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Billet de blog 11 mai 2011

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Le Mexique marche pour la paix

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Le Mexique marche pour la paix et la justice, la campagne présidentielle péruvienne s'intensifie. Près de 100 000 personnes ont manifesté à Mexico le dimanche 8 mai. Avec pour slogan «estamos hasta la madre». Une expression très mexicaine pour signifier «on en a ras le bol».

Le Mexique marche pour la paix et la justice, la campagne présidentielle péruvienne s'intensifie. Près de 100 000 personnes ont manifesté à Mexico le dimanche 8 mai. Avec pour slogan «estamos hasta la madre». Une expression très mexicaine pour signifier «on en a ras le bol».

De quoi ? De la violence qui a fait 40 000 morts depuis 2006, des crimes impunis, de la militarisation de plusieurs villes du Mexique et de la corruption de la police, des hommes politique et de la Justice. A l'issue d'une manifestation silencieuse qui s'est étalée sur 3 jours, le poète Javier Sicilia, porte-voix du mouvement, a prononcé un discours vibrant de sincérité et de courage, dépouillé de toute langue de bois incantatoire.

Javier Sicilia, dont le fils a été assassiné par balles il y a peu, a pris la tête d'un mouvement qui va au-delà de la demande de « plus de sécurité » comme ce fut le cas lors des deux autres grandes manifestations contre la violence. La Marcha por la paz en la justicia donne un mois au gouvernement pour changer radicalement sa politique contre le narcotrafic : il faut privilégier l'éducation et la culture plutôt que la militarisation. On demande également un coup de balai dans les partis politiques corrompus. Et la démission du ténébreux ministre de la Sécurité publique, Genaro García Luna, dont la journaliste Anabel Hernández a signalé les liens avec le Cartel du Sinaloa, la plus puissante organisation de drogue du pays.

Cela lui a valu des menaces rendues publiques la semaine dernière. Son livre Les seigneurs du narcotrafic (Los señores del narco) révèle -après cinq ans d'enquête- les liens entre la classe patronale, politique et les narcotrafiquants, ainsi que l'ascension de l'homme le plus recherché du monde : El Chapo Guzman, en tête de liste depuis la mort d'Oussama Ben Laden. Dans un entretien à l'Express, Anabel Hernandez, menacée de mort, explique que la « la "guerre" autoproclamée du président Calderon est tendancieuse, car elle protège, en fait, le cartel de Sinaloa, prolongeant ce qu'avait fait son prédécesseur, Vicente Fox ». Des déclarations qui ont valu à la journaliste de l'Express l'ire de l'ambassadeur du Mexique en France...

Au Pérou, le spectre d'un retour des Fujimoristes au pouvoir grandit de plus en plus. Keiko Fujimori, la fille de l'ancien dictateur péruvien, a rattrapé dans les sondages le candidat nationaliste de gauche Ollanta Humala. Faut-il rappeler que le gouvernement de son père avait organisé des stérilisations forcées de femmes péruviennes des communautés ? Voir à ce propos l'article du Monde Diplomatique.

Ce crime est encore impuni, puisque Alberto Fujimori est en prison pour l'assassinat de 25 personnes.

Au Mexique la colère gronde dans l'Etat de Coahuila où 15 mineurs ont péri suite à un coup de grisou à Binsa. Et comme pour la tragédie de Pasta de Conchos, on découvre les conditions de travail semblables à celles des mineurs de Germinal dans lesquelles travaillent ces hommes. Un jeune de 15 ans a perdu un bras dans la mine, tandis qu'à peine la moitié des mineurs décédés avaient une couverture sociale.

Je vous recommande enfin un long entretien avec Yoaní Sánchez, la très médiatique blogueuse cubaine. Ma rencontre avec elle, dans son appartement, fut l'occasion d'aborder la place d'Internet à Cuba. A lire ici.

Mexico, 10 mai.

Photo: Une petite fille barbote dans la fontaine de Bellas Artes à Mexico. Des manifestants ont déversé un liquide rouge pour symboliser le sang déversé ces dernières années. RM.