Ci-dessous, la lettre d’un habitant d’Albertville, soutien actif du député Claude Bartolone quand il était instituteur à Bagnolet. Puis un texte rappelant les faits et disant pourquoi, en France, en 2013, sous un président et un gouvernement de gauche, on est obligé de cacher des enfants, des parents pour que ne se produisent pas des événements qui sont des agressions contre la conscience.
Enfin, quelques photos qui disent, elles aussi, qu’heureusement, la population, des gens comme tout le monde, ne laissent pas faire.
Albert Gehant
73200 Albertville
à Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale
Objet : dossier Tika et Ana
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale, Cher Claude,
Pardonnez-moi cet excès de familiarité. Vous avez sans doute, et c'est bien naturel, oublié que j'ai étalé, jours et nuits, pendant les campagnes électorales, de la colle sur votre visage imprimé sur des affiches à Bagnolet.
Entre nous, nous vous appelions : « Barto ». C'était notre façon de parler. On disait : « va chercher des « Barto » au local , il n'y en a plus ! ». Les années ont passé, je suis aujourd'hui en retraite et il se trouve que sur un simple coup de téléphone je suis devenu grand-père de deux petites filles dont j'ignorais tout jusqu'à ce coup de fil.
Elles sont, à ce qu'on m'a dit, en danger ! Comment ? Pourquoi ? Peu m'importe. Il me suffit de savoir qu'elles sont en danger. Ma femme et moi nous allons donc les accueillir à la maison afin qu'elles puissent poursuivre leur scolarité normalement avec leur maîtresse d'école. Je pense que ma femme et moi nous ne ferons ainsi que contribuer à la réussite de l'engagement de Monsieur le Président de la République le 20 février 2012 à savoir que: « l'intérêt supérieur de l'enfant doit primer »
En d'autres temps, j'espère, oh combien j'espère que ma femme et moi aurions eu le courage de protéger une famille juive... des enfants juifs ! Je mesure combien ce que cette comparaison a d'exagéré alors même que nous avons la chance de vivre en sécurité dans un pays démocratique riche et puissant qu'appauvrit cependant aujourd'hui la cupidité des possédants.
Notre pays est le pays des droits de l'homme et par tradition une terre d'asile. S’il ne peut malheureusement pas accueillir toute la misère du monde, il est en revanche de son devoir, du mien, du nôtre, je n'en doute pas, de protéger deux petites filles d'un avenir incertain.
Voilà pourquoi, au nom des valeurs humanistes que nous partageons et qui m'ont conduit à militer à vos côtés dans les années passées, je sollicite aujourd'hui, de votre haute bienveillance, une intervention auprès de Monsieur le Président de la République pour obtenir rapidement la régularisation de la famille des petites filles Tika et Ana.
Je vous remercie par avance de bien vouloir intercéder en faveur de ces deux enfants et vous prie d'agréer, Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale l'expression de mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.
Albert Gehant
Ancien instituteur Bagnolet 93, retraité.
VALLS APPLIQUE AVEC ZELE CE QUE SARKOZY A DECIDE
Ce ne devrait pas être un événement mais la situation banale d’une enfant de son âge. La rentrée de Tika avec trois semaines de retard, le 26 septembre, accueillie par les enseignants de l’école du Val des Roses à Albertville, des élèves et des parents, des soutiens, des télévisions, une radio et des journalistes est pourtant une étape importante dans le combat de ses parents pour échapper aux menaces subies en Géorgie, leur pays d’origine, et pour conquérir le droit de bâtir en France un avenir pour eux et pour leurs enfants.
Maïa et David Shikhashvili ont quitté la Géorgie en 2011. Ils y avaient l’un et l’autre des situations enviables et ce n’est pas pour le plaisir mais pour fuir un danger pressant qu’ils se sont exilés. Demandeurs d’asile, ils ont été hébergés au CADA d’Albertville. L’asile leur a été refusé, comme à plus de 80% des demandeurs.
En juillet dernier, ils ont été assignés à résidence pendant 45 jours. 45 jours de terreur à pointer tous les trois jours au commissariat et à redouter chaque matin de voir la police débarquer chez eux pour les arrêter.
Quand ils ont été convoqués pour leur expulsion, ils se sont enfuis. Depuis, c’estla clandestinité. Ilsvivent cachés, protégés par des particuliers, des gens comme tout le monde qui n’acceptent pas qu’on pourchasse des enfants, qu’on leur interdise d’aller à l’école et qu’on impose à leurs parents de rentrer menottés vers un pays qu’ils ont fui et où ils sont menacés.
David et Maïa ont vite compris que leur salut viendrait en se faisant connaître de ceux qui n’acceptent pas la politique de brute mise en place par Sarkozy et poursuivie par Valls, le ministre qui refuse de faire plus de régularisations que Guéant mais qui veut « réussir » autant d’expulsions.
Privés cette année de stand par le PS à son Université d’été de La Rochelle, des militants du réseau y sont quand même présents… avec la famille Shikhashvili, parents et enfants, pour interpeller personnalités, élus et ministres.
Trois semaines plus tard, elle est invitée sur la grande scène de la fête de l’Humanité par HK et les Saltimbanks.
Le jour de la rentrée des classes, familles, enseignants, associations, élus se sont réunis pour l’opération « Pas de chaises vides pour Tika et Ana » pour signifier leur soutien à la famille, et leur refus de cette situation.
Cela étant, la situation n’est pas tenable dans la durée. Ana et Tika ont 5 et 11 ans. Elles doivent être scolarisées, comme tous les enfants. C’est plus qu’un droit, une obligation.
Des contacts sont noués avec l’école, avec des associations, des syndicats et des partis en Savoie et, le 26 septembre, avec trois semaines de retard, Tika accompagnée de son père, est accueillie à la porte de l’école par les enseignants, ses camarades de classe, leurs parents et de nombreux soutiens. Banderoles, prise de parole, télévisions, radio, presse… une rentrée en fanfare… qui est en même temps une protection. Il en va de certains préfets et de certains ministres comme des vampires : la lumière les fait reculer. Tika est donc à l’école, hébergée dans une famille d’Albertville, protégée par la population. Lesgestes de solidarité se multiplient, la lettre d’Albert en est un témoignage éloquent. Ces faits sont la preuve que, contrairement à ce que font mine de croire certains quand la population découvre la réalité, à Albertville comme ailleurs, elle est loin d’être hostile ou indifférente.
Il va bien falloir que les gouvernants l’admettent. Tika est scolarisée, Ana le sera bientôt. Leurs parents vont revenir à Albertville, protégés parla population. La question se posera alors de savoir si le préfet et le ministre de l’Intérieur feront mener une enquête de police pour savoir où ils se trouvent, qui les protège et comment, puis organiseront une, deux ou trois descentes de police pour arrêter tout le monde au petit matin et les conduire de force là où ils ne veulent pas aller, comme au bon vieux temps. Ou si, au contraire, ils se décideront à reconnaître à Maïa et à David et à leurs enfants le droit à une vie normale là où ils choisi de vivre. Où, de fait, ils vivent !
Cette affaire est emblématique. Elle va au-delà du sort des parents et des enfants Shikhashvili. Ce sont en réalité plusieurs dizaines de familles qui sont dans des situations analogues. Des familles qui, il y a un an et demi, bénéficiaient de la solidarité de la quasi-totalité des élus de gauche, y compris de ceux qui, aujourd’hui, se taisent piteusement. Il faut que cela cesse. On ne peut pas dire une chose quand on est dans l’opposition et faire son contraire quand on est au pouvoir.
A n’en pas douter le ministre Valls va entonner sa ritournelle : je suis là pour appliquer la loi, j’appliquela loi. C’est bien là le problème ! Voilà un an et demi que François Hollandeest président de la République, Jean-Marc Ayrault premier ministre et Manuel Valls ministre de l’Intérieur et ni la loi, ni les pratiques instaurées par Nicolas Sarkozy n’ont changé. Ce gouvernement applique avec ardeur des textes que nombre de ses ministres ont naguère combattus à nos côtés. La honte !
Nadia Nguyen, Gérard Colo, Richard Moyon