Mardi 30 septembre 14 - L'extrême droite locale ne suffisait pas, traditionnellement éparpillée mais agressive et amplement couverte par les institutions espagnoles fruit de l'auto-réforme du régime franquiste. Maintenant s'y met aussi Casapound.
Laquelle depuis quelques temps, est engagée dans une vraie et propre campagne sur le sol ibérique avec l'objectif d'exporter son modèle d'organisation fasciste et hérétique, basé sur les soi-disant 'occupations non conformes' et sur une activité récréative et identitaire à la fois, qui singe les symboles et les slogans de l'extrême gauche dans la tentative d'attirer des jeunes inquiets et confus prenant la propagande de l'extrême droite pour un message révolutionnaire et anti-système. Ainsi quelques franges du néo-fascisme ibérique ont récemment lancé leur occupations, dénommées 'Hogares Sociales', dans quelques villes du Royaume.
Après la faillite de l'occupation dans le quartier madrilène de Tetuàn, les 'naziflautas' - comme les appelle une certaine presse espagnole en mettant l'accent sur leur caractère 'freak' - samedi dernier les émules de Casapound se sont réunis à Santander, en Cantabria, dans la tentative d'imposer un tournant à leur stratégie de pénétration dans certains territoires identifiés comme fertiles pour l'ensemencement de leur casemates 'non conformes'. Et pour l'occasion, les "camerati" ibériques ont eu l'honneur de la présence de Gianluca Iannone, arrivé de l'Esquilino pour participer au festival 'Galerna 2014' organisé formellement par l'Association Culturelle Alfonso I - couverture du dissous Front National - pour illustrer en personne les techniques d'enfoncement parmi les jeunes à la recherche de 'sensations fortes'. Iannone, selon le programme officiel de la fête néofasciste, a traité de thèmes comme celui des 'modèles alternatifs de financement et organisation' tout en illustrant amplement l'histoire plus que décennale de l'expérience romaine de Casapound, par la suite élargie dans toute l'Italie et ayant atteint maintenant la péninsule ibérique.
Un autre hôte d'exception de la kermesse a été Alberto Sanchez, conseiller communal à Hospitalet de Llobregat d'un regroupement catalan d'extrême droite - mais nationaliste espagnol, naturellement - connu comme Plataforma per Catalunya (PXC), de retour d'un voyage en Ecosse pendant lequel, a-t-il écrit sur son compte facebook, il a exulté pour la défaite des défenseurs de l'indépendance avec Ariadna Hernandez, jeune coordinatrice du mouvement espagnol de l'ultra-droite Vox, né il y a peu de mois d'une scission du Partido Popular. Sanchez est arrivé en Cantabrie non pas tellement comme représentant d'un mouvement xénophobe qui, dans les dernières années a conquis d'importants consensus dans quelques villes catalanes, mais comme animateur du 'centre social' Casal Tramuntana, dans le quartier de Clot à Barcelone, depuis lequel pendant des années sont parties les expéditions des néofascistes contre les immigrés, les gays et les activistes de gauche. En juin dernier, à cause des protestations des coordinations anti-fascistes et des habitants du quartier, la Mairie a enfin décidé de les expulser, mais les néo-fascistes ont trouvé un nouveau siège dans un autre quartier où organiser des raids et des kermesses identitaires. Le petit duce de PlataformaXCatalunya, expliquait le programme de 'Galerna 2014', a entretenu le public sur le sacré rôle de 'contraster la peste séparatiste de la tranchée catalane'….
A un autre catalan - Enrique Moreno - le but de présenter le projet "Agro pound", qui vise à réaliser une sorte de 'communauté agricole sociale identitaire' (!) pour singer les communes rurales que des traditions de la gauche ont produit dans les dernières décennies. Ceux qui par contre préfèrent la ville à la campagne auront apprécié l'intervention de Mapi Martin, représentant du Mouvement Social Républicain et membre de la 'Hogar Social' de Saragosse, local né il y a quelques années sur l'exemple de Casapound dans le chef-lieu aragonais, actif dans la distribution de nourriture et de médicaments mais seulement aux espagnols de 'race pure' et au centre de nombreuses protestations pour les agressions parties justement de l'occupation 'non conforme' que les mouvements antifascistes de la ville demandent en vain de fermer. A leur faire de la compagnie, mais avec la queue entre les jambes, il y avait aussi les gros bras de l'Hogar Social de Tetuàn (Madrid) intitulé par l'idéologue fasciste Ramiro Ledesma, évacué amicalement par la police juste une semaine auparavant, le 19 septembre.
Jusqu'à la fin les fascistes locaux, tout en tapissant Santander et les localités voisines d'affiches qui sponsorisaient leur initiative, se sont bien gardés d'en révéler la 'location' (en anglais), afin d'éviter des contestations et des protestations. Mais quelques jours avant le début de la convention les activistes de l'assemblée Antifasciste de la Cantabrie - un des territoires les plus noirs de tout l'Etat Ibérique - ont découvert que la convention nazie aurait eu lieu dans une salle de l'Hôtel NH de Santander, et ont donc invité leurs sympathisants à bombarder la direction de l'hôtel avec des mails et des coups de téléphone qui demandaient de nier l'hospitalité à des extrémistes de droite.
Déjà en juin 2013, un autre hôtel, l'Hôtel Silken toujours de Santander, à cause des protestations d'un mail bombing massif à la fin retira l'hospitalité aux néofascistes qui voulaient organiser une rencontre nostalgique entre vieux et nouveaux extrémistes provenant de plusieurs régions espagnoles.
Et c'est ce qui s'est passé aussi en cette occasion, vu que la propriété de l'NH est revenue sur sa décision et les fascistes ont été obligés de se chercher une autre place, tout en finissant au très luxueux - et très cher (qui les paye ?) - Hôtel Hoyuela du chef lieu cantabre, pendant qu'une centaine d'antifascistes manifestaient contre l'arrivée en ville des fascistes, qui à la fin ne dépassaient pas la cinquantaine. Non conformes et du troisième millénaire, mais toujours des fascistes.
Marco Santopadre
Contropiano.org
http://contropiano.org/internazionale/item/26602-spagna-casapound-in-trasferta-per-estendere-le-occupazioni-nere