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Billet de blog 17 mars 2015

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Élisabeth Quin et la Semaine de la francophonie.

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Chère Madame, 

Fidèle de « 28 minutes », je comprends tout à fait que vous ne pouviez échapper à une « Spéciale » sur la « Semaine de la langue française et de la francophonie » ; il fallait bien s'y résoudre et je comptais vaguement sur vous, chère Élisabeth (vous permettez que je vous appelle Élisabeth !) pour nous éviter les inévitables Alain Rey et Henriette Walter qui ont dû planter leurs tentes sur le Quai Kennedy. 

Pour tous les médias français, ces deux figures semblent évidemment inévitables, 

A. Rey, avec son Robert (je devrais dire ses Roberts mais je craindrais une confusion sémantique pour celles et ceux de mes lectrices et lecteurs qui ne pratiquent pas l'argot d’A. Le Breton pour qui les « roberts » sont les seins !). Ces « Roberts » (ce sont les dictionnaires que j’évoque) ne sont que des resucées, sous différentes formes et  formats, du Französisches Etymologisches Wörterbuch. Eine darstellung des galloromanischen sprachschatzes , communément nommé  FEW  qui est, en allemand hélas, le seul et premier vrai dictionnaire étymologique du français, œuvre aussi immense qu’admirable, mise en chantier en 1922 par le philologue suisse Walther von Wartburg et que nul n’a évoquée, et surtout pas ces deux auteurs qui n’en sont que les plagiaires. À titre de contribution personnelle à la « Semaine de la langue française et de la Francophonie », je consacrerai un prochain blog au FEW, demain si possible !

Madame Henriette Walter elle, s’est laissée entraîner par son goût du lucre et des médias,  il y a bien des années déjà, à délaisser la phonétique et la phonologie, si chères à elle-même comme à son vieux maître André Martinet, pour des escapades de vulgarisation sur le lexique français, assurément plus populistes et plus rémunératrices. Elle s'est même récemment  hasardée, dans l’un de ses derniers livres dont je l'ai entendu faire la promo dans nos médias, sur le terrain du latin où elle est assurément moins à son aise, faute de sources commodes, comme je l'ai constaté récemment. Les réalités linguistiques de l'empire romain lui sont de toute évidence moins familières que la phonétique et la phonologie du parler d’Hauteville.

Chère Élisabeth je comptais sur vous pour nous offrir enfin une émission un peu originale au sein de cette accumulation de platitudes voire d’erreurs ! Hier toutefois, dès l'abord, j'ai pensé que vous vous étiez avancée un peu loin sur le terrain de l'originalité, comme vous aimez parfois à le faire, en invitant, à titre d'introduction à votre « spéciale » Fabrice Luchini. 

Votre idée d’avoir un recours original à Fabrice Luchini n'était pas mauvaise car le bougre a de la faconde (un peu trop peut-être car elle vire vite au cabotinage) et je lui crois un amour sincère de la culture littéraire qui plonge sans doute ses racines profondes dans son inculture initiale de garçon coiffeur qu'il aime tellement à rappeler. Cela dit,  votre mine et votre ton des premières minutes ont assez montré que la vraie question que vous vous posiez était celle du respect du scénario prévu et donc de savoir comment vous alliez pouvoir faire sortir Fabrice Lucchini de votre plateau ! 

Sur ce point également, je vous crois toutefois moins innocente que vous n'en avez l'air (mais c'est là un de vos charmes et une de vos armes,  vous le savez très bien) ; tout cela était donc assez soigneusement préparé pour que puisse surgir, sur le mur derrière vous, en fond d'écran, la binette du Père Hugo au moment précis où Fabrice nous infligeait, en apparence inopinément, une lecture, heureusement brève, d’un bref extrait du long poème qu’est « Booz endormi ». Il nous a toutefois, me semble-t-il, dans cette feinte et un peu confuse  improvisation, privé de ces belles allitérations que nous avons tous admirées autrefois sur les bancs de l'école ; peut-être craignait-il de bafouiller (car le bougre soigne les détails), en disant : « Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;/

Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala. ».

Je ne savais pas comment vous aviez prévu de finir, quoique je fusse persuadé que la chose était soigneusement définie dans votre programme et que Fabrice, qui n’est pas Serrault, contrôle en réalité ses apparentes foucades ! 

J’avoue toutefois avoir été un peu inquiet lorsque vous avez fait entrer un colosse bourru au crâne rasé ; son allure de CRS en rupture de fourgon m’a fait un instant penser que, craignant le pire, vous aviez discrètement convoqué la sécurité… au cas où. Au bruit qu’il faisait en effet et à son agitation,  on pouvait  redouter que Luchini, comme le faisait autrefois notre cher Michel Serrault, ne se déshabillât devant les caméras, voire pire, ne tentât de se jeter sur vous ! Ce ne sont pas vos assesseurs, le prudent Guillaume ou la fragile Nadia qui auraient pu s’opposer à ses entreprises !

Il n'en était fort heureusement rien et vous n'avez pas eu en venir à une telle extrémité.

Je ne croyais certes pas Fabrice homme à se déshabiller au cours de votre émission ; j’avais en revanche toutes les raisons de craindre qu'il n’entreprît de vous lutiner vu votre tenue ; j'avais en effet noté dès le début, et lui plus encore sans doute, qu'abandonnant pour une fois les pantalons que vous affectionnez, vous aviez gainé de noir vos superbes gambettes et portiez en outre de vertigineux talons aiguilles, à la grande jalousie de Nadia, le tout propre à éveiller toutes les concupiscences. Quelle imprudence !

Même si ce pauvre Fabrice, vu sa position était privé de cette vue qui ne nous était guère accordée par instant qu'à nous-mêmes, heureux téléspectateurs, bien que notre position ne fut pas des plus favorables à la contemplation de ce ravissant spectacle. Heureusement Fabrice Lucchini s’est contenu et vous avez réussi, grâce à une labile utilisation d’un sujet de coupe, à le faire sortir du plateau sans autre incident.

Je dois dire que, ayant à faire alors, je me suis privé à regret du rare spectacle de vos jambes, évitant du même coup (ceci compensait cela) les insipides  propos de Messieurs Orsenna et Cerquiglini ; ils me sont depuis longtemps connus et je n’y trouve guère d'intérêt, même si le professeur Cerquiglini, sans doute en votre honneur,  avait laissé ses lunettes au vestiaire et si la moustache d’Orsenna frémissait de plaisir en cette semaine de la langue française, ce qui est bien normal pour un académicien !

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