Tout a été dit sur les 7 affaires judiciaires dans lesquelles Sarkozy est accusé, depuis le financement supposé de sa campagne de 2007 par Khadafi, jusqu'au dépassement illégal de ses comptes de campagne 2012.Hier soir, Sarkozy a eu droit à une tribune politique exceptionnelle pour un justiciable mis en examen, au 20H de TF1. Mais il y a fort à parier que sa carrière est derrière lui. Au délà de ses dénégations peu crédibles et de sa mise en scène de victime d'un complot politique appuyé par une magistrature de gauche, cette mauvaise séquence médiatique met en lumière l'étonnante perte de lucidité des hommes politiques. A la fin de l'entretien, à la question de savoir s'il va se répresenter à la présidentielle de 2017, Sarkozy répond droit dans ses bottes et sur un ton de défi, qu'il ne renonce pas.
Comme Cahuzac en 2013, comme Copé il y a un mois, comme Berlusconi tout au long de son parcours et comme tant d'autres, il semble que les politiques développent une sorte de cécité névrotique à leur mort professionnelle. Tel une moule accrochée à son rocher, un politique qui a touché à cette drogue dure que constitue un poste prestigieux ne sait tout simplement pas s'arrêter. Alors que n'importe quel observateur tant soit peu informé assiste à son naufrage politique et médiatique, un politique ne parvient pas à le formaliser et à l'accepter. Au delà de tout principe de réalité, cette obstination irraisonnée témoigne d'un degré anormal de narcissisme quand tout indique qu'ils doivent renoncer. Sinon, comment interpréter les déclarations entendues hier sur TF1 où l'on voit un ex-président accusé par la justice pour des faits très graves, se poser en recours ultime de la Nation? Il y a du pathétique dans les vaines dénégations des politiques pris la main dans le sac, une négation insensée du réel qui met à jour l'immense césure qui les sépare des électeurs. Ces derniers portent aussi la responsabilité d'une recherche vaine de l'homme providentiel qui les sauvera du chaos et calmera leurs peurs. Le monde est devenu aujourd'hui trop complexe et imbriqué pour miser sur le pouvoir providentiel d'un seul homme, qui aurait tel un monarque omnipotant, tout pouvoir sur la finance débridée, les grandes entreprises, avec une vision prégnante et aigue des immenses défis qui nous attendent.