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Billet de blog 5 juin 2015

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Bombardements ukrainiens sur le Donbass, de nombreux morts

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4.06.15 - Si, dans les bureaux de la rédaction de certains journaux italiens, lors de la déclaration des nouvelles de la guerre et de combats, la règle - nous ne savons pas si elle est juste : ni politiquement, ni journalistiquement - est celle de "il n'y a ni bons ni méchants", la plupart des journaux nationaux affrontent par contre la question d'une manière plus directe: nous sommes toujours avec les "nôtres". 

Contropiano.org

par Fabrizio Poggi

Si  "les forces armées ukrainiennes ont été contraintes d'apporter les pièces d'artillerie qu'ils avaient auparavant retirées", ceci est pour "face à l'offensive lancée par les séparatistes pro-russes." Que Kiev n'ait jamais retiré son artillerie lourde à la distance fixée par les accords de Minsk en février dernier, apparaît aux médias comme une question secondaire. De la même manière qu'il semble secondaire le fait que Donetsk ne soit pas, comme l'on écrit en Italie, "désormais depuis de nombreux mois le bastion des rebelles", mais constitue, avec Lugansk, l'une des deux capitales régionales de l'Ukraine, dont la population, dans son ensemble, depuis seize mois s'oppose au coup d'Etat euro-états-unien des Porošenko-Jatsenjuk-Turcinov et depuis quatorze résiste armes à la main à l'agression militaire de Kiev contre la population civile et, par conséquent, n'ait jamais cessé d'être la cible de l'artillerie gouvernementale.

 
Le fait est que depuis quelques jours, avec une intensité croissante, il y  a eu la reprise des combats dans le Donbass et les civils, ensemble et plus que les militaires, continuent à mourir sous les bombardements.

L'important, pour certains journaux, est d'écrire que si les victimes sont des soldats gouvernementaux ou des mercenaires des bataillons néo-nazis, les balles sont sans équivoque "rebelles"; si les victimes sont des civils, les balles semblent avoir une origine surnaturelle: vous ne saurez jamais par qui elles auront été tirées !

 
Mais même les observateurs de l'OSCE confirment ce qui a été dénoncé par le Ministère de la Défense de la République Populaire de Donetsk: dans les dernières 24 heures, les troupes ukrainiennes ont ouvert à 58 fois un feu intense de l'artillerie lourde, des mortiers et des chars sur certains quartiers de Donetsk, sur d'autres centres habités de la région plus ou moins peuplés, des complexes industriels et des mines. Seulement dans les dernières 24 heures on enregistrerait 24 décès, produits principalement par des tirs ukrainiens sur les immeubles de Donetsk. Avant la poussée soudaine d'hier, depuis le début de cette semaine les morts parmi les miliciens et les civils de la République avaient été toutefois déjà plus de 20 et le nombre des blessés avait dépassé les soixante-dix. Heureusement, au cours de la nuit, ont été remontés à la surface les plus de 300 travailleurs de la mine de Skočinskij (près de Donetsk) qui, à la veille, avaient été pris au piège dans le puits en raison des bombardements du gouvernement. Frapper pour la plupart des cibles civils semble être, désormais depuis plus d'un an, la forme spécifiquement gouvernementale pour affirmer les "préoccupations" de Kiev pour "sa propre population".

 
Est-ce un hasard, mais la nouvelle intensification des bombardements a coïncidé avec le début, lundi dernier, des énièmes manœuvres - la série, qui a commencé depuis quelques mois, ira jusqu'à l'automne prochain: avec des noms différents et des endroits différents, mais toujours en étroite à proximité des frontières russes - "Saber Strike" dans les pays baltes et en Pologne. En font partie 6000 soldats de 13 pays membres de l'OTAN ou partenaires de l'Alliance atlantique. Pour sa part, le président de la Commission des Affaires Etrangères de la Douma russe, Alexei Puškov, relie le resserrement de la situation dans le Donbass - dont on fait tomber inévitablement toute responsabilité sur Moscou - à l'approche de la date à laquelle l'Union européenne se prononcera sur la confirmation des sanctions contre Moscou jusqu'au mois de janvier ici 2016. 


En tout cas, le sous-ministre de la Défense de la DNR, Eduard Basurin, a déclaré que les milices avaient réussi hier, "grâce au dévouement et, dans certains cas, à leur sacrifice", à arrêter l'offensive qui avait suivi les bombardements lourds avec lesquels les troupes de Kiev, depuis Krasnogorovka, ont frappé d'abord les positions de DNR et, plus tard, le terrain occupé par les gouvernementaux mêmes autour de Marjinka. Après cela, on a ouvert le feu également depuis Marjinka, a déclaré Basurin "comme pour répondre à ce premier bombardement", tout en orientant en réalité les tirs sur Donetsk; ainsi, la ville s'est retrouvée sous le feu provenant soit de Krasnogorovka, soit de Marjinka. Selon Basurin, "il n'y a pas de doutes quant à la provocation planifiée depuis un certain temps par Kiev", de sorte que, sous le couvert de ces tirs d'artillerie, deux compagnies de chars et environ trois cents soldats ont attaqué de Novoselovka en direction de Marjinka et Krasnogorovka, tout en "justifiant" ainsi, devant les parrains euro-américains, "le déploiement de l'artillerie, interdite par les accords de Minsk, vers la périphérie de Donetsk, en préparation d'un assaut sur la ville."

 
Pendant ce temps, au moment où à Donetsk on décompte une centaine de blessés, dans Marjinka d'autres morts parmi les civils vont s'ajouter à la liste des victimes - les derniers chiffres de l'ONU, trop optimiste, parlent de 6417 morts et environ 16000 blessés - sous les bombes qui, en frappant les bâtiments publics, les hôpitaux, les écoles, les quartiers peuplés du Donbass, ont une précise fonction terroriste et une position de lancement sans équivoque. Tout au long de la journée de mercredi, en commençant mardi soir au tard, les observateurs de l'OSCE ont signalé une fréquente  succession de mouvements de chars, de l'artillerie lourde et des bombardements par le gouvernement sur Marjinka. Les plus touchés, avec Donetsk, Marjinka et Krasnogorovka, même Širokino, Gorlovka, Spartak. Le ministère de la Défense de la DNR déclare, cependant, que celle qui entoure Marjinka est une "bataille localisée", qui devrait ouvrir la voie à une offensive plus sérieuse de la part du gouvernement et que, en tout cas, "les milices n'ont pas l'intention de lancer une offensive dans cette direction", étant donné que la ville de Marjinka est déjà un territoire de la DNR.

 
Par ailleurs Kiev, pour les opérations de guerre dans le Donbass, semble devoir compter de plus en plus sur les troupes d'élite (bataillons blindés et d'artillerie en plus de mercenaires), étant donné les résultats désastreux des cinq mobilisations successives lancées plus tôt cette année. Même la plus récente semble avoir eu des résultats désastreux: dans la région occidentale de Lviv seulement trois jeunes, parmi ceux qui ont reçu la lettre d'appel au front, se seraient présentés au district militaire. Il est vrai que l'appel se terminera le 8 juin, mais les autorités militaires ne prévoient pas de pouvoir recruter qu'un tiers tout au plus des appelés. Une fois de plus, comme dans tous les mois depuis janvier dernier, il y aura une fuite du pays des jeunes qui tentent d'échapper à l'appel et que le conseiller présidentiel Jurij Birjukov avait en son temps défini des "bêtes" et "chiens lâches". Des jeunes qui, selon les chiffres de l'UE, ne semblent pas être les seuls à quitter en masse l'Ukraine. En plus d'environ deux millions et demi qui ont déjà obtenu l'asile en Russie, dans les pays de l'UE, ainsi que en Suisse et en Norvège, les réfugiés ukrainiens constituent la grande majorité de ceux qui viennent d'Europe de l'Est. L'Ukraine, affirment-ils à l'UE, avec la Syrie, l'Érythrée, l'Irak, la Somalie et le Nigeria, fait partie du groupe des six pays ayant les pires indicateurs de "bien-être"; mais les pays européens n'accordent pas volontiers aux Ukrainiens le statut de réfugié : si celui-ci est accordée à 95% des Syriens ou à 89% des Érythréens, pour les Ukrainiens il ne pas dépasse 22%. 


Pendant ce temps, revient à l'honneur - mais pas pour nos propres médias - la question du Boeing malaisien abattu juillet dernier dans le ciel de l'Ukraine. On pourrait dire que le silence de l'Ouest apparaît comme un aveu explicite de l'absence absolue du moindre prétexte pour continuer à accuser de l'abattement les milices du Donbass et, inversement, du même manque absolu de prétextes pour "absoudre" l'aviation ou les piles batteries de roquettes surface-air gouvernementales qui, le jour de la tragédie, occupaient la zone autour de Zaroščinskoe, depuis où, selon les experts de la russe "Almaz-Antej" (l'établissement constructeur de systèmes de systèmes de missiles anti-aériens), serait parti le missile "Buk-M1" qui a frappé l'avion civil malaisien avec environ trois cents passagers à bord.

 
Mardi dernier, le représentant de "Almaz-Antej", avait tenu une conférence de presse à Moscou, montrant des centaines de journalistes russes et étrangers, la reconstruction de l'impact possible de la fusée avec le cockpit du Boeing, compatible avec les traces trouvées sur les restes de l'avion. Le Comité d'enquête russe envisage maintenant les preuves fournies par "Almaz-Antej" et, dans le même temps, la télévision russe a montré des extraits de l'interrogatoire de l'ancien militaire ukrainien - dont est fournie maintenant l'identité, malgré que ses déclarations aient été diffusées il y a plusieurs mois - Yevgeny Agapov qui ce 17 juillet 2014 était en service comme mécanicien à la base aérienne où l'escadron A4465 est stationné. Agapov, réfugié ensuite en Russie, a toujours affirmé avoir vu décoller trois chasseurs Su-25 armés de roquettes; deux auraient été abattus, tandis que le troisième, piloté par le capitaine Voloshin, à son retour à la base était dépourvu de munitions et le pilote, en descendant de l'avion, aurait déclaré "ce n'était pas le bon avion". En ce moment à Moscou, sont examinées les deux versions : soit celle de l'abattement du Boeing par un missile sol-air soit celle de la fusée lancée depuis le chasseur ukrainien.

 
Mais cela ne fait aucune différence pour le Département d'Etat américain qui, par la bouche du porte-parole Marie Harf, continue à tenir pour responsables de l'abattement les milices du Donbass. Pour l'instant, vous n'entendrez ni ne lirez rien à ce sujet sur les médias de chez nous.

source : 

http://contropiano.org/internazionale/item/31143-bombardamenti-ucraini-sul-donbass-molti-morti

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