Les stratégies agressives de la Fed pour éviter un effondrement des marchés depuis 2008 ont contribué à créer une bulle financière avec un décalage croissant entre l’économie de marché (surévaluée) et l’économie réelle (affaiblie).
Selon les Echos : « une bulle financière ou bulle spéculative correspond à une situation où le cours des titres augmente fortement et atteint des niveaux jugés, par une petite minorité de personnes lucides, comme globalement excessifs en comparaison avec la valeur réelle des actifs. Elle s'achève généralement par un éclatement de la bulle et une baisse rapide des cours ».
Les mesures financières stimulantes d’« helicopter Ben » ont consisté à injecter de plus en plus de dollars sur le marché (des milliers de milliards), à racheter des dettes publiques et à abaisser de manière conséquente les taux d’intérêts favorisant le maintien à flot de l’économie US et mondiale dans une économie capitaliste.
Le Figaro dans un article de mai 2013 (La Fed s'inquiète du risque de bulle financière) évoquait déjà l’impasse dans laquelle se trouvait la Fed en termes de stratégie monétaire « la politique monétaire ultra-stimulante de la Réserve fédérale américaine engendre des risques croissants de bulles financières. Cette critique, adressée à la Banque centrale depuis des mois, est prise très au sérieux par Ben Bernanke, le patron de la FED ». Cette stratégie de perfusion de l’économie à coups de création de monnaie a rendu les marchés, les banques et les Etats complètement accro à l’argent facile balancé du haut de l’hélicoptère. Il reste à savoir comment réaliser le sevrage sans trop de signes de manque dévastateur. Le risque de krach n’est pas à écarter selon certains économistes si la bulle venait à éclater. Ainsi les autorités US s'inquiètent d'une défaillance en chaîne de fonds d'investissement, qui seraient incapables de faire face à une chute soudaine de certains prix, donc de rembourser les banques car plus personne ne serait en mesure de supporter une augmentation même faible des taux d'intérêt. Scénario qui pourrait se réaliser lorsque la Fed abandonnera ses mesures financières « ultra-stimulantes ». Certains évoquent un risque de "Krach obligataire". C'est-à-dire une envolée soudaine des rendements, résultant d'une défiance du marché. Les États qui ne sont plus perfusés par les banques centrales risquent fort de faire faillite dans la mesure où les taux d'intérêt grimperaient de façon importante et c’est tout un système économique et ses banques qui seraient mis à mal. Hors la Fed qui envisage de changer de stratégie ne peut le faire que si l'économie repart avec une croissance suffisante ce qui est loin d'être le cas. En même temps prolonger cette politique monétaire d’impression de billets pourrait renforcer l’inflation dans un certain nombre de pays.
L'hyperinflation est caractérisée par une inflation supérieure à 50% par mois avec une dévaluation énorme de la masse monétaire et une hausse instantanée des prix des biens à la consommation. Concrètement, un tel taux signifie que les prix doublent en l'espace de quelques jours, voir dans les situations plus aigus en quelques heures. A ce rythme, pas question de traîner sur la route de la boulangerie si l'on veut manger à sa faim ! Surtout, l'hyperinflation tue la notion même d'épargne, tout argent "mis de côté" voyant sa valeur fondre comme neige au soleil.
La déflation quant à elle est caractérisée par l'effet contraire avec une baisse de l'indice des prix observée sur plusieurs trimestres et aboutit au prolongement de la récession économique.
Si l’inflation aux USA semble contrôlée, le risque d’aggravation n’est pas négligeable tant que la Fed n’aura pas trouvé d’autres façons de maintenir artificiellement à flot les marchés par l’utilisation chronique de la planche à billets à des niveaux jamais vu. Les baisses des cours des métaux précieux ont été considérés par certains comme une protection ultime contre l’inflation. Est-ce le dernier atout de la Fed ?
Globalement, nombre d’experts considère que les économies des USA et de GB sont exposées à un risque d'inflation croissante potentiellement d’hyperinflation tandis que les économies européennes à un risque de déflation.
Dans l'UE le risque de déflation est de plus en plus évoqué. Si l'inflation reste élevée en zone euro, près de 3% en 2012, elle semble ralentir ces derniers temps contre toute attente.
En effet la hausse de la dette publique, la baisse du PIB, une baisse des exportations avec des capacités de production sous-utilisées, un taux élevé de chômage peuvent amener une baisse des salaires moyens avec un risque de déflation salariale. La baisse des salaires entraînerait alors une baisse importante de la consommation se répercutant sur une baisse des prix durables et une diminution des investissements au risque de tuer toute activité économique. Cette déflation a pour effet de plonger alors les pays dans une récession économique durable. "La divergence entre la première économie mondiale et le Vieux Continent devient très inquiétante. Au même niveau il y a 20 ans, le revenu disponible des ménages américains est désormais 71% plus élevé que celui des européens. On assiste ainsi aux prémices d'une déflation par le revenu." selon un expert de Boursier.com.
Cette déflation par le revenu a déjà commencé en Grèce, au Portugal, en Espagne créant une concurrence déflationniste et risque de se propager en Italie et en France. A cela s’ajoute la pression déflationniste japonaise qui exporte à bas prix des biens tout en protégeant son marché par l’injection massive de liquidités. Résultats des courses : il y a une concurrence interne à l’Europe, les pays avec des salaires en baisse deviennent plus concurrentiels et imposent aux pays frontaliers de suivre la mesure tandis que l’UE se retrouve être l’amortisseur des pays créateurs de monnaie (Japon, Grande-Bretagne, USA). Les produits exportés par le Japon et les USA sont devenus beaucoup plus compétitifs qu'ils ne l'étaient et les industries européennes avec une monnaie forte, une politique d’ajustement structurel et d’austérité ne semblent pas pouvoir faire face.
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Billet de blog 7 juin 2013
La Bulle financière et son destin
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