L'état de l'équipe de France est à la hauteur de l'état du moral des Français. En berne. En crise.
Trop facile de demander à ces joueurs, ces VIP du ballon rond de bien vouloir dérouler, sur le tapis vert, cette part de rêve que chaque jour on s'applique à faire passer sous le rouleau compresseur.
Si la mission des équipes de sport n'est pas d'être un porte-drapeau aux relents nationalistes, ce qu'elles se révèlent être encore trop souvent, il n'en demeure pas moins que, tout aussi souvent, l'expression sur le terrain est un bon reflet de l'expression de l'état des troupes qui les supportent, dans tous les sens du terme.
Il ne se trouve plus, en France, un pool de supporters enthousiastes capable de se laisser aller à les soutenir, et la désaffection des Français pour leur équipe nationale est un effet indirect de la désaffection, l'écoeurement qui se manifestent chaque jour un peu plus pour tout ce qui a des relents de fric. Les joueurs de foot, de ce côté-là et à ce niveau-là, incarnent et, malgré tous les déodorants dont ils nous vantent quotidiennement les qualités, transportent ces odeurs-là et ça leur colle au maillot, renvoyant l'inconscient collectif et populaire à l'image du Fouquet's.
L'équipe de France et ses joueurs sont des victimes collatérales à la fois de la chute et de l'exhibitionnisme du mur de l'argent, exacerbée ces derniers jours par les propos poujadistes de Rama Yade, propres à ramener précisément le sport sur le terrain du fric, et de les décrédibiliser avant même qu'ils ne touchent leur premier ballon.
Le tapis vert des stades vient de rejoindre ceux pour lesquels Internet vient d'autoriser les paris, et les joueurs qui y évoluent auront sans doute du mal à retrouver le plaisir du jeu et de l'effort autant que celui des primes de matchs, des transferts et des imprésarios.
Comme l'écrivait Eva, une amie Facebookienne, la Coupe du monde, c'est l'Afrique du Sud contre le fric du Nord!