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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 6 septembre 2012

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A Lyon, deux enfants scolarisés ont vécu la rentrée dans un aéroport

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A Lyon, deux enfants scolarisés ont vécu la rentrée dans un aéroport

A monsieur le ministre de l'intérieur

En ce mercredi 5 septembre, à 5h45 du matin, à Lyon, deux enfants de 11 ans et 9 ans et demi ont été arrêtés avec leur mère, Aida Gashi(1), dans l'hôtel où ils étaient logés, dans le but de les expulser vers le Kosovo.

Les deux enfants sont scolarisés à l'école Lucie Aubrac (Lyon 2ème).

Nous sommes là pour dire qu'il existe une France différente de celle qui procède à ces expulsions inutiles et inhumaines. Nous ne pensons pas qu'accueillir ces personnes soit un problème. Nous ne pensons pas que l'honneur et la dignité de la France se reconnaissent dans cette politique. Nous pensons que laFrance tellequ'elle existe aujourd'huiest richecar elle a su continuer à croire, malgré tous les mauvais esprits, qu'accueillir ces personnes est une chance. Nous pensons que le Droit des Enfants n'a pas de frontières et que ces deux enfants doivent profiter d'une rentrée scolaire comme tous les autres.

On peut peut-être penser qu'une tentative d'expulsion comme celle-ci est un symbole permettant de démontrer que la France est bien décidée à faire respecter sa Loi, et à dissuader des vagues d'immigrés de déferler sur notre territoire. Nous pensons premièrement que ce symbole est complètement inefficace, car on ne dissuade jamais une personne en souffrance de chercher ailleurs une vie meilleure. Deuxièmement qu'il n'y a pas de vague. Troisièmement que si l'expulsion de deux enfants et de leur mère devait être un symbole, ce serait celui d'une France qui a oublié sa véritable identité fondée sur l'Humanisme.

Méthodes violentes pour rien, sauf de la souffrance

Suite de l'histoire : les enfants et leur mère sont conduits à la police aux frontières de Saint Exupéry. Grâce aux soutiens présents sur place, Aida Gashi parvient à résister à l'embarquement. Elle signe une attestation de refus d'embarquer et est reconduite avec ses enfants en centre-ville. Mais elle est assignée à résidence pour 45 jours, et la police aux frontières garde son passeport, probablement dans l'optique d'une nouvelle tentative d'expulsion.

C'était juste pour voir ?

Pour voir si, en comptant sur la faiblesse d'une femme, on pouvait faire du chiffre ?

Et tant pis pour les souvenirs que les enfants garderont de cet épisode.

Mardi, ils faisaient leur rentrée en CM1 et CM2.

Mercredi, c'est la porte de sortie qu'on leur montrait.

Juste pour qu'ils la voient ?

Manie des dates

Arrivée en France 2010, Aida Gashi a une histoire familiale dont nous ne décrirons pas ici les violents détails. Quoi qu'il en soit, ses démarches de demande d'asile à l'OFPRA et à la CNDA ont été faites au moment où le Kosovo était déclaré « pays sûr », elles ont donc échoué.

Une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) a été délivrée le 6 septembre 2011.

Ce mercredi 5 septembre 2012 était donc le dernier jour pour l'expulser.

La préfecture du Rhône a la manie des dates.

On se souvient d'un autre de ses exploits : le 6 avril 2012 une famille d'origine kurde gagnait un référé liberté hébergement au tribunal administratif de Lyon. Le 10 avril la préfecture lui indiquait l'adresse de son hôtel. Le 12 avril, la police aux frontières frappait à la porte dudit hôtel pour placer les parents et leurs deux enfants en centre de rétention.

La manie des dates et le sens du rythme.

Face à de telles pratiques, exprimer son désaccord n'est pas un acte d'engagement exceptionnel et ne relève pas vraiment d'un militantisme forcené. Exprimer son désaccord est presque un devoir pour le citoyen qui est simplement attaché aux Droits de l'Homme et de l'Enfant.

En France, deux enfants scolarisés ont vécu la rentrée dans un aéroport.

Martin Galmiche

RESF Lyon

5 septembre 2012

Note (1) : Aida Gashi n'a pas de lien de parenté avecla famille Gashi de Blendi et Blendon dont il était question dans une précédente contribution.

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