Une information brève mais vraiment vraiment enthousiasmante.
Vous l'ignorez peut-être, mais actuellement, tous les évolutionnistes, les historiens, philosophes et théoriciens de la biologie, et parfois quelques biologistes tout court d'horizon divers, comme votre serviteur, sont sur le pied de guerre. En effet, l'an prochain, c'est notre année à nous, on va se faire plaisir et on s'y prépare. L'Origine des espèces, l'oeuvre maitresse de Charles Darwin, fêtera ses cent-cinquante ans de parution. Le monde de l'édition scientifique grouille de projets, des colloques en-veux-tu-en-voila se préparent. Parler de Darwin, c'est du bonheur assuré, tant d'une part sa pensée est féconde, et de l'autre part, tant la simple évocation de son nom suscite de débats, de controverse souvent difficiles à débrouiller ( et puis soyons aussi honnête : l'édition scientifique étant tellement fragile, Darwin fait aussi...vendre) . Il y a les outrances, les vieux barbons qui n'ont jamais supporté la pensée évolutionniste, mais il y a aussi et surtout les discussions passionnantes sur la portée de son oeuvre, ses limites, sa diffusion parfois surprenante dans d'autres contextes que la simple biologie de l'évolution. Je n'ai jamais écouté un débat sur Darwin, y compris entre distingués collègues comme on dit, qui ne sucite pas un peu d'échauffement, et bon sang ce que c'est bon, un peu de sang, de chique et de mollards dans les rencontres scientifiques, quand cela fait, au final, progresser la pensée. Comme personne n'est parfait, je me trouve embringué dans quelques inititatives à venir, mais pour l'instant, suspense... Mais je vous promets que si on est encore là pour parler sciences l'année prochaine, je vous ferai vivre tout cela de l'intérieur.
Pourquoi je vous parle de ça dès maintenant alors ? Parce que les fous furieux de Darwin Online viennent de frapper un grand coup. Ce site internet lancé en 2002 a pour projet la publication intégrale des oeuvres de Darwin, y compris tout le matériau inédit, et la correspondance. Et ces jours-ci, c'est un fabuleux cadeau qui est mis en ligne : les brouillons de sa théorie. 90 000 pages. De quoi voir enfin les errances d'une pensée, et sa construction. Hourra ! Evidemment, c'est un boulot d'historien à plein temps que de déchiffrer et organiser les informations recueillies par l'exploration de ces manuscrits, mais gageons qu'on ne pouvait pas trouver de meilleur préambule à la phase de commémorations qui s'annonce.