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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 26 mars 2015

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POURQUOI BEN EST BIEN D'ACCORD AVEC ZLATAN

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POURQUOI BEN EST BIEN D'ACCORD AVEC ZLATAN

« Il y a quelque chose de pourri dans ce royaume ». Ben[1] et Zlatan disent la même chose, au même moment et avec les mêmes mots. Pays de merde. Mais, pour Ben, à la différence du multimillionnaire Ibrahimovic, c'est derrière les mots une vraie tragédie !

Ben, 16 ans ½, a quitté  le 13 mars Nancy, la ville où il avait espéré trouver refuge. Seul, sans argent, Ben est parti à Paris, pour ensuite tenter sa chance dans un autre pays. Son histoire avait fait l'objet d'un précédent Médiapart. Le parcours ordinaire d'un jeune Malien, en possession d'un acte de naissance qui atteste qu'il est mineur, et pour son malheur, d'une carte malienne, dont les empreintes ne sont pas les siennes. Pris en charge par l'ASE (service du Conseil Général), il en est rapidement éjecté après un test osseux pratiqué sans son consentement, qui le déclare majeur, et dont les résultats ne lui ont pas été transmis. Au sortir du tribunal pour enfant, il  est  conduit menotté au poste de police, il  y passe la nuit et en ressort muni d’une convocation à  une  audience en  correctionnelle pour détention de faux papiers.

Les rejets de ses recours en justice vont se succéder mais à Nancy, la solidarité n'est pas un vain mot. RESF, convaincu que les droits d’un mineur tels que les énonce la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (C.I.D.E.) ne sont pas que des mots, parvient à obtenir l’affectation  de Ben en Collège et  son hébergement à l’internat du lycée tout proche.

Des interventions téléphoniques d’autorités administratives signalent la situation de Ben au Rectorat, qui au premier jour des vacances scolaires de fin d'année, le raye des listes et de sa place en internat, sans proposer la moindre alternative. La rue ? A la rentrée, les militants qui accompagnent Ben au Collège  pour tenter d'infléchir la décision de M. l’Inspecteur d’Académie se verront fermer la porte au nez. Renvoyé !

A nouveau la solidarité, un hébergement est trouvé, une petite allocation pour survivre, et la détermination de son avocate pour contester le résultat des tests, et les exclusions successives. Rien n'aboutira. Cerise sur le gâteau : lors du référé suspension pour l’exclusion du collège, il était demandé la condamnation à 500 € de RESF et d’une militante pour avoir berné et abusé l’Inspection académique ! Ce que le tribunal n’a pas retenu mais il a condamné Ben à trois mois de prison avec sursis !

L'histoire de Ben est d'une sordide banalité, dans un pays où douze départements ont mené bataille pour obtenir du Conseil d'Etat qu'il annule la répartition entre les départements des mineurs isolés, telle que l'avait mise en place la circulaire Taubira du 31 mai  2013.

L'histoire de Ben se singularise parce qu'elle est aussi entachée de dénonciations et de gestes déshonorants.

Le 15 octobre, à sa sortie du  tribunal pour enfant où la juge vient de lui notifier la fin de sa prise en charge par l’ASE, Ben se retrouve à la rue. L'ASE  a déjà préparé son maigre bagage pour lui éviter de repasser au foyer. Un camarade guinéen, Mohamed, lui aussi passé par les mêmes drames, lui propose de l'héberger dans sa chambre pour la nuit. Prévenue par l’hôtelier, à 22 h 50, une éducatrice de l’ASE accompagnée de son mari ! (éducateur lui aussi ? homme de main ? ) oblige Ben à quitter l’hôtel. Comment nommer cette belle action concertée de salut public ? Ben  ira finir sa nuit à la gare de Nancy.

Autres signalements : des interventions téléphoniques d’autorités administratives à destination de l'Education Nationale : vous trouvez que l'éducation coûte trop cher ? Essayez l'ignorance ! Et la rue.

Enfin, et la question se pose pour tous ceux que ces damnés tests osseux déclarent majeurs alors qu'ils sont en possession d'un acte d'état-civil non contesté. Ben, né le 25 décembre 1999, date officielle fournie par les autorités maliennes est affublé d'une nouvelle date de naissance sortie dont on ne sait d’où, le 1er janvier 1995. Viol intime. Saccage d'une histoire de vie. La justice efface d'un trait, recommence, et ne fournit pas plus d'acte permettant à Ben, majeur de solliciter le 115 pour être logé ou l'AME, s'il a besoin d'être soigné !!!!

A Montbéliard, Me Euvrard, plaidant pour un jeune Nigerien, Touareg lui aussi, dénoncé par l'ASE, évoquait les Mains sales et la Nausée. Il concluait sa plaidoirie dans les mêmes termes que Ben et a obtenu gain de cause. 

Ben nié dans son histoire, dans sa vie, dans ses espoirs. Ben a quitté le foyer au petit matin, laissant sur un papier quelques mots. …

Je suis parti en France, je vais dans un autre pays européen. C'est la merde en France, je suis venu avec ma carte d'identité malienne, ils m'ont dit que c'est faux, alors que c'est vrai. J'en ai marre de France. On n'est rien sur terre. Vous me faites souffrir ma vie. On n'est là pour rien sur terre.

Ben n'a plus donné de nouvelles depuis.

                                                                                                                     Jeannette Vallance. RESF Nancy


[1] Le prénom a été changé.

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