

1010 Billets

8 Éditions

Billet de blog 23 avril 2013

POJ (avatar)

POJ

auxiliaire de justesse

Abonné·e de Mediapart

La morale laïque doit commencer au sommet de l'Etat

POJ (avatar)

POJ

auxiliaire de justesse

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La morale laïque passe certainement par une réflexion et un enseignement, mais ce n'est pas là l'essentiel.

L'essentiel réside surtout par l'exemplarité de l'Etat dans son rôle protecteur des faibles et le lien de confiance qu'il tisse ainsi entre l'opinion et les institutions.

En effet, des institutions qui cognent sur les faibles et ménagent les forts ne sont pas de nature à rendre les personnes réceptives à une morale laïque. Bien au contraire.

L'affaiblissement de la loi et le désengagement de l'Etat au profit de la "négociation" fait qu'il donne l'impression ne n'être plus. Il se délégitime et se dissout au fur et à mesure de ses renoncements et ses contradictions.

Il se refuse ainsi de ratifier des instruments efficaces pour la lutte contre la discrimination tout en prétendant vouloir la combattre. Une telle mauvaise foi fait qu'un tel Etat perd sa respectabilité, la confiance des citoyens.

Une simple observation de la société donne la mesure de sa régression.

L'adoption de l'ANI est le dernier exemple de l'affirmation de la loi du plus fort, qui, par essence, exclut toute morale ; à moins de considérer qu'elle puisse naître du rapport de force. La brute est alors morale. Rien ne la distingue du citoyen. C'est la cause peut-être de ce sentiment diffus que l'on peut éprouver, en les entendant, d'être gouverné par des brutes diplômées.

Il devient alors très audacieux d'espérer promouvoir une morale laïque sur les ruines du code du travail, de la sécurité sociale, des services publics, de l'action sociale, de l'accès au logement, du droit à un procès équitable, de l'hôpital public, du droit à la santé, de l'éducation nationale, de l'université, du droit à l'instruction, de la recherche, du progrès ...

Le discours sur la morale laïque se réduit dans ces conditions à un cautère sur une jambe de bois, à moins qu'on espère endormir l'opinion avec une piqure de morphine.

Il ne semble pas que ce soit le peuple qui manque le plus de morale mais plutôt l'Etat et la haute fonction publique, qui gèrent les souffrances et la misère par le mépris et l'indifférence, allant jusqu'à mentir à l'opinion.

Dans ces conditions, la morale laïque risque d'apparaître comme un nouvel instrument de soumission du peuple au profit d'un Etat qui s'exonère de toute responsabilité. C'est mettre la charrue avant les boeufs. C'est l'hôpital qui se moque de la charité.

Que le gouvernement veille efficacement à ce que les préfets et les procureurs respectent et fassent respecter la loi. Et que le législateur maintienne un Etat de droit protecteur, au seul service du bien être général. Voilà la voie la plus simple pour une (re)moralisation de la vie publique et une réconciliation du pays "légal" - si tant est qu'on en trouve encore un au sens littéral - avec le pays réel.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.