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Billet de blog 29 octobre 2014

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Giulietto Chiesa : Le "reset" de Poutine

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27.10.14  -  Un commentaire sur le discours de Sotchi au Club Valdai de Vladimir Poutine. Un discours sûrement très important dans lequel le président russe a drastiquement "remis à zéro" selon le terme américain (reset, ndt) le rapport entre sa Russie et Washington. Un discours bien médité qu'il serait à mon avis une grave erreur pour tous de sous-estimer. Beaucoup plus fort j'entends, plus dramatique dans sa clarté, que celui de Mounich de 2007.

 http://www.youtube.com/watch?v=IE7t4pZ7BtQ

Pendant les quatorze ans de son pouvoir le président russe ne s'était jamais poussé jusqu'à ce point, et on comprend pourquoi il faut suivre son raisonnement, pour le comprendre. Voyons de quel reset s'agit-il. 

Jusqu'à avant hier peut-on dire, Poutine était resté à l'intérieur du schème de la post-guerre froide. Il y était resté soit parce qu'il n'avait pas de choix différents à faire soit parce que avec toute probabilité dans ce schème il y croyait et il le retenait utile et réaliste. La crise était déjà visible, la crise des rapports avec les Etats Unis, mais la Russie avait décidé de s'y tenir à l'intérieur, la Russie s'y tenait dedans malaisément, c'est vrai, mais restait l'intention de dépasser aussi dans les paroles de Poutine avec le temps, tout en construisant une nouvelle architecture de la sécurité mondiale conjointement aux Etats Unis. Voilà, ceci est terminé. 

La conclusion du raisonnement de Poutine après ces dix années supplémentaires est celle-ci, explicite : la leadership américaine ne prévoit aucun multi-polarisme ni aucun respect des règles d'un quelconque partenariat entre égaux. Et au contraire on dirait même pire, et Poutine l'a dit, "il n'y a plus de règles partagées", subsiste seulement une situation de chaos avec une mauvaise direction. Poutine prend acte sans le dire explicitement mais faisant comprendre qu'il a bien compris, que la cible est lui personnellement, que les sanctions n'ont pas commencé en frappant la Russie mais en frappant son propre entourage, qui dans les attitudes occidentales et les déclarations occidentales est reconnaissable l'idée que Poutine ne représente pas la Russie et que donc une fois lui éliminé, la Russie sera reconduite à la bergerie.

En d'autres termes Poutine retient que l'Occident n'entend pas négocier avec la Russie jusqu'à quand lui ne sera ôté de la direction de ce pays. 

La réponse de Sotchi est dès lors très nette, un authentique point de non-retour, appuyé sur quelques piliers. Le premier est l'idée que l'unité de l'Occident est précaire, c'est peut-être un pari mais c'est ce qu'il pense ; l'Europe n'est pas compacte  derrière l'Amérique, elle reste un partenaire de la Russie bien qu'elle se retrouve sous contrainte américaine, justement, c'est ce que disent les chiffres des relations économiques et commerciales en plus de l'histoire d'après-guerre et sur ceci Poutine mise ses cartes. C'est le premier pilier. 

Je répète, ce pourrait être un pari qui ne se vérifiera pas, mais c'est un moyen pour garder ouvert le champ de manoeuvre, Poutine montre de comprendre parfaitement que la Russie qu'il se retrouve entre les mains et encastrée de mille manières dans le système occidental, même de ceci lui est responsable, parce que dans ses quatorze années, non seulement dans ceux eltsiniens, la Russie s'est liée mains et pieds aux destinées de l'Occident. Donc elle est vulnérable et devra payer des prix salés et peut-être très salés. Ici Poutine est dos au mur, et il devra démontrer à ses concitoyens de parvenir à s'en débarrasser. 

L'espace pourra peut-être s'ouvrir comme effet de la crise politique de cette Europe, la désagrégation des partis politiques nationaux presque partout montre qu'il pourrait y avoir d'autres interlocuteurs pour la Russie, en plus des conservateurs traditionnels et aux gauches traditionnelles toutes émigrées outre-océan.

L'Europe populaire, Poutine le voit, va à droite, se meut dans le sens anti-européen, anti-américain et anti-mondialiste, et converge sur l'autre pilier sur lequel Poutine s'appuie, celui du patriotisme, du conservatisme éthique, des valeurs traditionnelles de la famille, de l'éducation, du respect de la mémoire. En somme la famille européenne pourrait changer de signe dans les prochaines années. 

Et il y a un autre pilier désormais évident, tout le monde le voit, l'Orient : la Chine, l'Iran, le reste du monde. Dans cette direction au cas où les tentatives allaient mal vers l'Occident, l'aigle à deux têtes regardera de ce côté-là, les sanctions dit Poutine ne nous arrêteront pas. Et cette Russie dans les paroles de Poutine, apparaît proche, éveillée, compacte, on le voit et on l'entend par son ton, de par sa manière de parler de Poutine, comme il ne l'était pas depuis plusieurs décennies. C'est une espèce de prélude peut-être à un gouvernement de salut national, dans lequel Poutine fera entrer les communistes de Ziouganov, les Zhirinovsky, les nationalistes de droite et de gauche, sautant les pieds joints par dessus les distinctions européennes et occidentales qui en Russie ont toujours compté peu.

L'Amérique de Obama, l'Amérique que Moscou voit comme en proie à une crise sans retour, parce que après Obama pourrait venir le pire, une Hillary Clinton qui gagne les élections mais avec le programme des républicains les plus forcenés, n'est pas un partenaire pour Poutine. L'ours russe, c'est en ces termes que Poutine l'a dit dans un passage de son discours, n'entend pas sortir de son environnement, soit n'a pas d'ambitions expansionnistes, mais il n'est pas disposé à se faire déloger. Les vicissitudes en Ukraine sont très claires sous ce point et Poutine n'a pas diminué disons d'un millimètre son jugement : il y a eu un coup d'état, ce coup d'état a violé les conditions d'équilibre, que celui-ci a été le point de départ de la crise. Et donc Poutine n'accepte aucune responsabilité pour ce qui est arrivé en Ukraine et il considère l'initiative en Ukraine comme une action directe des Etats Unis d'Amérique, comme une tentative directe de frapper la Russie. Poutine, à cette conclusion il est parvenu. 

Celui que j'ai ici résumé est son plan de résistance. Il s'agit maintenant de voir s'il est dans les conditions de le soutenir. Et avec une Amérique qui joue à ou ça passe ou ça casse ce sera une partie dure, dramatique. C'est dur lorsque les deux antagonistes ont chacun le dos au mur. Poutine est en difficulté évidente, mais l'Amérique aussi est dans une difficulté évidente, elle est pressée, elle est pressée de recomposer le cadre mondial à son avantage avant qu'éclate sa crise justement. C'est dur lorsque les deux antagonistes ont le dos au mur.

Et bon voyage à tous autour du soleil.

Giulietto Chiesa

PandoraTV.it

http://www.youtube.com/watch?v=li_nrg7qwVM 

MH17 abattu par un avion de chasse ? Le PM : c'est possible. L'armée polonaise sur la frontière ukrainienne. Le leader néo-nazi élu à Kiev. La police israélienne blesse des journalistes.

28.10.14  -  Le vol de ligne MH17 de la Malaysia Airlines pourrait avoir été abattu par le feu d'un avion militaire. C'est l'hypothèse prise en considération par Fred Westerbeke, le magistrat hollandais chargé de l'enquête. C'est Westerbeke lui-même qui en fait la révélation dans une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. La semaine dernière le Spiegel avait révélé aussi la thèse des services secrets allemands qui affirment avoir les photos d'un missile terre-air de l'armée ukrainienne actionné cependant par les philo-russes. "Malheureusement nous ne sommes pas à connaissance des images spécifiques en question" a affirmé le magistrat. La magistrature hollandaise n'a pas non plus pu examiner les photographies des satellites américains qui accuseraient les combattants philo-russes, images que Washington jusqu'à aujourd'hui n'a pas envoyé aux enquêteurs. A ce propos le titulaire de l'enquête a été clair, "ce que nous avons est insuffisant pour tirer des conclusions. Nous restons en contact avec les Etats Unis pour recevoir des photos satellitaires". Il a poursuivi en précisant que si pour les journaux a toujours été évident ce qui est arrivé et qui étaient les auteurs pour amener les responsables au tribunal il faut des preuves plus concluantes qu'un coup de téléphone téléchargé depuis internet, en faisant allusion aux coups de téléphone qui ont été aussitôt mis en circulation par les services ukrainiens dans lesquels les philo-russes s'auto-accusaient de la destruction de l'avion. Pour ces raisons, tout en restant dans l'opinion que l'hypothèse d'un missile terre-air était pour le moment la plus vraisemblable, le PM hollandais n'exclut pas la possibilité que les choses aient pu se passer autrement.

Avec un déploiement de troupes sans précédents Varsovie modifie ses positionnements militaires remontant à la période de la guerre froide. La Pologne entend envoyer, - décision de portée historique - des dizaines de milliers de soldats aux frontières avec l'Ukraine. C'est le ministre polonais de la Défense qui l'a déclaré à la Associated Press Thomasz Siemoniak, tout en affirmant que l'armée est nécessaire dans l'est du pays à cause du conflit en Ukraine. "La situation géopolitique a changé" a déclaré Siemoniak "nous avons la plus grande crise sécuritaire depuis les temps de la guerre froide et nous devons en tirer les conclusions qui s'imposent. Ce n'est pas une action dictée par la nervosité ou l'extrémisme" a-t-il ajouté "mais liée à la situation de menace qui requiert que ces unités dans l'est de la Pologne soient plus efficaces". Les pays membres de l'OTAN, l'Allemagne en tête, ont manifesté de la perplexité suite aux déclarations du ministre de la Défense polonais.

Tête à tête entre le Front Populaire du Premier ministre Arseni Yatseniuk et le Bloc du président Petro Porochenko aux élections législatives en Ukraine. Avec 85% des bulletins ouverts est en tête le parti du philo-américain Yatseniuk à 22,4% suivi par le Bloc du président Porochenko à 21,6%, troisième Samupomich ("Auto-aide) avec 10,9 % et quatrième le bloc d'opposition philo-russe avec 9,4%. L'affluence aux urnes a été basse autour de 52% avec les régions russo-phones qui ont déserté le vote. Assuré le siège à la Rada de Kiev pour le leader de Secteur Droit de Dmitri Yarosh, le néo-député néo-nazi protagoniste dans les derniers mois de nombreux épisodes de nettoyage ethnique dans l'est du pays. Les leaders occidentaux parmi lesquels Barack Obama, le sortant Barroso et l'entrante Federica Mogherini sont unanimes pour saluer le tournant démocratique de l'Ukraine. Reste à comprendre qui et dans quelle mesure entre les Etats Unis et l'Europe prendra en charge la banqueroute de l'Ukraine, pendant que dans ces heures la tension monte et le nombre de victimes dans l'est.

Un photographe de l'agence Associated Press et un free lance suisse ont été blessés par la police des frontières israélienne en Cisjordanie. Les reporters étaient dans la zone des affrontements entre Palestiniens et les forces de l'ordre israéliennes déclenchés suite aux funérailles d'un garçon palestinien de 14 ans tué par l'armée israélienne. Les images sont éloquentes, les reporters parfaitement reconnaissables étaient en train de faire leur travail lorsqu'un policier est descendu de la jeep et a tiré des projectiles de caoutchouc à une distance de vingt mètres. L'Associated Press a l'intention d'envoyer une note officielle au gouvernement israélien pour protester contre la grave inobservance de la sécurité des journalistes. Le porte-voix de la police israélienne a déclaré que la dynamique de ce qui s'est passé n'est pas claire. Il a aussi ajouté que la police a dispersé des centaines de manifestants qui lançaient des pierres aux forces de police.

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