27.04.15 - La campagne mondiale avait été puissante et lancée par le vice-président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Cet épithète inconcevable entre "collègues" avec de lourdes responsabilités - "amateur" - avait donné le la à une pléthore d'articles serviles (ne jamais oublier celui très serviable de Rampini sur Repubblica) qui devaient servir à inverser l'image du ministre grec Yanis Varoufakis, en le précipitant du statut de rockstar du réformisme anti-austérité au personnage que le gouvernement grec aurait bien fait de retirer dès que possible.
par Rédaction Contropiano
Mais le gouvernement d'Athènes a confirmé ce matin son plein soutien au "motard" qui enseigne l'économie depuis deux décennies dans au moins trois continents (Europe, Australie, États-Unis).
Quelque chose va cependant changer dans le reste de l'équipe des négociateurs avec les créanciers internationaux. La nouvelle équipe - rapporte la presse locale - a été décidé lors d'une réunion présidée par le Premier ministre Alexis Tsipras dimanche soir.
Outre ces nouvelles, on entend seulement des voix disparates, présentant le gouvernement grec - en fonction des intérêts particuliers - comme "prêt à se rendre" ou "irréductible" sur toute la ligne. Il est de toute évidence, à notre avis, que ne puisse être réaliste aucune de ces deux hypothèses limites, parce que - aussi contradictoire que cela puisse paraître - le mandat du peuple au gouvernement Syriza, exprimé avec le vote de janvier, est de mettre fin à l'austérité, mais sans abandonner l'Union européenne et la monnaie unique. Les fluctuations sont par conséquent inévitables comme les allergies de printemps.
La voix la plus réaliste parle du travail pour la rédaction d'une nouvelle liste de "réformes", vu que les deux listes précédentes ont été rejetées en bloc par l'Eurogroupe. Selon la presse athénienne Tsipras a tenu hier au siège du gouvernement une réunion avec les chefs financiers de son cabinet en présence du vice-Premier ministre Yannis Dragasakis, le ministre des Finances Yanis Varoufakis et le vice-ministre des Relations économiques internationales Euclid Tsakalotos.
Selon des sources citées par la chaîne de télévision Mega TV, ces propositions incluent: le gel des réformes du secteur de l'emploi jusqu'en juin ou au-delà; mettre un frein à la retraite anticipée; réduction des pensions trop élevées; introduction d'une taxe spéciale pour les hôtels de luxe en remplacement de la hausse de la TVA sur les îles les plus touristiques; utilisation du produit de la privatisation pour soutenir le système des retraites du pays.
En tout cas, l'éventuel défaut de la Grèce n'est pas un problème seulement pour Athènes. Selon la banque d'investissement Goldman Sachs, en cas de "Grexit" le spread des obligations italiennes par rapport aux obligations de même degré allemandes remonterait instantanément au-delà de 400 points. Presque comme au temps de l'expulsion de Berlusconi ...
La Troïka: "La solution pour la Grèce est de changer le gouvernement"
6.04.15 - Comment fait-on pour convaincre un gouvernement régulièrement élu, sur la base d'un programme indésirable, de changer de cap? Simple! Vous modifiez le gouvernement ...
par Claudio Conti
"Stressés" par deux mois et demi de négociations frénétiques avec Athènes, avec son gouvernement "étrange" formé par la "gauche radicale réformiste" de Syriza et un petit parti nationaliste (Anel), jusqu'ici assez déterminé pour tenter de maintenir ce qu'il avait promis à ceux qui l'ont voté (réduire les effets de l'austérité sur la population, tout en restant dans l'Union européenne et la monnaie unique), à Bruxelles le véritable "plan B" aurait définitivement fait son chemin : casser SYRIZA et lui imposer un nouveau gouvernement avec les vendus du Pasok et peut-être les modérés de Potami.
Antidémocratique? Et qui se soucie de la démocratie dans l'Union européenne? La chose importante est d'effacer rapidement un dangereux exemple, bien que simplement réformiste, de gouvernement qui n'obéit pas entièrement aux exigences de la troïka (UE, BCE, FMI).
La "révélation" vient du prestigieux Financial Times, certainement pas du genre à s'inventer les nouvelles, citant des sources internes de la Commission européenne ou en tout cas de l'UE. La formule aurait déjà été trouvée: obliger Alexis Tsipras à faire le "premier ministre et non le chef du parti radical de SYRIZA." Evidemment, dans cette "Union", un "premier" n'est vraiment tel que s'il accepte de rejoindre la nomenklatura du pouvoir multinational, tout en se dégageant - comme l'ont déjà fait tous les composants de la même nomenklatura - de tout lien politique et personnel avec le pays d'origine. Mais en tout cas, une chose est claire, dit l'anonyme "fonctionnaire" de Bruxelles: "Ce gouvernement ne peut pas survivre".
La nouvelle "bombe" à sa manière a été faite sortir pendant que à Washington, le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, rencontrait la Présidente du FMI, Christine Lagarde, pour assurer que le 9 avril Athènes aurait versé régulièrement la tranche due de remboursement: 458 millions, dans l'espoir que cela suffise pour débloquer la livraison de 7,2 milliards de dollars qui auraient dû être versés à la Grèce conformément à l'accord d' "extension" du plan d'aide. L'objectif déclaré par Varoufakis est de parvenir à un accord préliminaire avec les créanciers à la réunion de l'Eurogroupe le 24 avril. Qui, comme je l'ai dit, sont en train de viser un tout autre objectif.
Mais la stratégie de la Troïka n'a jamais changé: pas d'argent jusqu'à quand Athènes ne présentera pas une liste des "réformes structurelles" qui coïncide avec ce que la troïka même a décidé depuis longtemps. Ensuite, couper les dépenses publiques et les retraites, la privatisation sans limites, la libéralisation, la réduction de l'emploi public, augmentation de la TVA, etc. Zéro "mesures humanitaires".
Ce qui a changé est donc la solution à court terme. Au lieu de risquer la sortie de la Grèce et de l'euro ou même de l'Union européenne (on a étudié, à Bruxelles, une solution intermédiaire de "ré-interprétation des traités", de manière à garder toujours Athènes dans l'UE, même si elle aurait été forcée d'abandonner la monnaie unique), le feu vert immédiat au renversement du gouvernement.
La solution "indolore" pour Bruxelles, celle qui ferait apparaître un peu moins dictatoriale la décision, ce serait un "remaniement" du gouvernement grec qui prévoit l'expulsion de l'aile gauche de Syriza (en divisant ainsi le mouvement) tout en mettant à l'intérieur les orphelins de Andreas Papandreou.
Le problème est de convaincre Tsipras, qui doit décider - justement - si se vendre lui-même, son mouvement et son peuple en échange de l' '' entrée dans la société qui compte ", ou bien livrer encore bataille. Mais sans grandes perspectives de "victoire", si par victoire on entend mettre fin à l'austérité tout en restant dans l'UE. Ou l'un ou l'autre.
Évidemment, nous ne savons pas ce qui se passe dans la tête du jeune leader qui avait suscité de nombreux espoirs même au-delà de ses frontières. Syriza est un mouvement plutôt qu'un parti, avec de nombreuses âmes et qui a grandi très vite, donc avec une dys-homogénéité culturelle même forte. Beaucoup de ses représentants locaux, pour ne dire que ça, sont des ex socialistes du PASOK qui ont changé de drapeau à éviter de couler et ils pourraient le faire à nouveau.
Mercredi Tsipras est prévu à Moscou chez Vladimir Poutine, qui de son côté voit l'occasion de recevoir une soutien de la part du gouvernement grec et donc aiguiser les contradictions dans le camp de l'Atlantique (la Grèce est aussi un membre de l'OTAN).
Mais - vraiment dans tous les cas - le choix de l'Union confirme à tous ceux qui ont des yeux pour voir et un cerveau pour penser de façon indépendante, que "briser la cage de l'Union européenne" est une condition préalable pour être en mesure de changer de route par rapport aux décisions de capital multinational.