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Billet de blog 11 janvier 2015

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Après Paris. La Libye sera-t-elle la première cible de la fureur européenne ? par Alessandro Avvisato

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11.01.15 - L'Italie est prête a donner sa contribution pour une solution de la crise libyenne, en premier lieu à travers l'instrument politique et de la négociation, mais elle n'exclut pas  un engagement militaire sous l'égide des Nations Unies dans le cas où il s'avérait nécessaire intervenir par un "peace keeping renforcé". Le scénario interventionniste en Libye, déjà anticipé par le ministre des Affaires Etrangères Gentiloni le 26 novembre dernier, a été confirmé aujourd'hui par le sous-secrétaire délégué à l'intelligence Marco Minniti dans l'émission dominicale de Lucia Annunziata.

Pendant que sur le fond défilaient les images de la manifestation parisienne suite au massacre à la rédaction de Charlie Hebdo et puis dans les rues de la capitale française, Minniti a fait clairement entendre que le premier pas sur le front extérieur de la réaction des gouvernements européens aux faits de Paris (front intérieur) sera précisément celui vers la Libye, déjà bombardée et déstabilisée par la France et l'Italie en 2011. Tandis que sur le front intérieur, celui destiné à combattre celui qu'il a défini le "terrorisme moléculaire" il a explicité le retour à la délation de la part de la population - ennobli par le terme de mobilisation de l'opinion publique - dans la lutte au terrorisme, comme cela eut lieu en Italie dans les années 70.

Mais sur le front extérieur, l'option interventionniste en Libye plusieurs fois préconisée par Matteo Renzi - surtout suite aux colloques avec le chef du nouveau régime égyptien le général Al Sisi - profiterait du soutien des Usa, de la France, de l'Allemagne, de l'Espagne, du Royaume Uni, de l'UE et de l'Onu pour affronter avec fermeté la situation en Libye. Le 9 décembre les différentes âmes du scénario libyen désagrégé ont essayé de revenir à la table des négociations avec la médiation de l'Onu, mais sans succès. Sous peu il devrait y avoir une nouvelle étape de négociations de conciliation nationale à Genève a fait savoir Minniti, mais si cela devrait produire des résultats, on passera à l'option peace keeping renforcé. Donc les moteurs des jets français et italiens peuvent commencer à chauffer pendant que les contingents des troupes terrestres sont alertés.

L'Italie avec la France et l'Allemagne reste parmi les principaux importateurs de brut libyen et l'unique importateur de gaz. Surtout après que suite à l'endommagement de l'usine de liquéfaction de Marsa al-Brega, le gazoduc Greenstream qui relie Mellitah à Gela en Sicile, reste le seul canal de fourniture encore en fonction, bien que de manière intermittente, tout en faisant de l'Italie le seul bénéficiaire du gaz libyen.

Deuxièmement, Frontex, l'agence européenne pour la gestion des frontières extérieures, affirme que la Libye est l'un des lieux dans lesquels s'origine la Central Mediterranean Route, la route migratoire de la Méditerranée centrale qui voit l'Italie comme le principal point d'arrivée.

Après les deux massacres de Paris l'agitation qui investit les chancelleries européennes, Paris et Rome surtout, ce qui préoccupe - et crée des conditions idéales dans la mobilisation belliciste de l'opinion publique - est aussi l'augmentation du phénomène terroriste et du risque associé à l'explosion des tensions libyennes.

"Le risque de terrorisme est particulièrement significatif dans toute l'Afrique du Nord, où la naissance de différentes formations et leur affiliation à l' "Etat islamique" auto-proclamé fait croitre les craintes pour une rapide détérioration des conditions de sécurité" écrit la newsletter de l'Institut des Affaires internationales, le think tank stratégique italien, "cela est particulièrement évident en Egypte : à la recherche d'une légitimité interne, le régime du président Abdel Fattah Al Sisi est préoccupé pour la convergence entre les groupes terroristes libyens et égyptiens". L'Egypte en effet, avec laquelle Renzi a eu deux colloques à des dates rapprochées, auparavant au Caire et puis à Rome, selon Affaires Internationales ne s'est pas limité à proposer des solutions pour la crise libyenne, en cherchant à exclure les islamistes et impliquant à un niveau diplomatique les principaux acteurs régionaux (comme on peut le déduire des récentes visites d'état du président Al Sisi à Rome et Paris), "mais aurait aussi pris part au conflit. Nonobstant les démentis, l'Egypte a été en effet accusée d'avoir offert du soutien logistique aux opérations aériennes des Emirats Arabes Unis effectuées le mois d'octobre à Benghazi en support aux milices du général Khalifa Haftar, engagées dans l'opération Karama (dignité) contre les islamistes". Al Sisi, récemment en plus que en Italie, avait eu des colloques sur cela aussi pendant sa visite en France.

La Libye est devenue un champ de bataille entre les différentes puissances régionales. L'Egypte est l'un des principaux acteurs impliqués avec l'Arabie Saoudite et les Emirats pour contraster le soutien que le Qatar et la Turquie offrent aux milices islamistes. Depuis différents mois en outre, l'Algérie est en train d"offrir d'héberger une rencontre entre les différentes factions libyennes impliquées dans la crise. L'Italie et les autorités algériennes en ont discuté le 2 décembre dernier pendant la visite de Renzi à Alger. 

Alessandro Avvisato

http://contropiano.org/politica/item/28517-dopo-parigi-la-libia-primo-target-del-furore-europeo

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