La Commission européenne a pris la décision de ne plus soutenir financièrement AthenaWeb.org - Your Science Video Channel http://www.athenaweb.org/. Le site disparaîtra de la toile le 31 juillet prochain, car sans fonds institutionnels Lab To Media ne peut maintenir les services et la diffusion des films, http://www.labtomedia.eu/fr/.
Ce site était destiné à la promotion de la science et regroupait entre autres presqu’un millier de films. AthenaWeb annonçait les événements et permettait aux professionnels des médias concernés par les Sciences d’échanger. En tout cas pour moi c’est à cela que cela servait. J'y allais pour voir, par exemple, ce qui existait sur les sujets qui m’intéressaient, nouer des contacts.
J’ai travaillé avec Kathleen Van Damme – qui avait créé ce site – tout au long de mon expérience de production du Magazine scientifique et technique d’ARTE, Archimède(s). La disparition de ce site, prouve que ce qui disparaît de la télévision, peut aussi, être effacé de la toile. La disparition de ce site démontre toute la distance qu’il y a entre les proclamations de propagande et la réalité des faits.
Vous pourrez encore ce week-end voir un film que j’ai réalisé pour la Communauté Européenne – et oui il faut manger et essayer de payer les pensions alimentaires – sur les nanotechnologies et qui explique clairement ce que c’est. http://www.athenaweb.org/nano-the-next-dimension-1000038/view. Si je tiens à écrire ce mot, ce n’est pas pour faire ma promotion personnel, mais pour rendre hommage à Kathleen qui fait un travail formidable, et qui m'a permis de trouver l’argent complémentaire indispensable à la survie du Magazine d’ARTE, et avec qui je ris, encore souvent, malgré tous les déboires de cette vie Européenne si décevante.
La nécessité de promouvoir les activités scientifiques n’est plus à démontrer. La science n'est pas une affaire d'opinion, c'est une approche réaliste au monde qui essaye de se donner des garanties pour valider sa démarche. Au vu de la complexité des problèmes, il est impossible de se faire idée juste à titre individuel. Nul ne peut être expert en tous les domaines. J’ai toujours été frappé de l’intérêt des scientifiques pour Archimédes(s) qui n’était destiné qu’au grand public (mauvais terme), mais à chaque fois que je leur posais la question, j’obtenais la même réponse : ils travaillaient sur un petit bout de connaissance, pas plus, et redevenaient des téléspectateurs normaux pour tout ce qui sortait de leur champ de compétence.
Dans un monde globalisé la recherche scientifique sous toute ses formes – la recherche fondamentale en priorité - est nécessaire pour relever les défis de l’avenir. Les applications des recherches scientifiques changent la vie quotidienne de chacun -sans que nous en soyons toujours conscient- les découvertes techniques et scientifiques apportent même la création de nouveaux métiers et de nouveaux emplois. Faut-il encore que les gouvernements et la communauté européenne s’occupent d’autres choses que de prêter la main aux banquiers et aux assureurs.
La baisse d'intérêt pour les enseignements et les carrières scientifiques qui touche actuellement les pays européens, doit être expliquer d’abord par l’imbécillité du système de rémunération et des choix de société qui fait que celui qui pratique l’activité la plus nuisible à la nation – le trader – reçoit la plus grande rémunération.
Le déclin de l’attrait pour les métiers scientifiques représente un danger pour la vie scientifique et économique de nos Pays. L'Europe n'arrive pas à combler l'écart avec les Etats-Unis et le Japon, ses principaux concurrents, sans oublier la Chine. Les jeunes scientifiques fuient l’Europe pour trouver des conditions de travail, de carrière et de vie bien meilleur aux U.S.A. (75 % des titulaires européens de doctorats américains). Nos chercheurs les plus reconnus sont amplement courtisés par les Université Chinoise. En septembre 2009, un groupe européen d’experts en prospective mis en place par la Direction générale de la recherche (DG Recherche) de L’Europe, indiquait que d’ici 2025, les centres de richesse, d’activité et de croissance pourraient se déplacer vers l’Asie. Les Etats-Unis et l’Europe pourraient perdre leur avance scientifique et technologique au profit de ce continent. La recherche scientifique est vitale pour l’activité économique mondiale.
De la même manière, l’enseignement, l‘éducation, l’information scientifique est toujours plus nécessaire pour le public européen. Aujourd’hui la Science fait la une des journaux et pas seulement pour l'annonce de découvertes. Depuis la catastrophe de Fukushima, par exemple, les inquiétudes, les interrogations, les débats, les questions d'éthique, les choix de sociétés, nous agitent. Toutes ces questions apparaissent comme de plus en plus confus et complexes.
Les questions scientifiques se doivent d'être expliquées, et comprises. L’appétit des connaissances et la curiosité sont d’autant plus grandes que notre présent et notre avenir semble se jouer dans les laboratoires scientifiques.
AthenaWeb apportait sa petite pierre à ce combat indispensable pour la compréhension de notre monde. Souhaitons que d’autres initiatives, plus nombreuses, plus riches, plus ambitieuses voient le jour pour répondre au défi de la transformation de notre terre. Souhaitons que nous arrivions à changer l’Europe pour que la direction libérale –absurde qui nous conduit dans le mur – des affaires cesse.
"HAMM. -J'ai connu un fou qui croyait que la fin du monde était arrivée. Il faisait de la peinture. Je l'aimais bien. J'allais le voir, à l'asile. Je le prenais par la main et le traînais devant la fenêtre. Mais regarde ! Là ! Tout ce blé qui lève ! Et là ! Regarde ! Les voiles des sardiniers ! Toute cette beauté ! (Un temps.) Il m'arrachait sa main et retournait dans son coin. Epouvanté. Il n'avait vu que des cendres. (Un temps.) Lui seul avait été épargné. (Un temps.) Oublié (Un temps.) Il paraît que le cas n'est... n'était pas si... si rare."
Fin de Partie de Samuel Beckett - page : 60 - éditeur : Minuit - date d'édition : 2009 -