Préfecture de l'Aube le royaume du père et de la mère Ubu. Récit d'un acharnement sans fin, absurde et monstrueux contre la famille EMINI !
Bien que Christophe BAY soit content de ses titres, «Préfet de l'Aube, Chevalier de la Légion d'honneur, Chevalier de l'Ordre National du Mérite et ancien directeur adjoint de l'ancien ministre de l'Intérieur, Claude Guéant», sa secrétaire générale Catherine HÉNUIN essaie de le convaincre d'exceller dans le zèle et de mener une course effrénée aux chiffres, ce qui lui permettrait, entre autres avantages, de recevoir la médaille et la prime du "meilleur préfet expulseur".
Pour cela, il lui faut trouver son souffre-douleur, chose qui n'a pas été difficile.La famille EMINI est une proie facile.
Qui peut bien êtrela famille EMINIpour justifier un tel traitement ? La famille EMINIest composée d'Idriz, de son épouse Mizafere actuellement enceinte de quatre mois, tous deux albanais de nationalité serbe et de leurs deux enfants, Emir âgé de 6 ans et Ezra âgée de 4 ans. Une famille sans histoire mais qui a fui son pays pour sauver sa peau et trouver protection dans un pays qui fut un temps, le pays des droits de l'Homme et du citoyen.
Sous le ministère Guéant, ils ont subi à quatre reprises depuis juillet 2011, l’enfermement en centre de rétention administrative, au Mesnil-Amelot et à Metz. Il n’aura fallu pas moins que l’intervention de cinq juges, administratifs et judiciaires, pour que leur dignité soit respectée.
Cette famille est arrivée en France début 2009. Déboutée du droit d'asile, le préfet de l'Aube prend à son encontre une Obligation de Quitter le Territoire Français qu'il tente de mettre à exécution le 27 juillet 2011 en procédant à l’arrestation de Madame et de ses deux enfants (monsieur était absent) au foyer Adoma puis conduits au centre de rétention de Metz. Trois jours plus tard, le juge des libertés et de la détention met fin à la rétention de Madame EMINI et des enfants pour vice de procédure.
Le 29 septembre 2011, ils se rendent, en toute confiance, à la préfecture de l’Aube pour demander des renseignements et sont arrêtés dans les locaux dela préfecture. Toute la famille est ainsi conduite au centre de rétention du Mesnil-Amelot cette fois près de l'aéroport de Roissy. Le tribunal administratif annule le 3 octobre 2011 la mesure de placement en rétention et la famille est libérée une nouvelle fois.
De retour à Troyes, les enfants ont pu reprendre le chemin de l’école. Mais le 31 janvier 2012, la police débarque encore à 6h30 du matin dans le foyer où la famille est hébergée. La préfecture de l'Aube leur notifie une nouvelle Obligation de quitter le territoire français (OQTF) et les place, enfants compris, au LRA (Local de rétention administrative) du commissariat de Troyes, un lieu où l'enfermementdes enfants estnormalement interdit, avant leur transfert au Mesnil-Amelot. Le Tribunal administratif de Melun les libère une nouvelle fois le 3 février mais sans annuler l'Obligation de Quitter le Territoire Français.
Ils ont pu retourner à Troyes grâce à l’aide de citoyens solidaires et ont retrouvé leur place au foyer où ils étaient hébergés.
Mais, à peine 18 jours plus tard, le 21 février 2012, la police vient les arrêter une fois de plus au foyer. Conduits à Roissy, ils refusent d'embarquer. La famille est transférée au centre de rétention de Metz à des centaines de kilomètres de Roissy alors qu'ils se trouvaient à seulement quelques kilomètres du plus grand centre de rétention administrative de France près des pistes mais le préfet voulait vraisemblablement isoler la famille de tout soutien et éviter le tribunal administratif de Melun qui avait annulé son placement en rétention.
Le Président du tribunal administratif de Strasbourg annule à son tour en son audience du 23 septembre 2011 le Placement en Rétention Administrative de la famille EMINI pour traitement inhumain et dégradant, enjoint le préfet de l'Aube à délivrer à la famille Emini une Autorisation Provisoire de Séjour. Une nouvelle fois, la famille est donc libérée mais cette fois-ci sans solution d'hébergement. A la rue avec leurs valises, épuisés physiquement et mentalement, ils ont été pris en charge chez des militants le temps des vacances scolaires et pour leur permettre de retrouver un hébergement à Saint-Julien les Villas, là où sont scolarisés les enfants.
Le 12 mars 2012, les enfants avaient pu retrouver leurs écoles où les attendait un comité d'accueil chaleureux composés de parents, enseignants, militants associatifs et simples citoyens.
Comme la bêtise insiste toujours et non content de devoir exécuter une décision de justice, le préfet décide tout de même de faire appel de la décision du Tribunal Administratif de Strasbourg et de maintenir sa décision d'expulserla famille EMINI vers un pays où ils risquent pourtant leur vie.
Le 11 juin 2012, il prend, sous la plume de sa secrétaire générale, une nouvelle Obligation de Quitter le Territoire Français à l'encontre dela famille EMINI. Unrecours a été déposé par l'avocat de la famille et en attente d'audiencement,
Le 25 juin 2012, a lieu l'audience dela Cour Administrativede Nancy. Monsieur EMINI, très inquiet, fait le déplacement avec son avocat et le concours également d'une avocate de l'association « Avocats pour la Défense des Droits des Étrangers » ( ADDE). Le défenseur des droits présente lui aussi ses observations à la Cour d'Appel de Nancy en faveur dela famille EMINI.
La Cour Administratived'Appel confirme la décision du tribunal administratif de Metz de mettre fin à la rétention dela famille EMINI.
Le 05 septembre 2012, la police se présente au domicile de la famille EMINI pour l'inviter à se présenter au commissariat le lendemain. Epuisée, Madame éclate en sanglots, pousse des cris de douleur et demande avec une voix exténuée "Il est fou, ce préfet ?".
C'est la question que nous nous posons suite à sa décision d'assigner la famille EMINI à résidence pour une durée de six mois, soit une durée 4 fois supérieure à la durée maximale annoncée par le ministre de l'Intérieur dans sa circulaire aux préfets en date du 06 juillet 2012.
Mais M. BAY, majesté de son royaume, ne l'a peut-être pas lue ou a-t-il feint de l'ignorer...
Nous allons donc lui communiquer cette circulaire et lui rappeler que si en effet elle prévoyait une assignation pour les familles sans-papiers, comme alternative à la rétention, celle-ci ne peut excéder 45 jours, et renouvelable une fois.
Six mois, c'est pour les criminels !!! Et pourquoi pas aussi le bracelet électronique ??
La famille est donc contrainte à se déplacer dans les seules communes de Troyes et de Saint-Julien-les-Villas, à aller pointer quotidiennement à 10 heures précises au commissariat central, soit à 4 km de leur lieu d'habitation et ce, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, dimanche et jours fériés compris.
Avec le nouveau gouvernement, la famille EMINI espérait pouvoir enfin commencer une vie meilleure, pouvoir obtenir un titre de séjour qui permette à Monsieur d'exercer légalement une activité salariale mais en réalité rien aura changé. Pire encore, la nouvelle circulaire a ouvert une brèche à toute type d'interprétation, même les plus démentes.
Cette situation va-t-elle perdurer longtemps, faudra-t-il qu'un drame survienne pour que M. VALLS, ministre de l'Intérieur ait conscience de la gravité de la situation, pour qu'il fasse cesser cet acharnement inhumain et débile ? Nous avons voté pour le changement parce que, ce qui était intolérable sous le gouvernement Sarkozy et ses sbires, ne pouvait plus exister sous un gouvernement dit de gauche et respectueux des valeurs d'humanité, dignes de notre République.
Malika CHEMMAH
RESF 93