Après tant de malchance, un visa pour Blendon ! Maintenant !
L’heure est décisive ! Depuis le lundi 3 septembre, le dossier dela famille GASHIest complet, à l’ambassade française de Macédoine à Skopje, dans l’attente de la réponse dela France.
La famille GASHI – pour rappel, parce qu’on parle d’elle depuis le 19 janvier dernier dans de nombreux media (une cinquantaine d’articles ou de reportages), et toutes les semaines surla Place Foch, devant l’hôtel de ville à Châlons-en-Champagne – est constituée de Faton (le papa – 39 ans), Pranvera (la maman – 37 ans), Blendi et Blendon (les jumeaux, âgés de 11 ans maintenant).
Pour rappel encore, une rapide chronologie de leur histoire :
- Avril 2011 : Victimes de rackets et de harcèlement au Kosovo où leur vie matérielle et leur santé étaient menacées par des mafieux, ils arrivent en France et demandent l’asile.
- Eté 2011 : Ils sont déboutés de leur demande d’asile très rapidement par l’OFPRA, car le Kosovo est encore classé dans la liste des pays sûrs. Ils font alors un recours de la décision de l’OFPRA devantla CNDA.
- Septembre 2011 : Les enfants, scolarisés à l’école BRANLY de Châlons-en-Champagne s’intègrent remarquablement. Ils participent très régulièrement aux activités d’apprentissage du français dans une association.
- Mi-décembre 2011 : Ils peuvent enfin bénéficier de l’AME. Alors que la famille ne s’est pas réfugiée en France pour cela, Blendon, sur les injonctions d’associatifs proches de la famille, commence à recevoir les soins nécessaires à son état : il est handicapé et boite de façon visible. Une hémiplégie l’a frappé à l’âge de 4 ans. Après six semaines de coma, ses membres sont restés paralysés du côté droit. Un travail de kinésithérapie est entrepris en vue d’une opération, impossible au Kosovo, programmée le 21 mars 2012, mais…
- 18 janvier 2012 : La police arrêtela famille GASHI à 7h du matin, ils sont conduits au CRA de Metz.
- 19 janvier 2012 : L’Etat français contraintla famille GASHI à monter dans un avion à destination de Pristina.
Mais cumul de malchances et de mauvaise volonté :
Malchance n°1
- La préfecture ne savait pas que l’enfant Blendon GASHI était malade. Si elle avait eu connaissance du cas, elle n’aurait pas ordonné la reconduite de la famille, nous certifia à l’époque M. le Secrétaire Général. Or, ce sont bien les services administratifs dela Préfecturequi avaient expliqué àla famille GASHIque, n’étant pas depuis un an sur le territoire, elle ne pouvait pas déposer de dossier pour étranger malade.
Malchance n°2
- Le Kosovo, le 26 mars2012 aété ôté de la liste des pays sûrs ; le dossier de demande d’asile dela famille GASHInouvellement traité dans ce cadre par l’OFPRA, aurait peut-être reçu une autre conclusion.
Depuis Janvier 2012 :
- La famille vit terrée à Pristina dans des conditions difficiles parce qu’il leur est impossible de retourner dans leur grande maison ciblée par la mafia. Ilsne peuvent pas travailler, les enfants ne sont pas scolarisés : ils n’ont aucun espoir de refaire leur vie au Kosovo ! (Lire le reportage réalisé sur place par L’Hebdo du Vendredi)
- A Châlons, chaque samedi depuis le 20 janvier, les soutiens de la famille se mobilisent se réunissent et manifestent pour réclamer leur retour et qu’on n’oublie pas les GASHI. Une association « Ensemble pour Blendi et Blendon » a vu le jour en février. Elle organise des mobilisations mais prend surtout des contacts institutionnels : rencontres avec les autorités, suivi du dossier au ministère de l’Intérieur. De nombreux politiques sont sensibilisés et soutiennent le mouvement. Au premier rang d’entre eux, le Président du conseil Régional de Champagne-Ardenne, Jean-Paul Bachy a écrit à l’ambassadeur de France au Kosovo et au Préfet de la Marne en avril dernier. Des courriers ont été adressés également au cabinet de Manuel Valls, émanant de divers politiques locaux.
- Une première demande de visa médical, déposée au consulat de Suisse au Kosovo, le 26 mars dernier, n’a pas pu être satisfaite car cette administration n’a pas compétence pour traiter les demandes de visas médicaux ou de long séjour.
Des raisons d’espérer :
Aujourd’hui, ni les GASHI à Pristina, ni leurs soutiens à Châlons-en-Champagne ne baissent les bras.
En effet :
- M. Le secrétaire général de la préfecture dela Marnea affirmé le 27 février 2012 qu’ « aucune difficulté ne sera faite du côté des services de la préfecture pour accueillir Blendon, si les démarches sont exécutées dans les règles. »
- M. le Préfet de la Marne a assuré 25 avril 2012 que la famille de retour en France bénéficiera des dispositifs de droit commun en matière de logement et d'aide alimentaire.
- Des amis, nombreux, les attendent et s’engagent à les accueillir et à les accompagner.
Les GASHI viennent donc de déposer pour la deuxième fois une demande de visa médical pour que Blendon puisse revenir accompagné de sa maman et de son frère jumeau afin de subir l’opération dont il a besoin.
Morale et point final :
Parce que la morale laïque qu’on parle de restaurer à l’école, c’est celle qui commence par la reconnaissance de l’injustice faite à l’Autre (le mal) et se poursuit par la réparation du préjudice (le bien), nous, militants, enseignants, parents d’élèves, élèves, attendons collectivement, avec un grand espoir, une réponse favorable du ministère des Affaires étrangères en lien avec celui de l’Intérieur, afin quela famille GASHIpuisse reprendre le fil des soins et de son intégration, là où il a été malencontreusement rompu le 19 janvier dernier.
Pour RESF 51,Marie-Pierre BARRIERE