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Billet de blog 12 octobre 2014

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Derrida sur Modiano

Derrida disait: "Je ne vais jamais à la télévision parce que là, je sais que je ne pourrais pas m'en tirer. Mais quand j'accepte des paroles publiques ou des interviews etc., je tiens compte d'un certain programme de cette scène publique à la condition qu'on me laisse à d'autres moments construire d'autres programmes,

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Derrida disait: "Je ne vais jamais à la télévision parce que là, je sais que je ne pourrais pas m'en tirer. Mais quand j'accepte des paroles publiques ou des interviews etc., je tiens compte d'un certain programme de cette scène publique à la condition qu'on me laisse à d'autres moments construire d'autres programmes, et ne pas me laisser..., parce qu'écrire ou parler ce n'est pas simplement entrer dans un ensemble de conditions déjà programmées (Benjamin disait qu'il fallait changer ça, que la parole révolutionnaire consite à transformer les conditions de sa production et de sa réception) eh bien une parole performative, qui produit un événement, devrait être une parole qui affecte l'espace qui lui est donné de telle sorte qu'à la fin l'espace ne soit plus le même.

Par exemple, qu'on accepte que quelqu'un parle mal et lentement, longuement à la télévision. Il y a quelqu'un que j'admire à la télévision, si un jour j'y vais, il faudrait que je fasse comme lui, c'est Modiano. Voilà, il a réussi à faire accepter que non seulement les gens patientent quand il ne trouve pas ses mots, personne ne peut obtenir cela, mais il arrive que les gens espèrent qu'il va continuer parce que si un jour il parle vite..., ils sont là à jouir du fait qu'au fond il n'arrive pas, non le mot ne vient pas, et le temps passe, alors que d'habitude aucun, ni Anne sinclair, ni Pivot n'accepte cela, avec lui on supporte.
Alors je me dis, voilà quelqu'un qui a réussi à transformer la scène publique et à la plier à un rythme qui est le sien, il a réussi à signer sa scène publique."

Portrait d'un philosophe: Jacques Derrida, in Philosophie, philosophie, revue de Paris VIII, 1997, soirée du 26 février 1996 au théâtre de l'Odéon.

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