Dimanche, 22 juin 2014 - L'oligarque Petro Porochenko, depuis quelques semaines président de l'Ukraine - ou du moins de cette moitié qui a voté le 25 mai dernier - a répété récemment que le prochain 27 juin il signera l'accord d'association économique à l'Union Européenne. Mais pas seulement. Le gouvernement putschiste a présenté au Parlement un ordre du jour qui prévoit la concession du réseau des gazoducs ukrainiens à une entreprise commune dans laquelle les partenaires étrangers participeraient à hauteur de 49%, pour la plupart des compagnies états-uniennes et de l'Union Européenne, et à laquelle serait confié la gestion des gazoducs et des dépôts souterrains de gaz. "Si les Européens s'unissent à l'entreprise, la Russie ne construira pas South Stream", a dit au Parlement Arseniy Yatséniuk, le premier ministre ukrainien. Aucune date n'a été encore fixée pour le débat à la Verkhovna Rada.
Il n'y a rien à dire : pour des forces qui ont pris possession du pouvoir au nom des valeurs nationales et de la défense de l'indépendance de la patrie…
Sur le même sujet, mais en plus approfondi, un très bon article de Karine Bechet-Golovko, maître de conférence et Professeur à l'Université de Moscou, sur son blog Russie Politics :
Poroshenko v. Yatséniuk ou projet « Ukraine » v. South Stream ?
O. Liachko, député populiste
Il y a deux manières de considérer la situation en Ukraine aujourd’hui. La première consiste à reconnaître l’existence d’une politique intérieure, dans le sens où les acteurs de ce système prennent des décisions autonomes, même s’ils sont également soumis à des pressions extérieures. La seconde consiste à considérer que la politique ukrainienne est aujourd’hui quasi-inexistante, encore moins existante que la politique européenne, car les décisions importantes sont prises ailleurs et le niveau de pression exercé outre-atlantique sur les acteurs ne leur laisse qu’une marge de manoeuvre très réduite, qui n’aura que peu d’incidence sur la poursuite des évènements. Dans le premier cas, nous sommes dans un questionnement de type Poroshenko v. Yatseniuk, dans le second on se reporte plutôt à la confrontation du projet « Ukraine » contre le projet « South Stream ».
Après son élection à la présidence de l’Ukraine, Poroshenko a quelques difficultés à exister politiquement. Il annonce la création d’un corridor humanitaire, qui n’est pas mis en place. Il annonce la fin des opérations militaires dans l’est, et les frappes s’intensifient. Bref, il est politiquement inexistant, car les instigateurs de la Grande Révolution Populaire de Maïdan ont gardé le pouvoir. Yatséniuk est innamovible. Parubey gère ses mercenaires. Le commandant de Maïdan avait pris en charge la Banque nationale. L’autoproclamé président de la Rada ne bouge pas d’un yota. Et Poroshenko n’a pas d’air. Ce pays affaibli et destructuré est alors plus facilement contrôlable.
Poroshenko discute au téléphone avec V. Poutine, notammment. Il participe aux inaugurations. Il risque de dévenir un Président chrysanthème, comme ceux de la Quatrième République. Certains très amusants par ailleurs, pouvaient tomber d’un train en marche, en pleine nuit, en pyjama. Je vous présente le Président Deschanel. Qui devait certainement être un homme charmant, mais qui aura étrangement marqué la politique française. Poroshenko serait-il de cette trempe ? Il ne semble pas. Or, dans un pays il ne peut y avoir deux centres de décision. Soit Poroshenko, soit Yatséniuk gouverne. Soit le pays est gouverné de l’intérieur, soit il l’est de l’extérieur. Deux paradigmes possibles, quatre solutions.
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http://russiepolitics.blogspot.ru/2014/06/poroshenko-v-yatseniuk-ou-projet.html