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Billet de blog 11 juin 2015

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Le G7 aux pieds des Usa. Encore des sanctions à la Russie - L'offensive nazie dans le Donbass met en crise même Merkel

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9.06.15 - Le G7 a étendu les sanctions contre la Russie : elles seront annulées seulement dans l'éventualité d'une application intégrale des accords de Minsk, dont la non conformation ou la violation ouverte, devrait-on lire même pas tellement voilées, seraient la faute du Kremlin. Une faute, comme on nous le raconte le TG2 (journal télé de la 2e chaîne publique italienne, ndt), qui a conduit à l' "exclusion de la Russie du G7 après la guerre en Ukraine" : comprenne qui pourra !

Contropiano.org

par Fabrizio Poggi 

Ainsi, après les pots de bière bavaroise, Obama a déclaré que les sanctions anti-russes seront prolongées au-delà de leur terme actuel, jusqu'au moment où en Ukraine orientale on n'aura pas atteint l'armistice. Et l'artillerie de 122 mm et les fusées Uragan de Kiev sont là juste derrière la ligne de démarcation à frapper Donetsk et Gorlovka, 'tirant raisonnablement' * sur les accords de Minsk et sur tout espoir d'armistice. Mais à Kiev "il y a des hommes d'honneur", dirait aujourd'hui Marc Antoine, aux obsèques non pas de César, mais plutôt de la paix dans le Donbass, de sorte que les sanctions doivent frapper Moscou, bien que, pour l'heure, elles ne seront pas aggravées, comme l'avait demandé quelqu'un parmi les 7. "Ces derniers jours nous avons vu que les forces russes continuent d'agir en Ukraine orientale" a assuré Obama pour ceux qui n'avaient pas vu, "en violant l'intégrité souveraine du pays et son unité territoriale", de sorte que "chaque membre du G7 continue à maintenir les sanctions contre la Russie pour son agression contre l'Ukraine".

En vérité, parmi ceux qui n'avaient pas vu, il y avait tous ceux qui avaient enregistré la soudaine et lourde offensive des troupes de Kiev contre Krasnogorovka et Marjnka, commencée le 3 juin dernier, justement à l'approche du sommet de Bavière. Mais à Kiev il y a des "hommes d'honneur" et par conséquent les sanctions pour la violation des accords de Minsk - Porochenko avait personnellement informé les "parrains" occidentaux du rapprochement de l'artillerie à la ligne de démarcation, contre ces accords - frappent Moscou. Et même Angela Merkel, qui à la veille du sommet en brasserie, avait parlé de l'exigence d'impliquer la Russie sur la question ukrainienne, a estimé de devoir dire, peut-être pour hâter une telle implication, que "nous sommes prêts à renforcer les sanctions, si la situation le rendra nécessaire", certaine que, pour une telle nécessité (jusqu'à ce qu'elle ne devienne étouffante pour l'Europe elle-même) un Porochenko et un Turchinov du moment seront de toute manière à portée de main.

Bien sûr, il y a aussi ceux qui s'étonnent, surtout parmi nos propres médias, si depuis le Ministère des Affaires Etrangères à Moscou on annonce que la Russie se réserve le droit de réagir à des démarches peu amiables entreprises par l'administration Obama pour un gel des contacts, pour les sanctions destinées à affaiblir l'économie russe et à en exacerber la situation politique interne. "Le retour à une condition acceptable dans les rapports entre la Russie et les Usa est possible seulement par la fin des attitudes et des actions hostiles de Washington contre Moscou" : ceci le point crucial du rapport de la Place Smolenskaya (où siège le MID, le Ministère des Affaires Etrangères russe) intitulé "Sur les  principaux résultats de l'activité du Ministère pour 2014 et les tâches pour le moyen terme", dont une synthèse  a été rapportée hier par l'agence Tass. Dans le même temps, le rapport du MID affirme que la Russie continue à être prête pour un dialogue constructif avec l'Union Européenne, dans l'intérêt du projet d' "Intégration de l'intégration", dans la perspective d'un espace économique et humanitaire unique, depuis l'Atlantique à l'océan Pacifique. Pour ce qui concerne le renforcement du potentiel militaire de l'Otan et la réalisation de son système mondial de bouclier anti-missile, la Russie se réserve le droit d'assumer des mesures garantes de sa propre sécurité. Cela est également valable en ce qui concerne la présence de plus en plus étendue de l'Otan en Europe orientale, dans les Etats Baltes, dans les bassins de la Mer Noire et de la Baltique.

Ponctuel, justement depuis la Baltique, est arrivée l'avertissement lancé à l'Occident par le Ministre des Affaires Etrangères lituanien, Linas Linkevicius, de ne pas poursuivre la normalisation des relations avec la Russie.

D'ailleurs, sur le front des relations avec les "Big" de l'Occident, depuis le Kremlin déjà hier était intervenu le porte-parole présidentiel, Dmitri Peskov, lequel, à propos de la "discussion : ont-ils invité ou non, inviteront-ils ou non Poutine" au G7, a répété que "le Président est en train de se concentrer davantage sur d'autres formats, qui refléteront plus efficacement la disposition réelle des forces dans l'espace économique mondial". Comme le G20, pour être explicites, souligne l'agence Tass.

Dans ce cadre global, l' "homme d'honneur" majeur à Kiev, le président Porochenko, a signé hier cinq lois qui sanctionnent la rupture des accords de coopération militaire signés en 1995 entre l'Ukraine et la Russie ; parmi ceux-ci, le plus important et portant à conséquences, est celui sur le transit à travers l'Ukraine du contingent russe de paix et de son approvisionnement et fourniture en Transnistrie, dans la zone tampon entre celle-ci et la Moldavie.

Comme par hasard, juste en même temps que la ligne de "fermeté atlantique" inaugurée par le néo-gouverneur Otan-ukrainien d'Odessa, l'ex président géorgien recherché Mikhaïl Saakachvili. Nouvellement nommé en charge - et rebaptisé de nationalité ukrainienne - par Porochenko, pendant qu'il se baladait dans les rues de celle qui fut la capitale de l'émigration blanche post-révolutionnaire, en train de se faire photographier en volant des crèmes glacées aux enfants, il a promptement "démasqué" trois supposés terroristes potentiels, provenant de la Transnistrie, prêts à  troubler la paix citadine au son des bombes et des pistolets. Dommage que, aussitôt la même police d'Odessa ait publiquement admis qu'il s'agissait de trois Moldaves, arrivés à Odessa en passant par la Transnistrie, venus en ville régler des comptes avec des bandits locaux. Le leader de la République de Transnistrie, détachée de la Moldavie au début des années '90 et jamais reconnue au niveau international - Yevgeny Shevchuk, a déclaré que son pays ne constitue pas une menace pour l'Ukraine ; "nous sommes préoccupés par les déclarations de certaines personnalités officielles ukrainiennes, selon lesquelles il existe une menace de guerre par la Transnistrie. Nous n'avons jamais projeté et nous ne projetons pas d'actions agressives contre nos voisins", qu'ils soient à Kishinev ou à Kiev, a dit Shevchuk. Nonobstant cela, Kiev elle-même a commencé cette année, selon l'agence Novorossia, à renforcer la partie de la frontière avec la Moldavie qui passe par la Transnistrie, en creusant des fossés anti-chars, en érigeant des remparts et en construisant des points de contrôle fortifiés.

Donc, si Kiev, directement sur les instructions de ses sponsors occidentaux, semble déjà penser explicitement à un nouveau front des opérations, aux frontières sud-occidentales, il est peu surprenant que même pas les propositions avancées par les Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk à l'OSCE, pour les changements dans la constitution ukrainienne qui prévoient un statut spécial (des organes d'auto-gouvernement local) pour les régions du Donbass, à l'intérieur et en tant que partie intégrante de l'Ukraine, soient prises sérieusement en considération. Les buts assignés aux "hommes d'honneur" de Kiev par les patrons euro-atlantiques" semblent être tout autres : si les armes risquent de se taire, quelqu'un doit se charger d'être prêt à la lutte.** 

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* Littéralement "tirant 'à zéro' sur les accords de Minsk" : en italien, dans le langage quotidien "tirer à zéro contre quelqu'un" signifie l'attaquer, le critiquer, l'insulter avec une grande véhémence, sans frein et aucune limitation. Cette expression - dont l'origine est facilement prévisible - dérive du langage militaire.

Lorsqu'un soldat utilise une pièce d'artillerie et 'tire à zéro', ceci lui permet de ne pas faire perdre du temps aux artilleries, qui à défaut doivent trouver la position juste en relation à l'élévation ou à l'inclinaison du mortier, pour essayer de pointer correctement et donc centrer la cible.

Lorsqu'on 'tire à zéro' la pièce peut être chargée de manière répétée et faite résonner plusieurs fois, toujours à condition que l'objet à centrer se trouve à une moindre distance. (source

** Littéralement, "garder les poudres au sec": être prêt à la lutte, rester sur ses gardes, vigilant.

L'offensive nazie dans le Donbass met en crise même Merkel 

5.06.15 - Ils ne font pas d'heures supplémentaires les militaires ukrainiens et les mercenaires étrangers dans Donbass : le Président Petro  Porochenko a déclaré que, pour le moment, cinquante mille hommes sont dans la zone des "opérations anti-terrorisme " et "combattent en trois tours."

Contropiano.org

par Fabrizio Poggi

La déclaration, tout en admettant implicitement la faillite consécutive de toute nouvelle mobilisation lancée par le gouvernement de Kiev, forçant les troupes au "plein temps" à rotation, dit tout sur le caractère de la nouvelle opération lancée par les gouvernementaux contre les milices et qui, depuis  mercredi dernier, est en train d'investir toute une bande de centres habités autour de Donetsk, alors qu'elle semble préfigurer une offensive beaucoup plus massive sur le même chef-lieu de la DNR, la République Populaire de Donetsk.

C'est du reste le même représentant officiel des forces armées ukrainiennes pour les opérations dans le Donbass, Andrei Lysenko, qui explicite le plan, en disant que les troupes ont été mises en état d'alerte maximale et que Kiev n'a aucune intention de retirer l'artillerie lourde de la région de Marinka et Krasnogorovka, deux centres à quelques kilomètres à l'ouest de Donetsk, sur lesquels avaient été massivement versés les tirs d'artillerie lourde et des mortiers lourds des gouvernementaux le 3 Juin. La réponse des milices dans l'aire de Marinka, selon les mots du président de la DNR, Aleksandr Zakharchenko, aurait causé plus de trois cent morts et plus de mille blessés parmi les troupes ukrainiennes; des chiffres confirmés par un soldat ukrainien fait prisonnier par les milices. Parmi les miliciens, on compterait environ 20 morts.

Et au cours de la nuit dernière, les tirs d'artillerie ukrainienne sur Donetsk ont repris, tandis que ce matin, selon les déclarations du vice-ministre de la Défense de la DNR, Eduard Basourine, confirmées par les observateurs de l'OSCE, des roquettes Grad sont en train de tomber sur Telmanovo (le nom fut donné au village dans les années 30 en l'honneur du chef des communistes  allemands Ernst Thälmann communiste, Thälmann assassiné dans un camp de concentration nazi), au sud-est de Donetsk: un enfant a été tué et trois civils ont été blessés.

Que la situation dans le Donbass dusse nouvellement déboucher sur une intensification ultérieure de l'offensive ukrainienne et que le cessez-le-feu signé à Minsk en février dernier pusse servir seulement à renforcer les positions, aucun des observateurs internationaux ne s'en est jamais caché. La question a toujours été plutôt celle-ci : à quel moment les sponsors occidentaux auraient accordé le feu vert à Kiev pour de nouvelles opérations en grand style. Les options politiques pour une solution dans le Donbass sont d'ailleurs mises continuellement de côté par la leadership ukrainienne.

Au blocage économique, énergétique, de protection sociale et des pensions de retraite des deux Républiques Populaires, s'est ajouté dans les dernières heures le blocage de l'eau dans la République de Lugansk décrété par le représentant militaire de Kiev Ghennadij Moskal,  avec l'annonce du début d'une " guerre municipale." "Nous allons agir selon le principe de Ostap Bandera: lumière le soir, le matin l'eau", a déclaré Moskal. Nous ne nous émerveillerions sûrement pas si les gardiens européens de la démocratie passeraient sous silence de semblables mesures adoptées par les disciples actuels du nazisme ukrainien d'il y a 70 ans. Et, à la première personne, encore aujourd'hui le président Porochenko a catégoriquement exclu toute hypothèse de référendum général sur l'indépendance du Donbass, en admettant seulement, si nécessaire, l'élargissement possible des pouvoirs locaux.

Inversement, Porochenko croit possible un  référendum sur le statut du Donbass, "pour  demander aux Ukrainiens comment ils voient l'avenir du Donbass à l'intérieur de l'Ukraine". Il est clair que, dans ce contexte, toute approche politique semble amputée a priori et Kiev ne montre aucun signe de viser autre chose qu'une stratégie d'anéantissement des Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk, une fois obtenu le consentement final de Bruxelles et Washington qui cependant, pour le moment, semble bloqué dans quelque résistance, en particulier allemande.

Il semble en effet que Angela Merkel, en accord avec le français Hollande, envisage de revenir à impliquer Moscou dans le G7 justement sur les questions de la crise ukrainienne. L'approche semble être plutôt inhabituelle : d'un côté on accuse de tous les côtés - avec plus de virulence, bien sûr, par Kiev, les capitales des Pays baltes et Washington - la Russie d'être impliquée directement dans le conflit et on prévoit d'utiliser la reprise des combats dans le Donbass comme prétexte pour poursuivre la politique des sanctions; de l'autre, on demande que Moscou "fasse pression" sur les milices, en face d'une énième faillite de l'attaque ukrainienne.

Celui de "l'agression russe" ou du "danger d'une agression russe" est désormais un thème fixe des dirigeants ukrainiens et de leurs protecteurs états-uniens. Porochenko, dans la même conférence de presse d'aujourd'hui, en a une fois de plus "montré les preuves", parlant d'un combattant russe fait prisonnier après l'attaque des gouvernementaux sur Marjnka. Eduard Basourine a admis le fait, déclarant qu'il s'agit d'un "combattant de nos forces armées. Nous n'avons jamais nié que, dans nos rangs, combattent aussi des citoyens russes, mais eux, ils le font volontairement, en venant ici de leur propre initiative."

Le thème de l' "implication russe" en Ukraine et de la main de Moscou dans la reprise des combats semble devoir être l'argument à travers lequel, selon de nombreux observateurs, sera décidée la confirmation des sanctions anti-russes jusqu'en janvier 2016, à l'occasion du sommet de l'UE qui se tiendra en fin de semaine en Allemagne. C'est aussi l'opinion du porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, qui ajoute: " Même dans le passé, sur le fond d'importants moments internationaux, la partie ukrainienne a entrepris à plusieurs reprises des mesures similaires pour augmenter la tension ". Peskov a également répondu aux paroles de Porochenko sur le citoyen russe fait  prisonnier à Marinka, soulignant l'absurdité des cris ukrainiens sur les "milliers de soldats russes" dans le Donbass et a commenté plutôt le projet de loi adopté par la Rada dans ces jours-ci sur la "légalisation" de combattants étrangers dans les rangs de l'armée ukrainienne. "Dans les conditions d'instabilité dans le sud-est de l'Ukraine" a déclaré Peskov, "il est sans doute très important d'éviter toute démarche qui pourrait conduire à une escalade ou conjointe avec des actions provocatrices, un déficit qui, malheureusement, n'est pas visible de la part de Kiev. "

Mais celui des "milliers de soldats russes" dans le Donbass est seulement un des prétextes, certes le plus tragique - pour les milliers de civils du Donbass qui continuent à mourir sous les roquettes et des tirs ukrainiens - de l'offensive de l'OTAN et des Etats-Unis pour encercler les frontières russes. Preuve en est, le rapport américain sur la possibilité du déploiement de missiles supplémentaires, basés à terre en Europe et en Asie, dirigés contre le potentiel nucléaire de Moscou. Selon le rapport du président du Comité des Etats Majors réunis des Forces armées USA, le général Martin Dempsey, dont selon certains extraits ont été divulgués par l'Associated Press, Washington justifierait la décision comme une réponse au fait que Moscou ne serait pas en train de réaliser pleinement l'accord sur l'élimination des missiles de moyenne et courte portée.

Pour sa part, Moscou rejette ces allégations comme "sans fondement" et le Directeur du Département du Ministère des Affaires étrangères pour la non-prolifération et le contrôle des armements, Mikhaïl Oulianov a déclaré que "les Etats-Unis refusent de soutenir de telles allégations par des faits concrets ou, plutôt, ils ne le peuvent pas. On a l'impression que le but est d'essayer de discréditer la Russie et de la présenter comme un Etat qui viole les obligations internationales ".

Traduction des deux articles :

http://contropiano.org/internazionale/item/31235-il-g7-ai-piedi-degli-usa-ancora-sanzioni-alla-russia 

http://contropiano.org/internazionale/item/31172-l-offensiva-nazista-in-donbass-mette-in-crisi-anche-la-merkel

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