Je trouve le lien ce matin avec la check-list du Monde. À ma connaissance c'est le troisième détournement, récent, visible ces derniers mois.Il doit y en avoir probablement d'autres. Le premier détournement était une simple manipulation de sous-titre: un honorable chinois semblait nous dire simplement qu'il nous faudrait travailler plus, et arrêter de geindre. Vu notre méconnaissance de la langue et du personnel politique Chinois, cette contrefaçon fonctionnait à merveille. Si bien que la personne qui m'a envoyé le lien, me l'a envoyé comme un argument politique, pour me montrer que les chinois étaient bien plus libéraux que nous, pour me démontrer que le marché seul était notre avenir radieux. Les faussaires ont réussi parfaitement le coup... Le détournement que les situationnistes utilisaient avant Mai 68 trouve sur Internet un merveilleux terrain de prolifération.
Le second détournement était plus drôle, puisque réalisé par un journaliste de France 2 dans le cadre d'une de ces chroniques hebdomadaires. Celui d'ailleurs avouait sa supercherie, la fausse traduction sous-titrée, avant même de diffuser la séquence. Le journaliste n'avait pas prévu que la séquence puisse être diffusé sur Dailymotion sans préambule. Ce qui fait qu'immédiatement le gag journalistique se transforma en information: un député Suisse Allemand, pleurait de rire en parlant de la réforme des retraites en France. La blague devenait une vérité.
Et voici donc la troisième manipulation. L'exercice est ici différent. Il s'agit de mettre des sous-titres fantaisistes sur une fiction que tous le monde peut identifier. C'est donc un jeu plus simple, la manipulation peut apparaître plus franche. Il faut d'abord constater que c'est, juridiquement parlant - une vraie contrefaçon: un détournement d'un travail de création - je n'ai malheureusement pas assez de connaissances pour pouvoir faire l'historique des détournements. Les films de karaté par exemple où la dialectique cassait des briques -. La personne qui signe ce travail qui a son profil facebook - si c'est lui - prend donc un rique - sérieux.
Ici nous avons donc une entreprise qui ne cherche pas à faire croire que les personnages disent vraiment cela. Ensuite la situation décrite pas la fiction est en total décalage avec le propos des sous-titres. Le premier raccord n'est déjà pas assez amusant. le zoom avant entre l'Élysée et le Bunker du Reich assiégé nous fait faire une saut dans le temps et l'espace qui ne passe pas dans la collure. Ensuite ceux qui dénoncent l'outrance (avec raison) à comparer celui dont je n'écris plus le nom à Adolf Hitler ont ici un magnifique exemple de l'incongruité d'un tel propos. Si je montre ici ce détournement c'est que je ne le trouve pas si drôle. Je me demande même si ce n'est pas une manipulation qui viendrait du camp même de celui dont je n'écris plus le nom. Même si sur le profil de l'auteur sur Facebook cela n'en a pas l'air. Je pose la question. S'agit-il d'un pastiche de pastiche. Les termes gauchistes autogestionnaires dans la bouche d'acteurs jouant la fin d'Hitler ne fonctionnent pas vraiment. L'interprétation de Bruno Ganzt pulvérise l'humour des sous-titres, l'acteur terrifie. Le régime Nazi c'est aure chose que ce que nous vivons. Tout cela pour conclure: le peuple ne regarde plus la télé, c'est une mauvaise chute. Dommage cela aurait été drôle avec Alamo, ou La chute de l'Empire Romain. À moins de penser que cette vidéo soit un hommage rendu à l'homme dont je n'écris plus le nom. Le décalage est si grand que la preuve du ridicule des attaques contre lui, serait par la même induit.
Tout cela n'est pas si grave, mais cette vidéo, pour moi est le symbole de cette bataille de sens. Le mensonge, la dissimulation de faits, la répétition des mêmes absurdités baptisées communication conduisent à un affaiblissement de la démocratie. Cet amusant montage - que j'ai la faiblesse de mettre sur mon blog- crée des ponts historiques et sémiologiques qui accentuent la confusion. On peut rire de tout, cela dépend avec qui. Pour en rire mieux, je vais tenter de faire ami ami avec l'auteur sur Facebook. je m'aperçois en écrivant ces lignes que je ne suis pas du côté du piratage. Je ne serais jamais Situationniste, merde alors, Je vieillis.