Ça va saigner. C'est ainsi ce soir que s'ouvre le conseil européen de printemps, « sous un ciel azur et les piaillements des oiseaux », note le Charlemagne's Notebook, visiblement égayé par la météo radieuse. A l'ordre du jour trône pourtant un sujet tout sauf guilleret : « la Grèce et la question d'exclure ou non les pays de la zone euro dont les finances sont à zéro. » Les partenaires européens se divisent allègrement. « La France est le perdant de ce jeu de pouvoir. Le moteur franco-allemand brûle et même des types comme Nicolas Sarkozy ont été réduits au silence, alors que tous attendent que Berlin se décide. »
Car après tout, « le plan de sauvetage de la Grèce n'est pas un plan de sauvetage», affirme le Brussel blog. « Comme une arme thermonucléaire, on la croirait conçue comme s'il ne devait jamais être utilisé. » Véritable bombe froide à défragmentation, Angela Merkel cultive une attitude psychorigide qui commence à susciter l'hostilité générale. Verdammt, bas les masques ! Pour Gavin Hewitt de la BBC, c'est la faute au Teuton : « l'Allemagne est longtemps passée pour pays européen plutôt consensuel, où le bien de l'Europe était toujours mis en avant. Aujourd'hui, des voix s'élèvent pour dénoncer un pays économiquement dominant qui n'hésitera pas à la jouer en solo, si nécessaire. »
Coulisses de Bruxelles fustige lui largement « la dame de plomb » du Bundestag. « Sans doute bon capitaine par temps calme, la chancelière allemande se révèle incapable d'affronter les mers démontées. Pour complaire à la Bild Zeitung et à sa campagne antigrecque d'une puante xénophobie qui rappelle de sombres souvenirs et surtout ne pas perdre une élection régionale qui s'annonce difficile, la chancelière semble désormais prête à sacrifier la zone euro, certaine que l'Allemagne arrivera toujours à s'en sortir, ce qui est possible. » Klar, mais à quel prix ?