Abdenour DZANOUNI

Akhénaton, fondateur du monothéisme
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« L’invention la plus diabolique de l’homme ? Le diable ! »
Nous avons vu dans un billet précédent le tollé soulevé par le jugement du Tribunal de Grande Instance de Cologne, prononcé le 26 juin 2012, qui avait considéré « la circoncision d’enfants comme coups et blessures volontaires passibles de poursuites pénales ». Ce jugement visait les turcs sans les nommer mais a touché les juifs sans les viser ! .Le juge allemand a réalisé le miracle d’unir des associations juives et musulmanes de toute l’Europe et au-delà, bientôt suivies par les églises catholiques et protestantes!
Que la guerre et la paix dans le monde tienne à un prépuce, nous laisse songeurs ! Qu’est-ce qui peut expliquer ce soulèvement et justifier la présentation d’excuses d’Angela Merkel aux gardiens circoncis du temple ?
Quelles sont les origines et les fondements prétendus de la circoncision et ceux d’autres croyances avec lesquelles il cultive des identités significatives remarquables.
Il en est de la circoncision, en Afrique du nord et au moyen orient, comme de la scarification et du tatouage pratiqués par des tribus amérindiennes, africaines, australiennes et asiatiques. Elle est la marque d’une identité communautaire et, dans le même temps, la marque distinctive d’avec les autres communautés. Cette double valeur faciale, identitaire et discriminante, se retrouve indistinctement dans les rites de toutes les communautés ethniques et religieuses.
À l’origine de la tradition, la circoncision était pratiquée par les prêtres égyptiens, sur eux-mêmes bien avant que les juifs et les arabes n’adoptent et ne s’approprient le rite. Etait-elle un rite résiduel du sacrifice humain, un acte symbolique où la dédicace de l’holocauste au Dieu est reconduite par le sacrifice du prépuce en préservant la vie humaine ? Elle constituait, en tout cas, pour la caste religieuse égyptienne, la marque d’un rite de passage de l’homme du statut de novice à celui de prêtre, parfois après une période d’initiation ou épreuve. Il était le signe de la qualification à l’exercice de la prêtrise et de l'intégration au pouvoir religieux. Ce pouvoir était dirigé par le roi pharaon, lui-même circoncis, et dont le pouvoir divin se manifestait, ultime représentation, par la possession du symbole de vie : le sceptre phallique.
Le rite de la circoncision veut que la marque dans la chair soit indélébile, à défaut de quoi, il perd son sens de signe de l’identité communautaire. Il est voulu, conçu et pratiqué dès l’origine comme un acte, une marque et un signe, identitaire et discriminant, irréversible. Et dans l’inconscient collectif, l’emprise du rite est encore plus puissante que celle du tabou alimentaire analysée dans des billets concomitants.
Abraham, ancêtre supposé commun des juifs et des arabes, qui, avec Sarah, séjourna en Egypte, aura observé ce rite propre à la caste des prêtres égyptiens. Il y vit la marque d’une élection, d’une accession à la proximité divine. C’est centenaire, qu’Abraham, se circoncis lui-même, selon la Bible écrite près de deux mille ans après cet événement. Il inaugura cette tradition pour toute sa descendance, juive par Isaak et arabe par Ismaël. Faut-il préciser que la circoncision n’est pas prescrite par le judaïsme ou l’Islam, mais par les tradition arabe et juive. Moïse, Jésus et Mohamed étaient circoncis non par décret religieux d’une des religions monothéistes mais par la tradition abrahmanesque. La circoncision était ainsi pratiquée par les juifs et les arabes. Les arabes étaient au début du premier millénaire, de diverses religions : la tribu des Rabea, entre autres, était chrétienne, les Houmayr, judaïque, les madjoucia adoraient le feu et les astres, les djahiliyin étaient idolâtres, les Bani Ismaël vouaient un culte aux pierres ... Tous juifs et arabes faisaient circoncire leurs enfants. Leur tradition est rattachée à l’ancêtre supposé commun: le prophète Abraham qui fut, selon la bible, le premier circoncis, mais qui obère l’héritage religieux égyptien. Les peuples qui se convertirent à l’Islam adoptèrent la circoncision non pas qu’elle fut religieuse mais parce qu’elle était de tradition arabe. Cheikh Abdel Baki est clair à ce sujet : « Être circoncis ne signifie pas être musulman et il n’est pas obligatoire d’être circoncis pour le devenir ».
Rendons au pharaon, ce qui appartient au pharaon et aux prêtres égyptiens ! Abraham leur emprunta le rite et, dix-huit siècles plus tard, les scribes de la thora lui en attribuèrent la fausse paternité. Ils racontent dans la Genèse que lorsque Abraham fut âgé de 99 ans, il eut une apparition alzheimerienne : « Dieu apparut et lui dit: « Toi tu garderas mon alliance, toi et ta postérité après toi, de génération en génération. Voici mon alliance : Quand il aura huit jours, tout homme parmi vous devra être circoncis. Vous circoncirez la chair de votre prépuce, ce sera le signe de l’alliance entre vous et moi. L’homme incirconcis qui n’aura pas été circoncis dans la chair de son prépuce, cet homme-là sera retranché de son peuple : il a rompu mon alliance. ». Et Abraham, ne demanda pas son reste et se circoncit lui-même à l’âge de 99 ans.
C’est sur ce mensonge hallucinant, et quelques autres « visions », que repose le mythe du peuple élu qui a pour mission divine de conduire l’humanité ovine sur terre. Mais la circoncision elle-même, est un signe, une marque, une trace de la substitution du sacrifice animal au sacrifice humain, et donc du passage pour des communautés humanoïdes du sacrifice humain au sacrifice animal. C’est le signe symbolique, la représentation théâtrale du sacrifice humain et la reconstitution pacifiée de l’holocauste dédié à la divinité. Cette marque d'émancipation de l'humanité se retrouve sous différentes formes, chez différents peuples et tribus appelés à se connaître.Mais des milliers d'années de cérémonies de circoncisions et de sacrifices d'animaux aux grands Dieux loin d'abolir les holaucostes humains, qui accompagnent les cortèges des guerres, les multiplient et les accroissent.
Qu’en est-il des Chrétiens en matière de circoncision ? Jésus était circoncis. Après que Paul ait quitté Corinthe, la communauté chrétienne composée des grecs incirconcis et des juifs circoncis se disputèrent sur les traditions à adopter et notamment au sujet de la circoncision. Paul leur écrit dans l’Epitre aux Corinthiens à ce propos: « Que chacun continue à vivre dans la condition que lui a assigné le seigneur, tel que l’a trouvé l’appel de Dieu. C’est ce que je prescris à toutes les églises. Quelqu’un était-il circoncis lors de son appel ? qu’il ne se fasse pas de prépuce. L’appel l’a-t-il trouvé incirconcis ? qu’il ne se fasse pas circoncire. La circoncision n’est rien. L’incirconcision non plus ; ce qui compte, c’est d’observer les commandements de Dieu. Que chacun demeure dans l’état où l’a trouvé l’appel de Dieu. » (EC, 7, XVII à XX) . Voilà comment, les chrétiens, dès la deuxième génération après Paul, gardèrent leur prépuce jusqu’à nos jours.
Le rite de la circoncision a pour équivalent le baptême chrétien, qui, commun à toutes les églises, se fait, selon les églises ou les époques, par aspersion ou par immersion, sur des petits enfants ou sur des adultes, mais, pour toutes les chapelles, l’immersion représente symboliquement la mort, puis la purification et enfin la renaissance. Ce qui rejoint la représentation théâtralisée du sacrifice humain dont il est, comme le rite de la circoncision, la trace et le symbole. Il est aussi, selon la religion chrétienne, l’acte solennel par lequel le baptisé signe son alliance avec la communauté et sa soumission à son Dieu et ses commandements. « Personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu sans avoir contracté cette alliance (le baptême) car point de salut hors de l’église ! » Cet ostracisme pour le non baptisé trouve son équivalent dans le décret de la genèse, cité plus haut : « l’homme incirconcis qui n’aura pas été circoncis dans la chair de son prépuce, cet homme-là sera retranché de son peuple : il a rompu mon alliance. ».
À l’origine de la circoncision hors des communautés religieuses juive et musulmane, il y a la dimension médicalisante, d’hygiène et de prophylaxie de cet acte. Ainsi, la moitié environs des anglo-saxons de différentes églises sont circoncis pour raison médicale avouée. Là encore, la polémique n’est pas sans intérêt, au vu des opinions divergentes nombreuses sur le sujet exposées dans de nombreux ouvrages, plus sérieux les uns que les autres et traitant de ce volet sanitaire.
LA SCARIFICATION, LE SIGNE ET LE SENS

L’ethnologue Luis Donisete Benzi Grupioni, de l’Université de Sao-Paulo, dit des Indiens Xikrin du Brésil qu’ils « possèdent des peintures corporelles parmi les plus belles. Ces dernières parlent un langage extrêmement sophistiqué qui n’est d’ailleurs compris qu’au sein de ce groupe. Véritables « peaux sociales », elles expriment en effet des moments de réunion collective, scandent des rites de passage (la puberté, le premier enfant, le deuil…) ».
Il est toujours hasardeux de forcer les généralisations mais en filigrane des particularismes de substance et de forme, des légitimations religieuses ou médicales, les pratiques et cérémonies rituelles participent d’une politique sociale commune à toutes les entités ethniques.
Elles expriment manifestement un trauma résiduel de l’holocauste aux divinités anciennes. Elle le reproduit de cette manière sanglante pour être ainsi au plus près de la dramaturgie originelle. Elle participe de la catharsis recherchée à travers la vue du sang déversé et dont la tête de l’enfant est ointe et par l’exorcisme des « démons meurtriers » qui sous-tendent le rite de la circoncision.
Le sang versé est dédié aux Dieux, la fête réunit la famille et les proches. Le scarifié, comme le circoncis ou le baptisé, est, par ce rite, intégré dans la communauté de manière quasi définitive. Et ceux qui n’ont pas été soumis au même rituel sont soustraits ou interdits d’accès à la communauté. Cette double valeur faciale du rite, identitaire et discriminante, est au cœur des stratégies de conquêtes élaborées par les communautés : établir le lien identitaire indélébile entre ses membres et simultanément affirmer, par la différence, l’exclusion de l’autre : le barbare, l’infidèle, l’hérétique…
Les mêmes pratiques codifiées sont adoptées par les gangs criminels de tout continent. Et partout, La diabolisation de l’autre, la fabrication du barbare, précède, prépare et accompagne les entreprises prédatrices des biens et des hommes que sont les guerres de conquête et de rapine. Quelles soient au niveau des quartiers ou des continents !
AD
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Paris Rèp
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