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Billet de blog 9 mars 2011

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Terre des hommes... entretien avec Nino d’Introna autour du spectacle Terres !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour quelles raisons avez-vous décidé de monter le texte de Lise Martin ?

Parmi tous les textes francophones que j’ai lu ces cinq dernières années assez peu possédaient l’énergie particulière que je recherche, en réunissant à la fois la musicalité de la langue qui est pour moi essentielle, le rythme, le côté évocateur, le thème qui doit être le plus universel possible, mais aussi le mélange de mythique, de politique, de poétique, de fantastique, de tragique et de comique. Grâce à mon ami Emile Lansman, j’ai découvert Terres ! que j’ ai dévoré, ce qui ne m’arrive pas souvent.

La terre est un sujet qui vous tient à coeur…

Je suis obsédé par tout ce qui concerne la terre. J’ai d’ailleurs fait plusieurs spectacles autour de ce thème : Terre promise ; Frères de sable qui était inspiré d’Abel et Caïn ; puis également Robinson & Crusoé ; ou encore Theatron qui parlait de l’origine du théâtre. Dans tous ces travaux artistiques, la recherche des origines est toujours importante. S’il est vrai que l’on raconte toujours la même histoire, alors mon obsession est de montrer sur le plateau cette interrogation sur les origines de l’humanité, sur les éléments fondateurs, le socle de l’âme de l’homme. Je pense que j’ai encore des choses à dire sur ce sujet.

C’est un peu l’histoire de l’humanité…

Je pense qu’en réalité, tout ce que l’on voit chez les hommes dans la société actuelle, se trouve déjà à l’origine de l’humanité, c'est-à-dire dans la petite enfance. Il y a finalement peu de différence entre cette folie qui consiste à vouloir posséder une terre ou une femme, et deux enfants autour d’un bac à sable qui se battent pour la propriété d’un seau. Sans batailles, l’humanité ne pourrait probablement pas exister. Mais je n’ai pas de solution, alors j’ai envie de montrer que la propriété est la base de la relation.

Quand on lit ce texte, on pense forcément à la situation actuelle dans certains pays...

Oui, mais même si elle peut être évoquée, je ne veux pas que le public ne pense qu’à ça. Il devrait pouvoir penser aux Indiens d’Amérique autant qu’aux Aborigènes d’Australie où à la banlieue d’une grande ville française, qu’importe. Je veux l’universalité. Le texte parle surtout d’une "terre jaune". Et si j’aime autant ce texte, c’est parce qu’il aborde le sujet de façon ludique.

La terre idéale que recherchent les personnages de cette fable symbolise la quête individuelle du bonheur...

Oui et c’est cette idée plus abstraite que je souhaite faire passer, je ne veux pas enfermer la pièce dans une dynamique géopolitique, même si cet aspect est important, ce n’est pas ce qui m’intéresse, ce n’est pas mon rôle. J’aimerais que le public se dise que ce spectacle le touche parce que ça le concerne.

Ces personnages partis refaire leur vie ailleurs, sur une terre neuve, ne font que déplacer les problèmes auxquels les hommes sont inexorablement confrontés...

Exactement, avec toutes les tendresses et les incapacités des hommes à vivre ensemble. Parce que c’est, et ce sera sans doute toujours, LE problème de l’humanité. Je n’ose pas dire que peut-être, cette difficulté à vivre ensemble, c’est la richesse de l’humanité... Mais je pense que le conflit est quand même la base, l’excitation qui pousse l’être humain à chercher. Encore une fois, je n’ai pas de solution.

Terres ! n’est pas une pièce très optimiste...

Tout dépend de la façon dont on imagine la fin. On peut penser qu’Aride va être tué, mais on peut aussi imaginer qu’il va se libérer et partir. Ou qu’Aride et L’Homme qui le retient prisonnier vont partager une tasse de thé... Moi je souhaite une fin optimiste, que les gens sortent avec une image positive...

Si vous deviez dégager une morale à cette histoire…

C’est que l’on cherche toujours ailleurs ce que l’on a à côté de soi. Que ce que l’on a de plus près de nous, c’est notre coeur. Et que la question de la propriété doit certainement se poser dans notre coeur. C’est là que se trouve le vrai noeud, pas dans les objets.

Est-ce que la terre idéale se partage ? Est-ce que cet idéal de bonheur peut se partager ?

C’est bien la question. On a peur de partager la terre idéale alors qu’on n’est même pas sûr de pouvoir l’atteindre. Qu’on risque de mourir avant de toucher son but. C’est peut-être pour ça que ce thème me touche autant, parce qu’en réalité je n’arrive pas à le saisir d’une façon rationnelle. C’est une métaphore dans laquelle je me retrouve, grâce à laquelle je peux dire les choses. La force de la pièce est sa dimension symbolique qui est immense. Je vais dire avec les actes ce que je ne serais pas capable de dire avec les mots.

entretien réalisé par Blandine Dauvilaire, journaliste(janvier 2010)

Terres !

Lise Martin

Pour tous à partir de 8 ans

Durée du spectacle : 1h

DU 1er AU 13 MARS 2011

mardi, samedi - 19h30

mercredi, dimanche - 15h

Représentations en LSF (séances scolaires)

jeudi 10 et vendredi 11 – 10h

Mise en scène et conception visuelle : Nino D’Introna

Avec : Maxime Cella, ThomasDi Genova, Alexis Jebeile, Sarah Marcuse

Création janvier 2011 - Théâtre NouvelleGénération / CDN de Lyon

Théâtre de l’Est parisien

159 avenue Gambetta Paris 20ème

réservations : 01 43 6480 80

Mº Saint-Fargeau, Pelleport,Gambetta, Porte des Lilas.

www.theatre-estparisien.net

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