RESF (avatar)

RESF

Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

Abonné·e de Mediapart

213 Billets

0 Édition

Billet de blog 10 octobre 2013

RESF (avatar)

RESF

Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

Abonné·e de Mediapart

Ana (5 ans) sort de la clandestinité pour entrer à l’école

Le 8 octobre 2013, douze jours après sa grande sœur Tika (11 ans), Ana Shikhashvili (5 ans)  a fait sa rentrée en grande section de maternelle de l’école du Val des Roses à Albertville. Cela faisait deux mois qu’elle menait une vie de clandestine, cachée avec ses parents en région parisienne.

RESF (avatar)

RESF

Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 8 octobre 2013, douze jours après sa grande sœur Tika (11 ans), Ana Shikhashvili (5 ans)  a fait sa rentrée en grande section de maternelle de l’école du Val des Roses à Albertville. Cela faisait deux mois qu’elle menait une vie de clandestine, cachée avec ses parents en région parisienne.

Maia et David Shikhashvili  et leurs enfants ont fui en 2011 les menaces dont-ils étaient l’objet en Géorgie, abandonnant sur place leurs situations, leurs biens, leurs amis.

 Demandeurs d’asile, ils ont été hébergés deux ans au CADA d’Albertville avant d’en être déboutés en 2013. En juillet, le préfet Eric Jalon assignait les parents et  du même coup les enfants, à résidence pendant 45 jours. Au dernier jour, il les faisait convoquer à l’aéroport pour être expulsés vers le pays qu’ils avaient fui.  La clandestinité ou l’expulsion. Les Shikhashvili disparaissaient et se réfugiaient en région parisienne.

Ils ont passé deux mois dans la clandestinité. En France, en 2013,François Hollandeétant président de la République, des gens, des citoyens ordinaires recueillent, nourrissent, protègent des enfants et leurs parents de la police française !

Une telle situation est quasi intenable dans la durée. Pouren sortir, il a été décidé de mettre les faits sur la place publique. Car, si les démagogues spéculent sur les préjugés en dénonçant « les flux migratoires » en général, imputant à « l’immigration » nombre de maux et s’il faut regretter que l’actuel ministre de l’Intérieur ne dédaigne pas, à l’occasion, de tenir sa partie dans ce concert nauséabond, l’opinion ne se laisse plus prendre dès lors qu’elle découvre, derrière les mots, la situation réelle d’hommes, de femmes, d’enfants persécutés, obligés de fuir, interdits de scolarisation, portant l’angoisse des parents. 

Les étapes de cette médiatisation, des première apparitions publiques à l’université d’été du parti socialiste à La Rochelle jusqu’au retour de Tika dans son école du Val des Roses à Albertville ont été évoquées sur ce blog (Tika entre en classe ! Albert complice ! post du 1er octobre 2013).

Ce matin, 8 octobre, c’était donc au tour d’Ana de faire sa rentrée. Comme pour son aînée, plusieurs dizaines de soutiens, la caméra de France 3, le Dauphiné Libéré, des nombreux parents d’élèves et des enfants l’ont accueillie, entourée, embrassée.

 Aujourd’hui, la situation est la suivante : les filles sont scolarisées, Tika, l’aînée rentre tous les soirs dans la famille d’une copine de classe, Maia et Ana sont accueillies chez Albert, un ancien instituteur à Bagnolet, militant de gauche qui, par le passé, a activement participé aux campagnes électorales de Claude Bartolone. En retraite à Albertville, il revendique la protection qu’il accorde à Ana et à sa mère dans une lettre ouverte au président de l’Assemblée nationale. Enfin, David, lepère des enfantsest hébergé dans une troisième famille.

Il ne s’agit pas de jouer aux conspirateurs. Si elle n’a rien de plus utile à faire, la police peut aisément retrouver et interpeller  les « fuyards » et ceux qui les protègent. Peu probable que des fonctionnaires de police y trouvent suffisamment de plaisir pour en prendre l’initiative.  Il s’agirait plus probablement d’une décision politique, assumant la mobilisation de forces de police importantes mises au service de la chasse à l’enfant conduite, nous assurerait-on sans doute, « avec fermeté et humanité »… On est de gauche ou pas.

Pourtant, face à cette attitude peu reluisante du préfet et du gouvernement, la population ne reste ni indifférente ni inactive. Nombreux sont ceux qui s’impliquent, des militants sans doute, mais aussi de ceux qui se définissent eux-mêmes comme des « citoyens ordinaires » sans engagement particulier mais avec de vraies valeurs qu’ils ne renient pas, eux. Qui, conscients de ce qu’ils font, des responsabilités qu’ils prennent, sans faire de phrases, cachent, soutiennent, logent, nourrissent, convoient, accompagnent un enfant, un parent, un morceau de la famille démembrée.

Des gestes qui disent que tout le monde n’est pas prêt à n’importe quel discours, n’importe quelle décision, n’importe quelle compromission méprisable pour booster sa carrière de ministre, de préfet ou de chef de bureau. Des gestes qui réconcilient avec le genre humain.

L’issue est maintenant entre les mains du préfet et du ministre, voire du président dela République. Ilfaut qu’ils disent dans quelle société ils nous conduisent et avec qui. S’ils sont avec les habitants d’Albertville et d’ailleurs qui choisissent la solidarité, la générosité, l’altruisme. Et que donc ils régularisent David et Maia (qui, au passage, bénéficient l’un comme l’autre de promesse d’embauche) pour que les enfants reprennent une vie d’enfant et les parents leur place pleine et entière. Ou qu’ils donnent raison à ceux qui de propos xénophobes en concessions médiocres à la droite et à l’extrême-droite aboutissent aux brillants résultats de Brignoles et préparent un éclatant 21 avril 2017 suivi, après un intermède de cinq années de Hollande,  d’une ou deux décennies de domination de la droite pain au chocolat… ou pire.

                                                                                                                 Nadia Nguyen, Gérard Colo, Richard Moyon

Le JT 12/13 de France 3 Alpes le 8 octobre  http://alpes.france3.fr/emissions/jt-1213-alpes 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.