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Billet de blog 1 janvier 2015

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Ma Tunisie,...voici mes vœux pour 2015 !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tu vois, je te l’avais bien dit, ma Tunisie,

Voilà bientôt un an, au pire de tes ennuis :

« Cette année, c’est celle de la fin de tes soucis,

Celle de l’échec sans appel de cette théocratie

Qui voulait bouleverser tes repères et ta vie » [1]

Qui t’a traitée de tous les noms, surtout d’impie

Parce que tu ne voulais pas de son paradis

Ni de ses lois rétrogrades, ni de ses houris

Tellement limitée, elle n’a pas encore compris

Qu’avec tes enfants vaillants, femmes, hommes, grands et petits

Elle ne pourra jamais te réduire à sa merci,

Que c’en est fini du règne de sa médiocratie,

Que toi et elle, vous n’êtes pas faites pour vivre en harmonie,

Elle qui n’éprouve pour la démocratie que du mépris

Et tout son reste n’est que double langage et alibi,

Dans le sillon de ses maîtres-financiers qataris [2]

Qui sont aussi les protecteurs de Moncef Marzouki,

Que ton Islam, ce n’est pas celui des Baghdadi [3]

Ni même celui de Rached Ghannouchi,

Le Gourou grand protecteur des salafis

Qui lui rappellent, dit-il, sa jeunesse de jadis

Et sont annonciateurs d’une culture « bénie » [4],

Ni même, non plus, de son alliée la Turquie,

En tant que pays islamiste d’Anatolie

(Atatürk, tu dois remuer dans ton ultime abri !),

Qui ont laissé partir tes jeunes vers la Syrie,

Et, aussi, les jeunes de plein d’autres pays,

De l’Europe, des Amériques et de l’Asie

Pour en faire la chair à canons de l’EI

Pour tout cela et d’autres assassinats, crimes et délits

Commis avec horreur et extrême sauvagerie,

Qui seront jugés certainement par la CPI,

Erdoğan et Ghannouchi ont les mains par le sang salies

Si l’Islam politique démocratique est une utopie,

« Islam et Modernité » n’est pas une antinomie

Ton Islam, c’est celui qui éclairait l’Andalousie,

À l’époque de Sidi Bou Saïd et de Saint Louis,

L’Islam d’Ibn Roshd  et de son contemporain Ibn ’Arabî,

Dont il est rapporté ci-dessous deux merveilles de leurs écrits [5],

Enrichi par la pensée de tes savants kairouanis

Et des disciples de Tahar Haddad  et de Thâalbi

Avec, en premier, Habib Bourguiba, le monastiri

Maintenant que tu as retrouvé une certaine accalmie,

Avec la défaite de Moncef Marzouki et compagnie

Et la victoire des Modernistes et leur candidat Béji,

Que ton Peuple se remette au travail, sans répit

Avec ardeur et productivité à haut débit

D’autant plus qu’il vit depuis bien longtemps à crédit

Et qu’il est  débiteur de la Banque mondiale et du FMI

Ainsi que d’autres organismes se trouvant à la "City"

Le chômage et l’injustice sociale sont  tes pires ennemis,

Ils furent d’ailleurs la cause de l’immolation de BOUAZIZI,

Pour que tu t’en sortes au plus vite, il n’y a pas d’autre thérapie

Que 2015 soit l’année de la relève de tous tes défis 

De la sécurité, du développement, de l’économie

Que le tourisme retrouve ses terres, y compris le Mont Chambi,

Toutes ces terres infestées par le terrorisme, aujourd’hui

Que les pays qui se considèrent comme étant tes frères ou amis

Comprennent que ta démocratie naissante a besoin de leur appui

Salah HORCHANI

[1] Extrait de mon poème intitulé «Ne t’en fais pas…ma Tunisie…ne t’en fais pas!», paru le 12 janvier 2014 sous le lien suivant :

http://horchani.blog.lemonde.fr/2014/01/12/ne-ten-fais-pasma-tunisiene-ten-fais-pas/

[2] Voir, à ce sujet, mon article intitulé «Tunisie élections 2014 - L’argent illicite du parti islamiste tunisien Ennahdha ou l’inégalité des chances entre les candidats »  et paru sous le lien suivant :

http://www.legrandsoir.info/tunisie-elections-2014-l-argent-illicite-du-parti-islamiste-tunisien-ennahdha-ou-l-inegalite-des-chances-entre-les-candidats.html

[3] Il s’agit d’Abou Bakr al-Baghdadi, le Calife autoproclamé de l’EI (l’État Islamique), et de son prédécesseur, Abou Omar al-Baghdadi (ce sont des pseudonymes qu’ils se sont choisis).

[4] en ajoutant :

Ils ne sont pas des résidents d’une autre galaxie

Et, s’ils sont ainsi, c’est par la faute de Ben Ali

Qui les a empêchés de vivre libres et épanouis

Qui les a emprisonnés, qui les a poursuivis

[5] Ibn Roshd  [Averroès (1126-1198)] est un philosophe, médecin et juriste et Ibn‘Arabi (1165-1240), prestigieuse figure du soufisme, est un théologien, juriste, métaphysicien et poète; tous les deux andalous, contemporains de Moïse Maïmonide [Moshe ben Maïmon (1138-1204)], andalou aussi, et presque contemporains de Saint Thomas d'Aquin  (1224-1274), quatre figures emblématiques de la tolérance et  de l’ouverture dans le domaine religieux. 

a. Ibn Roshd, le précurseur du Féminisme : 

 « Nous ne faisons pas assez pour l’épanouissement des femmes. Les considérer comme étant seulement aptes à enfanter et allaiter peut nuire à notre prospérité, alors qu’elles ont d’énormes capacités, que nous avons étouffées par la situation de dépendance dans laquelle nous les avons mises, et qu’elles peuvent contribuer efficacement à la vie de la cité.

N’oublions pas qu’elles constituent les deux tiers de l’humanité : si on laisse ces deux tiers vivre comme des plantes ou vivre en parasite sur le compte du tiers restant, cela ne peut que conduire nos cités à la ruine et au malheur ». 

Ce magnifique Texte d'Ibn Roshd  a été  traduit par moi-même, et ce, à partir du livre de Khalil Charf-Eddine Ibn Roshd, al-shu‘aa al akhir  [= Averroès, le dernier rayon de lumière] (Dar al-Hilal, Beyrouth, 1988).

b. Ibn‘Arabi, l’Amour est sa religion et sa foi :

« O merveilles, un jardin parmi les flammes !

Mon cœur devient capable de toute image :

Il est prairie pour les gazelles, couvent pour les moines,

Temple pour les idoles, Mecque pour les pèlerins,

Tablettes de la Thora et livre du Coran.

Je suis la religion de l’amour, partout où se dirigent ses montures,

L’amour est ma religion et ma foi »

Extrait de Le chant de l'ardent désir, choix de poèmes traduits de l'arabe et présentés par Sami-Ali (Sindbad, Paris, 1989).

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