18.02.15 - Le gouvernement ukrainien continue à nier l'évidence et ne veut entendre parler de reddition de ses troupes dans le "chaudron" de Debaltsevo, mais les témoins parlent désormais d'une fuite précipitée de plusieurs centaines de soldats de Kiev dans le "chaudron" assiégé et partiellement occupé par les milices du Donbass.
par Marco Santopadre
Il y a quelques instants (ce matin, ndt) les agences de presse internationales ont rapporté la nouvelle que des dizaines de chars armés et de véhicules de l'armée ukrainienne sont en fuite de la petite ville encerclée par les indépendantistes. Une journaliste de l'Afp a raconté de véhicules qui transportent des soldats avec des visages bouleversés, une longue barbe, parfois ensanglantés, arrivés dans la ville proche de Artemivsk, où un militaire a confirmé qu'il s'agit de "soldats qui arrivent de Debaltsevo".
La version officielle diffusée par le régime de Kiev sur ce qui arrive dans les régions à l'est du pays est assez peu édulcorée. "Le retrait des troupes de Debaltsevo est en train de se faire de manière planifiée et organisée", a dit sans peur du ridicule le chef du bataillon Donbass de la Garde Nationale, Semen Semenchenko. Selon le président Petro Porochenko le retrait "programmé et organisé" de ses troupes de la zone est désormais complet à 80% . Selon un officier ukrainien "des soldats sont en train de se retirer de Debaltsevo pendant que d'autres sont engagés dans des combats rue par rue avec les séparatistes". "Ils sont en train d"évacuer certaines de nos unités" a dit le vice chef de la police régionale Ilya Kiva. "Mais les combats à grande échelle dans la rue se poursuivent et il y a eu aussi une petite bataille entre chars". Selon certaines sources de Kiev dans l'aire seraient arrivées ou seraient en train d'arriver des forces spéciales gouvernementales à donner main forte aux assiégés, mais pour l'instant la situation semble être décidément en faveur des rebelles.
Déjà hier le régime de Kiev a demandé aux puissances occidentales de donner une réponse "sévère" à Moscou, après l'entrée des forces militaires indépendantistes à l'intérieur de la ville, un noeud ferroviaire stratégique entre les "capitales" rebelles, Donetsk et Lugansk.
Et la réponse des puissances occidentales ne s'est pas fait attendre. Hier les Usa ont condamné "avec fermeté" la violation du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine de la part des "séparatistes de concert avec les forces russes". Si Moscou continuera à violer le cessez le feu décrété la semaine dernière, "le prix à payer sera encore plus lourd", a dit le vice-président états-unien Joe Biden au cours d'une conversation téléphonique avec le président ukrainien, l'oligarque Petro Porochenko.
L'Union européenne aussi a condamné promptement la "claire violation" du cessez-le-feu imputé naturellement seulement aux forces qui s'opposent au gouvernement putschiste de Kiev. Légèrement différente la réaction du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a demandé à "toutes les parties impliquées dans le conflit en Ukraine de "cesser immédiatement les hostilités". "Les membres du Conseil de sécurité ont invité toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités et à respecter les engagements concordés à Minsk, en favoriser l'accès pour la mission de vigilance spéciale de l'OSCE pour contrôler et vérifier le respect des accords de Minsk", a dit le Conseil de Sécurité de l'Onu dans une déclaration.
Mais tandis que les forces armées ukrainiennes se sont refusées d'enlever l'artillerie du front comme prévu par les accords signés dans la capitale biélorusse la semaine dernière, "les forces armées de la République populaire de Donetsk ont commencé l'enlèvement des systèmes d'artillerie lourde de la ligne de démarcation, prévue par l'accord de Minsk du 19 septembre 2014", a déclaré le responsable de la Défense de la région rebelle.
Il faut signaler que le procureur général de la République Populaire de Donetsk (Dnr) a ouvert une procédure pénale à charge de la leadership ukrainienne issue du putsch de février de l'année dernière. Le président Petro Porochenko, le Premier ministre Arseny Yatseniuk, le secrétaire du Conseil de Sécurité Nationale et de la Défense, Olexandr Turchinov ont été mis sous enquête pour la planification et l'engagement d'une guerre d'agression contre les régions russophones orientales, sur la base de l'article 423 du code pénal de la Dnr. Sans le consensus de la population du Donbass et des républiques de Donetsk et de Lugansk, prévient l'accusation, la leadership ukrainienne aurait organisé l'invasion de ce territoire de la part de groupes armés illégaux, en particulier les bataillons punitifs formés par des extrémistes de droite et des volontaires.
Kiev : la Georgie veut l'extradition de Saakashvili, "Misha l'américain"
17.02.15 - Le gouvernement ultra-nationaliste ukrainien vient de nommer l'ex président géorgien Mikheil Saakashvili "conseiller spécial" du président oligarque Petro Porochenko, lui confiant - à lui et à l'Otan, dont l'ex leader de Tbilisi est un pion - la programmation des (contre)réformes que le pays devra réaliser pour être accepté parmi les nations civiles. Ou plutôt, pour être désertifié du point de vue productif, transformé en une réserve de main d'oeuvre semi-spécialisée à bas prix et en un marché où placer sans concurrence des produits made in Usa ou made in Berlin (il faudra voir qui sortira de la compétition entre les deux puissances) qui rendront les consommateurs ukrainiens peut-être plus heureux et modernes, mais sûrement plus pauvres.
par la Rédaction de Contropiano
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement ukrainien héritier du putsch de février de l'année dernière assume des étrangers pour faire le travail sale, mais la nomination d'un personnage comme Saakashvili a sûrement de l'incroyable. Chez nous l'ex président géorgien jouit encore d'une sympathie imméritée et de quelque crédit ; à Hollywood on lui a même dédié un film de série B qui le décrit comme un héros sans tache et sans peur qui en 2008 s'opposa à l' "invasion russe en Georgie", en train de sauver et défendre la patrie de l'ours de Moscou dans un contexte dans lequel l'Europe le laissa seul (en effet Bruxelles et Berlin ne se précipitèrent pas pour le défendre) tandis que ce ne fut que la seule Washington ou presque, qui en prit la défense.
Dommage que en patrie ils ne pensent pas comme ça, au contraire. A Tbilisi "Misha l'américain", le Porochenko ante litteram, n'est pas bien vu du tout. Et depuis quelques temps le héros en celluloïd vit en fuite à l'étranger parce que en Georgie la magistrature a lancé contre lui un mandat d'arrêt avec l'accusation de corruption, abus d'autorité, malversation et aussi d'avoir ordonné de frapper un compétiteur politique. Et même ceux qui à l'époque l'appuyèrent dans le bras de fer contre la Russie ont soudainement changé d'avis, vu le désastre qui a suivi une provocation contre Poutine déclenchée par les apprentis sorciers de la Maison Blanche et qui se conclut rapidement par la défaite militaire et la honte nationale.
Maintenant que Saakshvili a réapparu en Ukraine après avoir trouvé longtemps un abri - devinez où ? - aux Etats Unis, la magistrature de son pays qui entretemps n'est pas devenu russe du tout, et en l'occurrence le procureur général de Tbilisi, a de nouveau demandé avec force à Kiev l'extradition du délinquant, se plaignant de plus de la coopération ukrainienne manquée malgré que entre les deux Pays existent des accords pour l'extradition réciproque. Tbilisi a demandé à Kiev aussi l'extradition de l'ex ministre de la justice géorgien Zurab Adeishvili, lui aussi réfugié en Ukraine.
Un pays qui, après la "révolution" tant portée aux nues même dans les milieux de gauche distraits, est devenu le repaire de personnes peu recommandables. Tant qu'à faire il valait mieux que le peuple ukrainien eût gardé le président Yanoukovitch. Probablement corrompu et inepte, mais sûrement un dilettante par rapport à certains personnages de 'taille' internationale.
Pas de trêve mais l'affrontement. Les milices entrent à Debaltsevo
17.02.15 - La trêve dans les régions orientales de l'Ukraine tient seulement parce qu'il est certifié par les puissances internationales qui ont atteint un accord de Minsk - version 2.0 - qui de fait laissait irrésolus plusieurs noeuds et qui à seulement deux jours de l'entrée en vigueur montre déjà d'être en péril. Le cessez-le-feu "tient à peine" affirment les représentants du groupe de contact - régime ukrainien et républiques indépendantistes - en train ce matin de se confronter et de s'accuser réciproquement des nombreuses violations. La majeure partie desquelles sont en train de se vérifier à l'intérieur de la ville de Debaltsevo et dans les localités environnantes, où les troupes ukrainiennes assiégées depuis trois semaines et les milices du Donbass s'échangent des tirs d'armes automatiques mais surtout d'artillerie.
par Marco Santopadre
Selon nombre de témoignages, autour du chaudron de Debaltsevo on est en train de combattre férocement. La situation pour les troupes ukrainiennes est grave, admet le régime de Kiev, mais pour le porte-parole des putschistes Andrei Lysenko elle n'est pas si désespérée que l'affirme l'ennemi. "Actuellement, à la périphérie de la ville il y a des affrontements brutaux. Près de la gare de chemin de fer aussi. Nos militaires tiennent les positions, et ont tous les droits d'ouvrir le feu en réponse et de garder les positions qu'ils ont tenu pendant plusieurs mois (…)" a dit Lysenko, confirmant si besoin était que la trêve tant encensée n'existe pas du tout. De leur côté les leaders des républiques indépendantistes confirment que le "chaudron" où sont piégés entre six et huit mille entre soldats et volontaires ukrainiens, est complètement entouré et fermé au passage de renforts, approvisionnements en nourriture et en armes. "Nous avons une ligne solide" a revendiqué Igor Plotnitsky, leader de la République de Lugansk, ajoutant que "l'Ukraine ne peut et ne veut pas le reconnaître".
Les autorités de la Nouvelle Russie demandent à Kiev d'admettre la défaite et d'ordonner à ses propres troupes d'abandonner les armes, et en échange aux soldats il est permis de revenir indemnes chez eux. Une défaite cependant que le régime nationaliste ne veut pas admettre, même au prix de sacrifier la vie de dizaines ou de centaines de ses hommes. Dont beaucoup - selon certaines sources 300 - dans les dernières heures se sont néanmoins rendus aux milices d'autodéfense du Donbass. "Des dizaines de militaires ukrainiens se sont rendus volontairement. Leurs commandants les ont abandonnés, et ils ont été contraints de renoncer" a dit un officier des forces armées rebelles pendant que les chaînes russes ont montré les images des militaires de Kiev qui se rendaient à l'ennemi et étaient nourris par les assiégeants. De fait Debaltsevo est désormais presque complètement contrôlée par les milices rebelles qui ont commencé à entrer en ville dans les derniers jours tout en prenant possession de la majeure partie du centre habité, même au prix de pertes graves.
A "Debaltsevo il y a d'âpres affrontements" et "on combat pour chaque quartier, pour chaque rue" a reconnu il y a peu le chef de la police régionale de Donetsk (aux ordres de Kiev) Ilià Kiva à la chaîne ukrainienne 112, pendant que les indépendantistes annonçaient l'occupation du commandement de la police locale et de la gare ferroviaire.
Ce matin Alexander Zakharchenko, le leader de la République de Donetsk, a ordonné d'envoyer les transports et d'évacuer tous les civils qui se trouvaient encore piégés dans le centre habité. Beaucoup de personnes sont restées longtemps cachées dans leurs caves, sans avoir accès à la nourriture, à l'électricité, à l'eau et au chauffage, et seulement aujourd'hui ont pu s'éloigner. Il y a quelques heures le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le président ukrainien Petro Porochenko ont exprimé "leur préoccupation pour la poursuite des combats à Debaltsevo", aussi sur la base du fait que désormais la victoire stratégique dans l'aire, de la part des forces indépendantistes, est indéniable. Les trois leaders, qui se sont entretenus au téléphone dans la fin de l'après-midi d'hier, ont "en outre exprimé le souhait que les observateurs de l'OSCE aient un libre accès afin de poursuivre leur travail sur le terrain de manière objective et faire appliquer le cessez-le-feu".
Et de toute manière les combats ne se limitent pas au cul de sac de Debaltsevo. Hier des bombardements gouvernementaux ont été dénoncés dans l'aire de l'aéroport de Dontsk et aussi dans la ville de Gorlovka.
Mais comme déjà anticipé hier, une nouvelle tuile s'abat sur les espoirs des puissances internationales. Le chef des forces armées de Kiev, Andriy Lysenko, a en effet déclaré que "pour l'instant" l'artillerie lourde ne sera pas retirée comme les accords de Minsk le prévoyaient à partir d'aujourd'hui. "Le retrait de l'artillerie pourra être organisé seulement lorsque sera concrétisé le premier point des accords de Minsk : le cessez-le-feu. Selon mes informations, les hostilités se sont poursuivies et donc il n'existe ni trêve effective ni les pré-requis pour le re-positionnement de l'artillerie", a déclaré le représentant du régime de Kiev. Ceci pendant que les milices de Lugansk par contre, ont déplacé vers l'arrière de quelques kilomètres leurs canons et obusiers.
Et sûrement aussi la promulgation de nouvelles sanctions par la partie européenne contre la Russie et les autorités de la Nouvelle Russie, nonobstant l'engagement à les suspendre au cas où le sommet biélorusse aurait donné ses fruits, n'incite pas particulièrement ni Moscou ni les rebelles. Pendant que les républiques indépendantistes avertissent que si l'Ukraine entrera dans l'Otan ou dans un autre mécanisme militaire quelconque elles réagiront en conséquence, Moscou avertit qu'elle répondra "de manière appropriée" aux nouvelles sanctions européennes et que le ministère des Affaires Etrangères moscovite définit aujourd'hui "inconsistantes et illogiques". Dans la nouvelle liste de personnes frappées par des sanctions figurent aussi Arkady Bakhin et Anatoly Antonov, respectivement premier vice-ministre et vice-ministre de la Défense russe, inclus dans la liste noire européenne parce qu'ils "soutiennent le déploiement des troupes russes en Ukraine". De son côté Gennady Zjiuganov, le secrétaire du Parti Communiste de la Fédération Russe, a critiqué âprement l'Union européenne pour l'inclusion dans la liste des nouvelles sanctions du député de la Douma et artiste Iosif Kobzon. Le leader communiste russe a défini l'UE et sa décision d' "incroyablement cynique", "vile" et "dégoûtante", en considération du fait que le chanteur souffre d'une tumeur et a besoin de traitements qu'il a reçu à l'étranger jusqu'à ce jour, en particulier en Allemagne : dorénavant, a-t-il dit, à cause des sanctions UE il ne pourra plus les recevoir. Le même Kobzon cependant a démenti ces soins, en définissant de "rumeurs" et de "ragots" les nouvelles diffusées le concernant. De la liste des personnes visées font partie aussi deux membres de la Chambre Basse du Parlement russe et 14 fonctionnaires et commandants des Républiques indépendantistes, en plus de nombreuses sociétés.
De nouvelles sanctions Ue à la Russie; Saakashvili (Otan) conseiller de Porochenko
16.02.15 - François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et le président Petro Porochenko "ont constaté que le respect du cessez-le-feu" dans l'est de l'Ukraine "a été globalement satisfaisant malgré les incidents locaux qu'il faut résoudre rapidement". C'est la formule que le chef de l'Elysée a utilisé hier pour confirmer le respect des accords de Minsk après avoir consulté par téléphone les autres trois composantes du quartette. Mais le langage diplomatique laisse déjà entrevoir des lézardes non indifférentes dans le fragile accord atteint sous la pression de Poutine et des leaders de France et Allemagne après la énième escalade assenée à la crise ukrainienne par les Etats Unis et les nationalistes de Kiev.
par Marco Santopadre
Déjà hier les deux parties en conflit se sont accusées mutuellement d'avoir violé le cessez-le-feu entré en vigueur à minuit. Le bilan complexif des dernières 24 heures avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu a été samedi d'au moins 14 personnes tuées, 8 militaires et 6 civils. Trois enfants (de 1, 6 et 12 ans) ont été tués le jour auparavant à Gorlovka, suite à un bombardement gouvernemental, et trois autres personnes samedi à Donetsk sont tombées sous la probable action d'un groupe de saboteurs infiltrés au-delà des lignes des Républiques Populaires.
Eduard Basurin, porte-voix du Ministre de la Défense de l'auto-proclamée république de Donetsk, a dénoncé que l'armée ukrainienne "a violé la trêve et que les civils continuent d'être tués dans des localités habitées", ajoutant que les miliciens "ont répondu sélectivement au feu ennemi des nationalistes et des saboteurs de Kiev". Le régime a répliqué à travers le porte-voix de l'armée Anatoly Stelmach : "Il y a eu dix attaques des rebelles sur nos positions, principalement dans l'aire de Debaltsevo".
Et c'est justement sur ce qui pourrait arriver dans le cul de sac de Debaltsevo, où six-huit mille soldats et miliciens gouvernementaux - et, semble-t-il, quelques centaines de mercenaires étrangers - sont encerclés désormais depuis deux semaines, que se concentrent les préoccupations des deux parties en conflit et des grandes puissances.
De fait dans les 13 points concordés en Biélorussie par le quartette il n'y a pas d'indications spécifiques sur la solution du casse-tête de Debaltsevo. La solution la plus logique est que les soldats de Kiev piégés et entourés par plusieurs batteries d'artillerie lourde abandonnent les armes et se rendent, en échange de la possibilité de s'en aller à la maison. Hier le leader de la république de Donetsk, Aleksander Zakharchenko, a demandé que les "forces ukrainiennes à Debaltsevo et dans les aires urbaines limitrophes laissent la ville désarmés et de manière organisée".
On éviterait un bain de sang et une défaite de proportions énormes pour l'armée gouvernementale, mais Porochenko et Yatseniuk, et encore plus les forces d'extrême droite ukrainiennes, ne veulent pas entendre parler d'une reddition qui consignerait aux insurgés un important noeud ferroviaire et stratégique à mi-chemin entre Donetsk et Lugansk.
Entretemps dans les dernières heures le premier accident, lorsque les représentants de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), chargés de contrôler le respect des clauses de Minsk, ont dénoncé que les forces militaires indépendantistes ont empêché leur accès au cul de sac de Debaltsevo. Selon l'OSCE non seulement dans la localité en question mais aussi à Raihoroodka et dans la ville de Lugansk hier on a tiré.
Pendant que l'oligarque Petro Porochenko a fait recours à des documents états-uniens pour dénoncer "la présence d'artillerie russe à Debaltsevo", le gouvernement de Moscou a exprimé "une forte préoccupation" concernant les tentatives de Kiev et de l'Occident de "pervertir" les accords de Minsk2, que la Russie propose de souscrire avec le soutien du Conseil de sécurité de l'Onu auquel il a présenté une ébauche de résolution.
Deux autres points assez controversés des accords atteints dans la capitale biélorusse concernent le statut des territoires rebelles à l'intérieur d'une Ukraine "fédéralisée" et le contrôle de la frontière entre le Donbass et la Russie. Pour ce qui concerne le point 11 de la feuille de route de Minsk, le représentant de la République de Donetsk, Denis Pushilin, a rappelé que la DNR et la LNR prétendent une réforme de la Constitution ukrainienne qui accorde aux territoires respectifs un ample auto-gouvernement pour ce qui concerne la langue et la culture, la police locale, la nomination des juges, les bilans de taxation, etc.
Samedi Aleksander Zakharchenko, au point de presse (et échappant à plusieurs explosions qui ont visé aussi le centre de Donetsk, à 100 mètres de l'hôtel où était prévue la conférence de presse) a rappelé que si Kiev ne concédera pas aux deux républiques "une indépendance de facto" les insurgés réclameront l'entier territoire des deux régions ukrainiennes habitées par des populations russophones.
D'autre part l'accord biélorusse établit aussi que l'Ukraine reprenne le contrôle militaire et politique de ses frontières orientales, mais il est plus qu'évident que ni les républiques indépendantistes ni Moscou n'accepteront jamais que les troupes de Kiev s'installent sur la ligne de frontière, entre le Donbass et la Fédération Russe, ayant disparu de fait.
Deux arguments très épineux pour le président Porochenko - conjointement à la reconnaissance implicite de la perte définitive de la Crimée - qui à Minsk a dû avaler le crapaud mais qui maintenant en patrie a quelques problèmes à défendre la tractation au Parlement dominé par les forces extrémistes. Ce n'est pas seulement le leader des néo-nazis de Praviy Sektor Dmitriy Yarosh, qui déclare publiquement que son bataillon continuera à combattre "nonobstant Minsk". Le parti de ceux qui dénoncent la 'reddition' et la 'trahison' du roi du chocolat devient chaque heure qui passe de plus en plus nombreux.
Sur le front opposé Vladimir Poutine aussi qui, selon beaucoup d'analystes serait le vrai gagnant de Minsk, doit se confronter avec le peu de prédisposition des Républiques indépendantistes - ou du moins une partie d'elles - à se laisser instrumentaliser pour être après peut-être abandonnées par le Kremlin une fois la tension relâchée avec l'Ue et l'Otan. N'ont pas manqué dans les derniers jours des stop explicites à Moscou de la part de Donetsk et Lugansk qui, pendant que la tractation biélorusse entrait dans le vif ont durci leurs demandes et dans un premier temps avaient affirmé ne pas se sentir liées par les 13 points de Minsk qui ensuite ont par contre reconnu, tout en se réservant de décider librement à Debaltsevo. Il faut signaler que les deux premiers ministres des républiques indépendantistes - Zakharchenko et Plotnitsky - ont signé l'accord en tant que citoyens privés. Parce que leur statut n'est pas reconnu non seulement par l'Ukraine et même pas par la Fédération Russe, mais aussi parce que de cette façon les deux entités respectives du Donbass pourraient se dégager plus facilement de la cage de Minsk.
D'ailleurs du point de vue militaire - avec l'aide de Moscou - les milices d'auto-défense ont obtenu dans les derniers mois d'importantes victoires militaires en libérant environ 500 kilomètres carrés de territoire et n'entendent certainement pas se faire refouler en arrière au nom d'un processus de négociation né borgne et qui ne garantit aucune solution.
Que la solution soit lointaine, très lointaine, et que la trêve en vigueur soit seulement un feu de paille semble être confirmé par deux nouvelles de la dernière heure. La première est que l'ex président de la Georgie Mikheil Saakashvili a été nommé conseiller du président ukrainien Petro Porochenko pour le processus de réformes du Pays. Saakashvili, 47 ans, sera à la tête du Conseil consultatif international pour les réformes avec l'objectif d'indiquer à Kiev les réformes à mettre en route, en renforçant ainsi le contrôle de l'Otan et du Fond Monétaire sur un pays économiquement déjà à la déroute.
Il faut rappeler que Saakashvili arriva au pouvoir en Georgie en 2003, après la soi-disant "Révolution des Roses" qui avait provoqué la déstitution du président Eduard Shevardnadze. Auteur d'une provocation militaire contre la Russie qui dans l'été 2008 coûta à son pays une dure défaite, il est actuellement soumis à une procédure pénale en patrie pour corruption et pour avoir ordonné de frapper un adversaire politique. Ce n'est pas précisément un curriculum optimal pour un héros de la lutte à la corruption… mais sûrement oui pour une marionnette de Washington et depuis toujours un soutien à l'expansion de l'Otan à l'est.
Comme si cela ne suffisait pas, on apprend par des sources de presse que l'Union européenne a décidé de ne pas suspendre l'application de nouvelles mesures de sanctions contre la Russie comme c'était promis en cas d'obtention du cessez-le-feu dans le Donbass.
De la Gazette Officielle de l'Ue on apprend qu'il y a aussi deux vice-ministres de la Défense de Moscou dans la liste amplifiée des sanctions de l'Union européenne lancées contre des individus "impliqués dans le conflit dans l'Est de l'Ukraine". Il s'agit de Arkady Bakhin et Anatoly Antonov, respectivement Premier vice-ministre et vice-ministre de la Défense russe, inclus dans la liste noire européenne parce que "ils soutiennent le déploiement des troupes russes en Ukraine". Selon l'agence Interfax, dans la liste amplifiée figure aussi le responsable de la Défense de la République de Donetsk, Basurin.
Pendant que nous écrivons les agences de presse publient que depuis l'entrée en vigueur de la trêve, samedi à minuit, il y aurait déjà 5 soldats de Kiev tués. Et demain il semble assez difficile que le retrait de l'artillerie lourde à 25 kilomètres du front commence comme prévu par les accords de Minsk. Le porte-voix de l'armée ukrainienne, Vladislav Seleznyov l'a dit clair et net: "actuellement il est absolument exclu de retirer les armes lourdes" du front de guerre.
Articles de Marco Santopadre :
http://contropiano.org/internazionale/item/29236-infuria-la-battaglia-le-truppe-ucraine-scappano-da-debaltsevo
http://contropiano.org/internazionale/item/29216-altro-che-tregua-le-milizie-entrano-a-debaltsevo-scontri-furiosi
http://contropiano.org/internazionale/item/29187-nuove-sanzioni-ue-alla-russia-saakashvili-nato-consigliere-di-poroshenko
Articles de la Rédaction de Contropiano :
http://contropiano.org/internazionale/item/29221-kiev-georgia-vuole-l-estradizione-di-saakashvili-misha-l-americano
https://www.youtube.com/watch?v=uw43cMx2Vt4