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Billet de blog 23 août 2014

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VOUS AVEZ DIT "PRODUCTIVISME"?

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VOUS AVEZ DIT « PRODUCTIVISTE »

St-ETHIQUE SLAM m’a reproché d’avoir « laissé de côté » dans mon billet précédent la question du « productivisme » supposé du PCF.  Je m’en suis expliqué mais St-Ethique Slam a raison ; cette question a son importance.

N’ayant pas de prétention à l’omniscience (Staline est mort ‼ !), je ne dégage pas en touche mais ce billet sera par force beaucoup plus court et surement plus criticable quant au fond que le précédent.

A priori, « productivisme » reflète une attitude politique qui envisage « la production de richesses «  pour elle –même, comme un but en soi.

Il paraît évident aussi que de façon immanente c’est-à-dire sans y songer, le capitalisme est un mode de production productiviste ; on ne voit pas comment il pourrait en être autrement. La logique de ce mode de production  ne fait aucune part au développement des capacités humaines dans l’ensemble de leurs dimensions et aucune part à la question d’une gestion économe des ressources de la planète.

Cette affirmation ne semble d’ailleurs pas aller de soi pour nombre d’écologistes, à commencer par Nicolas Hulot lequel, les jours fériés- même pas les jours pairs-, veut bien considérer que le capitalisme est un problème mais surement pas pour lui la question des questions.

Nous parlons du PCF ; dans sa courte histoire ( moins d’un siècle ) il est connu qu’il adhéra à la Troisième Internationale ( Communiste ) et que durant une longue période, le soutien inconditionnel à l’URSS en tant que porteuse principale d’un système  radicalement nouveau, libéré de l’exploitation et de la course au profit fut pour lui une règle d’airain.

Ce faisant, il montra une certaine myopie et même une myopie certaine par rapport au développement de contradictions  en URSS et dans le monde, y compris en France.

L’URSS fut- elle productiviste ? Il est difficile pour un militant ordinaire de dater la question ; en tout cas, celle-ci  est absurde me semble- t-il jusqu’aux années 1950 ; en effet avant la Deuxième Guerre le pays lutte pour la construction d’une économie et il le fait à marches forcées ; ses résultats éblouissent le monde, il ne faut pas l’oublier ; jusqu’à la veille de la Guerre, personne au monde ne critique l’URSS de CE point de vue. Je laisse de côté les effets de la politique de Staline et ses méthodes ; elles ont à voir mais sans doute pas de façon primordiale.

L’URSS sort dévastée de la Guerre au plan économique et au plan humain ; et le Plan Marshall ne la concerne évidemment pas ( je ne trouve aucune qualité à ce « plan » mais sans lui l’Allemagne par exemple ne se serait pas relevée ..)

La France avait d’autres atouts et le Plan Marshall ne la concernait qu’à la marge.

Reconstruire est une nécessité absolue ; en dix ans donc, nous arrivons aux années 1960, l’URSS est devenue la seconde puissance mondiale ; elle étonne à nouveau le monde entier et il n’y a pas de Nicolas Hulot pour lui jeter la pierre.

Parallèlement,  Maurice Thorez, à l’issue de la Guerre prononce un discours resté célèbre à Waziers où le mot d’ordre est « Produire, produire et encore produire » . Dans le contexte, c’est un mot d’ordre courageux, de salut public pour la France, sans lequel le pays serait livré au capital nord –américain ; hors du contexte, c’est un problème.

En Urss les premières tensions se font jour ; N Khrouchtchev est écarté : la réforme économique Kossyguine peine. Les résultats  ont cessé d’être au rendez- vous mais jusque dans les années 1970 le pays progresse encore ; en France les « trente glorieuses » vont vers leur fin. 1968 en est le symbole. 

Les dirigeants soviétiques, l’œil rivé sur les USA qui sont sortis de la Guerre sans destruction et une économie de pillage mondial MAIS florissante, qui mènent maintenant la Guerre Froide, obligeant l’URSS à la course aux armements toujours plus coûteux et sophistiqués[i], lancent l’idée du « rattrapage du niveau de vie  des pays capitalistes développés » et les indices de production vont tenir le haut du pavé ; la politique est mise au coin.

Le PCF ne voit pas cet aspect de la question ; il est confronté à une  autre affaire qui l’occupe 24h sur 24, à savoir après 1968, créer les conditions de la sortie par la gauche du gaullisme ; le PS (à l’époque la SFIO) EST productiviste comme aujourd’hui il est obsédé par la « compétitivité ». Pour le PCF , ce problème n’en est pas un ;qu’on sorte par la gauche du gaullisme ( institutions , politique économique  et sociale , rôle puissant de l’État démocratisé ) , le reste viendra ensuite , plus tard …..  

Les premiers mouvements verts voient le jour ; en Allemagne, vu les méthodes musclées d’implantation des centrales nucléaires, la religion d’État allemande pour une INDUSTRIE  qui tourne à plein régime (l’Allemagne n’a pas d’empire colonial … détail) les mouvements écologistes sont DE GAUCHE, ANTIMILITARISTES ET PACIFISTES ;   le rôle de femmes est très important ; c’est la deuxième dénazification.

En France les mouvements écologistes en gestation sont avant tout dénonciateurs ……… de la consommation populaire.   Le PCF s’en offusque. Dire rétrospectivement qu’il a tort  est idiot .Le premier Rapport du Club de Rome date de 1972 et s’intitule en français ( ce n’est PAS le titre anglais ) : HALTE A LA CROISSANCE . Le PCF interprète ce rapport – et il a raison- comme le signal d’une stratégie nouvelle du grand capital ; la consommation populaire est donc menacée et tout ce qui ressemble de près ou de loin à l’importation de thèses semblables est pour lui  une hérésie.

Contrairement à l’Allemagne le mouvement écologiste en France ne nait PAS à gauche mais à droite. Ses préludes aux après-midi faunesques ne sont toujours pas achevés à cet égard.

Un arbre ou plutôt DES ARBRES cachent donc  la forêt au PCF. 

Suit une période d’environ 20 ans de creux idéologique et politique pour le PCF lequel participe au gouvernement mais s’y trouve comme une poule devant un couteau, ses Ministres sont l’un après l’autre mesmérisés par Mitterrand, il sort du gouvernement mais personne ne s’en aperçoit ( les déclarations à cet égard de J Attali sont sans appel) ,     a ensuite  du mal à se relever de la chute de l’URSS , constate que son crédit politique est profondément ébranlé . Il tente dans le désordre la « mutation Hue » qui ajoute au trouble déjà considérable ; les partis communistes dans le monde s’effondrent  ou disparaissent les uns après les autres …la question de savoir s’il faut en France un PCF est posée ; elle est résolue positivement mais un travail herculéen se trouve devant lui : tout en effet doit être passé au crible ; tout doit être repensé, retravaillé. Pendant ce temps la politique se poursuit et ne lui laisse aucun répit ; il fera face mais dans les plus mauvaises conditions. A gauche, rien de nouveau, le PS poursuit lentement puis de façon accélérée une course vers le triangle des Bermudes et l’ayant atteint, s’y délecte ; je laisse la droite de côté ; son champ est relativement libre, elle le sait et en profite jusqu’à la gabegie ; de leur côté les mouvements écologistes voient arriver les premiers rapports du GIEC et considèrent leur heure venue ; d’un côté Tchernobyl, de l’autre le climat, tout semble les créditer d’une prescience admirable. Mais ……… cela ne fait pas une politique et nos compatriotes ne sont pas dupes. Le rapport du Club de Rome n’avait pas fait recette en son temps, voilà le moment d’en reparler ; la cible est toute trouvée : on ne parlera pas de « halte à la croissance «  trop suspecte( avec un ménage sur deux hors fiscalité sur le revenu , mieux vaut éviter )  ; la croissance « verte » fait son apparition, la préservation des espèces au mépris des êtres humains devient un axiome ( le loup) ; et par-dessus tout, haro sur le productivisme  ( suivez mon regard, CE N’EST PAS LE CAPITALISME QUI EST VISE ‼ ‼ ) . Le PCF se retrouve en ligne de mire sur un terrain qui ne lui est pas familier mais il a de la ressource et a beaucoup travaillé entre temps ;  il produit de très nombreux documents –phare ( On donnera des références ultérieurement)   ; il a complétement abandonné une lecture vieillie et prétendument fidèle du marxisme  (en fait incomplète, superficielle et parfois dogmatique)   lequel, contrairement à beaucoup de commentateurs  n’est pas du tout à côté de la plaque pour ce qui est des écrits originaux. Mais les  écrits de K Marx à cet égard donnent au mieux des pistes de réflexion, comment le lui reprocher ?

L’idée maîtresse est celle d’entrelacement ; les contradictions immanentes au capitalisme et à sa crise sont entrelacées avec le problème des ressources naturelles, des écosystèmes  et du climat ; on ne peut pas saisir les unes sans les autres et c’est toute la difficulté.

Mais l’entrelacement n’est vu ni par EE-Les VERTS, ni par le PS et c’est un  autre problème.

Ensuite le PCF revoit de fond en comble la question de la production ; son  projet de société qui par définition ne peut être achevé, pose à chaque étape de la réflexion,  la question : quelle production, pour qui, comment.

Il est le seul parti politique à gauche qui comprend que sur la question du nucléaire on ne peut pas décider par « OUI ou NON  » , par comparaison , le PS se contorsionne et règle le problème au petit matin sur un coin de table ; les Verts sont furieux  aujourd’hui mais de ce point de vue ils n’ont que ce qu’ils méritent ; les questions de ce type ne relèvent ni de la doctrine , ni d’apriorismes ; elles demandent une INSTRUCTION ELABOREE  .

Quelques ingrédients en sont : les besoins en énergie prévisibles, le principe d’égalité en droit à l’accès à l’énergie, le développement  technologique et scientifique, les mécanismes de sécurité et les principes de la maîtrise publique ; je suis certain de ne pas être exhaustif.  Mais tout discours politique faisant l’impasse sur l’ensemble de ces éléments ne devrait pas pouvoir passer la rampe de l’exposé public.

Que dire de plus au point où nous en sommes ? Critiquer le PCF au nom de positions supposées (implicites mais non affirmées) d’hier – où personne ne se posait la question- relève de la supercherie. Considérer le problème dans sa complexité et avoir la modestie de concevoir qu’il ne peut pas exister  à ce sujet de « théorie globale » mais l’échange respectueux et ARGUMENTE me semble une attitude sage ; encore une fois relire le passage sur la coopérative politique sociale et citoyenne.

Reste un important aspect idéologique : la droite n’ pas d’état d’âme ; le capitalisme est SON système et elle ne s’en cache pas ; elle EST productiviste par nature ; on l’a dit, le productivisme est entré par effraction dans le corpus politique du PCF ; je laisse de côté le PS ; le triangle des Bermudes n’intéresse pas grand monde   ; dénoncer LE « productivisme » a donc un sens « NI DROITE NI GAUCHE » ; la boucle est bouclée. C’est l’après -midi faunesque de EE-LES VERTS.


[i] A noter que la question de la course aux armements est une question clé : dans le système capitaliste , et particulièrement aux États Unis , cette course est BONNE en soi ; elle booste les commandes de l’État , fait travailler le complexe militaro-industriel et ………. Participe directement du processus appelé « suraccumulation- dévalorisation du capital ; la course aux armements est UN MOYEN de contrer la crise du système, crise qui se développe déjà mais dont on ne voit que les prémisses ; par contre en URSS, cette même course CONTREDIT fondamentalement les principes du système ; elle l’épuise et DISTRAIT de l’économie POUR LES BESOINS HUMAINS des sommes gigantesques ; l’antagonisme des deux systèmes trouve ici un exemple archétypique mais cela échappe eu dirigeants soviétiques………..  

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