22.12.14 - Un groupe clandestin qui visait la reconstitution de Ordine Nuovo (Ordre Nouveau, ndt) a été démantelé ce matin par le Parquet de l'Aquila. Pendant l'opération, dénommée "Aquila noire", et menée dans plusieurs régions d'Italie par le Ros des carabiniers ont été arrêtées jusqu'à maintenant 14 personnes tandis que 31 autres ont été mises sous enquête et des perquisitions dans plusieurs régions italiennes seraient encore en cours.
Les arrestations et les perquisitions ont été effectuées à L'Aquila, Montesilvano, Chieti, Ascoli Piceno, Milan, Turin, Gorizia, Udine, La Spezia, Venise, Naples, Rome, Varese, Como, Modena, Palerme et Pavie.
C'est le juge pour les enquêtes préliminaires du Tribunal de L'Aquila, Giuseppe Romano Gargarella, qui a signé la mesure, suite à une enquête démarrée en 2013 et réalisée par le Parquet du district anti-mafia de L'Aquila contre une association clandestine dénommée "Avanguardia Ordinovista" qui, "tout en s'appelant aux idéaux du dissous mouvement politique néo-fasciste "Ordine Nuovo" et en se positionnant en continuité avec la subversion noire des années 70, projetait des actions violentes afin de subvertir l'ordre démocratique de l'Etat".
L'accusation contre les arrêtés et les mis en examen est d'association terroriste finalisée à l'incitation à la discrimination pour des motifs raciaux, ethniques ou religieux, association avec des finalités de terrorisme et subversion de l'ordre démocratique. L'organisation, selon les enquêteurs, projetait des actions violentes contre des objectifs institutionnels, en tentant de repérer des armes à travers des rapines ou sur le marché international.
Parmi les projets du groupe clandestin, affirment les enquêteurs, il y avait tuer des politiques "sans escorte" par une action simultanée, assassiner des magistrats, faire sauter les sièges d'Equitalia avec des personnes à l'intérieur, placer des bombes dans les gares ferroviaires, dans les préfectures et dans les commissariats.
Les membres du groupe terroriste actifs dans les Abruzzes, d'où l'enquête a démarré, projetaient par exemple de tuer Pierferdinando Casini et Gianni Chiodi (président de la Région pour le centre-droit jusqu'aux élections du printemps dernier).
En particulier, l'enquête relève comment le groupe, conduit par Stefano Manni (un des leaders du groupe et ex carabinier) eusse élaboré un plan voué à "miner la stabilité sociale à travers l'accomplissement d'actes violents contre des objectifs institutionnels comme les Parquets, les commissariats et les bureaux d'Equitalia et prévu, en un deuxième moment, de participer aux élections politiques avec un parti propre".
Parmi les pratiques du groupe, à travers le web et surtout les réseaux sociaux, la diffusion de nouvelles fausses et l'incitation à la haine contre les immigrés pointés du doigt comme étant responsables de beaucoup de problèmes sociaux.
Le groupe avait démarré la recherche d'armes pour la réalisation de but subversifs, tout en en récupérant certaines enfouies après la dernière guerre mondiale ou cachées par des groupes terroristes noirs opérant dans les dernières décennies, en en acquérant d'autres en Slovénie moyennant des contacts locaux ou en s'approvisionnant par une rapine d'armes détenues par un collectionneur déjouée ensuite grâce à l'intervention des carabiniers.
Parmi les projets partis en fumée, selon les enquêteurs, l'assassinat de l'ex membre d'Ordine Nuovo Marco Affatigato (désormais en fuite depuis un certain temps suite à l'accusation d' 'association subversive"), considéré par le groupe comme un "infâme" puisque lié aux services secrets.
Parmi les mis en examen apparaît aussi une vieille connaissance du néo-fascisme italien, l'ancien Rutilio Sermonti, déjà ex d' "Ordine Nuovo" et depuis longtemps lié à Forza Nuova, considéré comme l'une des figures les plus connues dans le panorama des "intellectuels d'extrême droite". Il y a même un écologiste interviewé récemment par Il Resto des Carlino et dont les articles sont publiés par des sites appartenant à une bigarrée galaxie 'rouge-brune'.
Le "Mouvement politique ordre nouveau" a été une organisation néo-fasciste - avec des traits idéologiques inspirés par le nazisme - fondée en 1969 par Clemente Graziani et Pierluigi Concutelli dont le symbole est une hache noire à double tranchant à l'intérieur d'un cercle blanc sur fond rouge (de fait celle du III Reich hitlérien modifiée).
Ses relations sont très étroites avec les services secrets et les carabiniers qui la rendirent protagoniste de la stratégie des massacres depuis Piazza Fontana. Ordine Nuovo fut dissous pour "reconstitution du dissous parti fasciste" en 1973 par le ministre de l'Intérieur Paolo Emilio Taviani, un homme de Gladio mais contraire à transformer la guerre froide en guerre civile sur le front intérieur.
Le bras politique du groupe en question serait celui d'Identità Nationale, mouvement politique officiellement enregistré depuis le 29 novembre 2013. Parmi les fondateurs figurent Ancona Roberta Maria Michela, Berti Alberto Maria, Boschelli Vittorio, Covello Francesco Giorgio, Manni Stefano, Santoro Antonia, Trigiante Angelo, Trisciuoglio Nicola. Selon la reconstruction du Gip (juge pour l'enquête préliminaire, ndt) il y aurait des éléments qui confirmeraient le lien associatif de certains parmi les accusés et les mis en examen, en particulier entre le "leader" du groupe, l'ex carabinier d'Ascoli Piceno, Stefano Manni, et l'ex avocat napolitain Nicola Trisciuoglio. "Le mouvement politique constituant dénommé "IDENTITA NAZIONALE", rédigé par TRISCIUOGLIO Nicola, idéologue du même mouvement. En particulier, on a certifié que TRISCIUOGLIO tout en exposant à Manni les finalités de la néo constituée identité politique a affirmé avoir été investi de la création d'un tel projet de la part des ex militants au M.S.I. (…) Nicola TRISCIUOGLIO, bien que n'ayant pas de rôle décisionnel (verticista) au sein de l'association, est à considérer néanmoins interne (intraneo) au groupe mis en examen, soutien sur le plan du partage idéologique. Ex avocat napolitain, radié de l'ordre napolitain des avocats en 2005, il a plusieurs précédents pour escroquerie, extorsion et autres, ainsi que ayant déjà été condamné pour des crimes d'instigation à la haine raciale et apologie du fascisme. Il a fondé le "Movimento Uomo Nuovo" (Mouvement Homme Nouveau) et le mouvement politique "Identità Nazionale". Il est en accord avec MANNI sur un dessein subversif au moyen d'un massacre. Il est soutenu par sa femme Antonia SANTORO".
Dans l'ordonnance de la magistrature, relative aux interceptions des communications entre Manni et Trisciuoglio, il y a un passage qui semble intéressant :
"L'ex avocat a continué la conversation tout en affirmant qu'il a sur les réseaux sociaux facebook des centaines de contacts qui lui écrivent et partagent sa pensée, mais que lui se trouve à avoir un " doute dramatique et shakespearien " soit celui de "devoir les orienter ensuite vers quelque chose… ils se mettent à ma disposition" mais il n'a pas de réponses et des objectifs concrets à donner en précisant ultérieurement que "le mouvement (Uomo Nuovo n.d.t.) sur Facebook a 5.300 adhésions si on en enlève 1.000 qui font vomir, mais nous avons en dessous vraiment des personnes qui participent, si tu voies les débats qui se font là-dessus, ils ne sont pas si stupides les contacts avec les prisons de Catanzaro, de Rossano Calabro, de Palerme, de Messine, regarde ils sont très nombreux, c'est dommage de jeter une force humaine de ce type". Trisciuoglio a aussi souligné la nécessité de donner à ces personnes "une structuration" et avoir des "références idéologiques bien précises et bien claires sur tout le territoire national".
MANNI, pendant toute la conversation a partagé les mots de TRISCIUOGLIO et à la demande du premier, de comment pouvoir faire de manière à ce que "le peuple veau" puisse comprendre ces concepts, TRISCIUOGLIO répond qu'il est nécessaire de faire parler "les personnes à leur niveau, des personnes qui parviennent à faire comprendre à beaucoup d'autres qu'ils ne sont ni courageux ni téméraires, mais toute autre chose, parce que dans la figure du prisonnier tout autant critiquable qu'elle puisse être, il y a une forme révolutionnaire intrinsèque considérable, parce que celui qui néanmoins porte un pistolet sur lui et va faire une rapine, néanmoins a des c…...s."
Un autre aspect intéressant et le lien entre Mario Tuti, le killer néo-fasciste de référence dans les prisons :
"Au cours de la même conversation TRISCIUOGLIO a exposé l'intention d'impliquer dans un tel projet Mario TUTI : "A moi il m'importe de sélectionner les personnes, pour cela je veux avoir tout le temps d'aller chez Mario (TUTI ndt), parler avec lui, évaluer qui pouvoir insérer secteur par secteur, donc je te répète à moi il m'intéresserait seulement et exclusivement ton éventuelle adhésion préliminaire et préventive en fonction ensuite d'un travail à exécuter factuellement jusqu'au 28 février, de manière à ce qu'on puisse décider quoi en sortir aussi pour ceux qui m'ont pratiquement donne carte blanche" "je crois que soit arrivé le moment où en somme les gens comme nous ne restent plus les bras croisés".
Certes actuellement émergent de cette enquête aussi des éléments pour le moins folkloriques et d'autres qui en signalent des aspects peu solides, parmi ceux-ci le "trou" à rendez-vous que Manni donne à Trisciuoglio, en affirmant avoir été convoqué par la caserne des carabiniers, tandis qu'il était plutôt parti à une fête de Noël à l'école de sa fille, un comportement peu conforme pour une organisation "combattante". Des deux choses l'une : ou bien Trisciuoglio était un casse-pieds stratosphérique et loquace dont Manni voulait se tenir à distance ou bien le groupe était dans la phase primitive de rodage dans les relations réciproques.
Luca Fiore
http://contropiano.org/politica/item/28228-italia-operazione-contro-gruppo-fascista-clandestino-14-arresti
Lire aussi :
Ordine Nuovo: la linea nera dell'eversione neofascista
par Mario Di Vito
http://contropiano.org/articoli/item/28239
