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Billet de blog 14 mars 2010

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Rumeur

Je ne suis pas pour la transparence. Aux Pays-bas, j’étais étonné de voir la nuit, aucun rideau aux fenêtres et mon regard plonger dans l’intimité de chaque appartement. Je ne suis pas pour la transparence, mais quand le Président de la France utilise sa vie privée comme un atout dans sa propre communication, n’importe quel changement à propos de sa vie privée finit par devenir un événement politique. Depuis quelques semaines, des rumeurs égaillent mes dîners parisiens.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je ne suis pas pour la transparence. Aux Pays-bas, j’étais étonné de voir la nuit, aucun rideau aux fenêtres et mon regard plonger dans l’intimité de chaque appartement. Je ne suis pas pour la transparence, mais quand le Président de la France utilise sa vie privée comme un atout dans sa propre communication, n’importe quel changement à propos de sa vie privée finit par devenir un événement politique. Depuis quelques semaines, des rumeurs égaillent mes dîners parisiens. Un nom circule sur le Net, à propos de l’infidélité dans le couple présidentiel, alors que la rumeur qui coure est plus prolixe. Twitterserait la source de départ de cette rumeur. C’est un fait politique d’analyser le rôle de la toile dans cette affaire. Mais il est amusant de constater que tout y est encore très soft, par rapport à ce qui se dit verbalement.

http://www.jadorelespotins.com/2010/03/11/video-carla-bruni-parle-des-infidelites-de-nicolas-sarkozy/

http://www.spheremetisse.com/people/gossip/carla-bruni-sarkozy-dement-les-rumeurs-d-infidelite.html

http://hollywoodpq.com/2010/03/11/rumeur-il-y-aurait-de-linfidelite-entre-carla-bruni-et-nicolas-sarkozy

http://www.webchercheurs.com/51/2034-fr-rumeur-carla-bruni-et-benjamin-biolay-twitter.htm

http://www.pipole.net/carla-bruni-nicolas-sarkozy-rumeurs/60905/

En quoi cette histoire nous regarde ? Elle nous regarde parce qu’elle se construit assez loin de la réalité des faits, elle se fabrique et pèse, quoi qu’on en dise, dans l’appréciation de nos concitoyens à propos de la chute de la maison Sarkozy.

Christian Salmon décrit depuis bien longtemps et de manière excellente le storytelling, cette machine à formater les esprits. Il définit, presque comme pour une recette de cuisine, les moyens pour une histoire (storyline), d’être efficace. Chacun sait qu’une histoire, possède son cadrage idéologique (framing), qu’il faut en même temps la maîtrise de la tension narrative (timing) et enfin un réseau (networking) capable de diffuser dans le monde le récit.

Au moment où Nicolas Sarkozy doit perdre les élections, une rumeur sur ces déboires conjugaux fait sens.

Est-ce que c’est parce que nous savons, grâce à des travaux comme celui de Christian Salmon, que la machine de communication de la Présidence Française est en panne ?

Pourquoi Nicolas Sarkozy qui excellait à enchaîner les séquences, et à imposer son agenda aux médias et à toute la classe politique, n’arrive plus à imposer ses histoires ? Ses conseillers sont-ils devenus si mauvais depuis peu ? Quelle est la raison de cette catastrophe de communication ? Depuis quand a-t-elle commencée ?

Souvenons-nous de la réunion avec les Français, sur TF1, où le Président s’est assis sur un petit fauteuil moderne blanc, quand les invités étaient assis sur des chaises noires et le présentateur restait debout. L’esthétique de l’émission de TF1 ressemblait plus à une réunion des alcooliques anonymes plutôt qu’à un programme de télévision. Lors de ce rendez-vous avec les Français, l’échec du dispositif était patent. La parole compassionnelle – préfabriquée - du Président ne fonctionnait en rien. L’émission si vous la regardez une nouvelle fois, montre au ralenti (l’émission est si longue) un accident du travail : un Président qui n’accroche plus personne avec son boniment, qui n’apporte aucune réponse concrète à la demande concrète des intervenants. C’est un grand écart permanent et douloureux entre les statistiques, les mesurettes, et la détresse des gens. Bref plus personne ne croit aux histoires que nous raconte notre Président et bientôt plus personne ne tendra même l’oreille. Nos problèmes sont trop graves, nous avons à assumer nos trois métiers, qui permettent de faire bouillir la marmite.

Il semble que depuis cette émission, Notre Grand Président se fait tout petit, il redoute la faute. Il recule devant l’obstacle, bref, il n’y croit plus lui-même. Il se rend quelques heures à Haïti, sans Carla qui aurait pu faire un si beau numéro humanitaire, Il se rend à la Martinique, mais sa secrétaire d’État à l’Outremer a occupé la Une des journaux en disant des bêtises la veille. Il se rend au Rwanda, sans faire une belle déclaration qui lui aurait permis de se polir son auréole de héros international. Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il renoncé à inaugurer le salon de l’Agriculture ? Il s’agit là d’une faute politique, et je n’ai pas lu d’explication du côté de nos chroniqueurs ? Il s’y rend à contretemps et son message est brouillé. Aujourd’hui c’est son absence qui a fait récit. Notre grand Président accumule-t-il les erreurs de communications? Une erreur de communication, c’est, pour un Président de la République, un véritable accident du travail.

Chacun sait que pour ce genre d’incident plus ou moins grave il y a toujours des causes multiples. Une multitude de vecteurs entre en ligne de compte avant qu’un ouvrier shunte les sécurités et mette la main sous la machine qui va la lui broyer.

Un des facteurs majeurs dans les accidents du travail, c’est le mental. Et notre Grand Président en renonçant à l’inauguration du Salon de l’Agriculture nous raconte qu’il n’y croit plus. Il ne sait plus quel profil présenté. Après la séquence familiale recomposée de l’entrée à l’Élysée avec Louis et les autres. Après le catalogue bling-bling. Après le coup de foudre avec Carla. Après l'affaire du Prince Jean. Après les diverses promesses dont les échos ne résonnent même plus dans les usines désaffectées. Après les diverses annonces de changements. Après les réunions TupperwareSuperman a pu expliquer au monde ébahi comment sauver la planète de la crise. Après toutes les histoires que j’oublie. Il ne reste rien comme l’a si bien écrit un journaliste qui devrait raconter aujourd’hui la séquence privée, qui fait bruisser tout Paris, mais que par archaïsme et lâcheté, personne ne veut raconter. Mais ce rien comme dit Plenel dans son article, ce rien pèse énormément. Ce rien a servi de diversion pour mener l’entreprise de régression que Nicolas Sarkozy impose au pays.

Christian Salmon termine son dernier livre Kate Moss Machine par ses mots : À l’issue de ce voyage dans la sous-culture de masse éclairé par la figure prismatique de Kate Moss, l’alternative qui vient à l’esprit est la suivante : la société fashionable a-t-elle d’ores et déjà triomphé et sommes-nous condamnés à l’état de mannequins ? Ou, à l’inverse, la crise de 2007-2008 n’a-t-elle pas ébranlé le modèle néolibéral au point de mettre en crise le système « cosmético-industriel » dont nous avons retracé à grands traits la genèse et la consolidation ? Auquel cas, Kate Moss n’aurait été que l’icône et le symptôme d’un système néolibéral désormais dépassé. Bref, son magistère sur les esprits toucherait à sa fin. Rien n’est moins sûr. Si la révolution conservatrice et ses politiques néolibérales ont su habilement jouer des transformations sociotechniques liées aux neurosciences, aux biotechnologies et à la révolution numérique, ces transformations n’en restent pas moins inexorables, bouleversant les conditions et les formes de subjectivation. On ne saurait donc attendre de la crise du néolibéralisme une disparition spontanée des modèles d’identification et des mythes qu’il a engendrés. La révolution technologique qui encadre et formate la culture de masse est sans doute la plus puissante qu’ait connue l’humanité par l’universalité de ses techniques de pénétration des consciences.

Comme pour la question climatique, nous sommes tous dans le même bateau , Christian Salmon nous apprend que nous sommes tous des mannequins Anglais. Un mannequin pour une campagne publicitaire , cela se vire en une seconde, dans une campagne politique on en prend pour 5 ans minimum… Notre Grand Président a prédit que tout était possible. Malgré toutes les techniques nouvelles, la puissance de ces techniques semble en ce moment être mieux contrôlée par d’autres. Je préférerais que Notre Grand Président se précipite au Salon de l’Agriculture pour caresser le cul des vaches, plutôt que de chercher – pour se refaire - de nouvelles histoires plus brillantes à nous raconter. Je préférerais que la Presse – Médiapart inclus - ne cache pas certaines infos, qui à ce niveau n’ont plus rien à voir avec la vie privée, mais évidemment sont une affaire d’État. Que je colporte la rumeur, ce serait absurde. Un petit cinéaste inconnu raconterait sur un blog, l’info ? Si les journalistes ne sortent pas l’histoire, c’est assez mauvais pour la Démocratie. Tous seront accusés d’être complice. Mais si rien n’est raconté même pas par le Canard Enchaîné , c’est que je suis probablement mal informé ? Non ? En tout cas Internet focntionne si le quatrième pouvoir s'affaiblit.

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