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Billet de blog 27 février 2011

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L'eau, Véolia, Suez, Arte et la censure...

. Veolia porte plainte contre le film documentaire « Water Makes Money ».Après Paris, Berlin. Ceux qui portent plainte contre le film Water Makes Moneydoivent affronter une tempête. A Berlin, Veolia ne peut plus cacher que derrière ses contrats, une « machine à sous » lui a rapporté plus de 1,3 milliard d'euros grâce à la distribution de l'eau.

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Veolia porte plainte contre le film documentaire « Water Makes Money ».Après Paris, Berlin. Ceux qui portent plainte contre le film Water Makes Moneydoivent affronter une tempête. A Berlin, Veolia ne peut plus cacher que derrière ses contrats, une « machine à sous » lui a rapporté plus de 1,3 milliard d'euros grâce à la distribution de l'eau.

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Les habitants de Berlin ont décidé, par référendum, que ces contrats doivent être revus. Même chose à Paris, Bordeaux et Toulouse : des juristes attentifs mettent le doigt sur les astuces juridiques et les coups-bas cachés dans le contrat du groupement, qui permettent aux acteurs mondiaux de générer des milliards grâce à la distribution privée de l'eau. Selon le directeur de l'Institut pour le droit en matière d'énergie et de la concurrence de l'Université Humboldt à Berlin, Hans-Peter Schwintowski, une évaluation juridique minutieuse de ces contrats amène forcément au constat de leur invalidité.

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La garantie de bénéfices serait, de fait, une subvention de la Communauté européenne qui aurait dû recevoir une autorisation, et l'appel d'offres pour l'attribution du contrat n'aurait pas non plus été réalisé correctement. Donc, la privatisation partielle de la distribution de l'eau à Berlin serait entachée de nullité et la voie serait ouverte pour la re-municipalisation. Nous n'en sommes pas encore là, à Berlin, mais des premiers pas importants sur la voie de la municipalisation en régie publique sont en route comme à Paris.....

L'opinion publique s'éveille

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L'opinion publique, en France comme en Allemagne et dans les pays voisins se préoccupe maintenant de ces « drôles de contrats » . Les journaux Rue 89, Tele Premiere, Télérama en France, et Die TAZ, Hamburger Abendblatt, Stuttgarter Zeitung, Berliner Morgenpost, Junge Welt, Badische Zeitung en Allemagne sont quelques exemples de l'énorme écho qu'a trouvé cette affaire dans la presse. Des chaînes de télévision ont également manifesté leur intention de traiter ce sujet.

Nous apprendrons seulement pendant le procès quels points concrets du film sont concernés par la plainte de Véolia, car le groupe n'est pas obligé de montrer ses « cartes » avant le procès (impensable en droit allemand!). Mais sous la pression de l'opinion publique, l'avocat de Véolia a entre-temps donné quelques précisions : ils veulent obtenir des « dommages-intérêts» pour diffamation du groupe. Ils veulent porter plainte contre l'utilisation du mot « corruption » dans le film.

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La corruption active d'élus communaux, la nomination de représentants du groupe dans des organes de la Communauté européenne qui décident de l'attribution de marchés au groupe même, les invitations de hauts représentants de l'Etat et de membres de commissions sur des yachts à Saint-Tropez peu avant l'attribution de contrats de plusieurs millions d'euros... tous ces exemples relatés dans le film n'auraient rien à voir avec de la « corruption »?

Ils commencent à trembler

L'attitude d'ARTE est jusqu'ici étonnante. Le directeur des programmes déclare dans une interview: « Nous soutenons le film ». ARTE France a organisé une conférence de presse le 23 février 2011 au sujet de « Water Makes Money ».

Mais depuis que le PDG de Suez a appelé la présidente d'ARTE pour protester contre la diffusion du film, on commence à trembler dans les bureaux de la chaîne. Face au pouvoir de Veolia et Suez, on a raison de trembler ! Quand un boss d'une entreprise mondiale n'a rien de plus important à faire que d'intervenir pour empêcher la diffusion de Water Makes Money, on peut bien évidemment parler d'un grand honneur pour le film ! Mais cela montre aussi combien il est important pour ces grands groupes - chacun à sa manière - de bannir tout débat de l'espace public. ARTE et sa présidente soutiennent toujours Water makes Moneyet maintiennent la date prévue de diffusion le 22 mars 2011 à 20h40 ! Mais avant ce jour-là, bien des coups bas peuvent se produire...

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Apprendre du passé

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Ce n'est malheureusement pas nouveau que les grands groupes du business mondial de l'eau essaient d'empêcher la diffusion de documentaires embarrassants. Ainsi, le film « Flow » avait été attaqué en justice par SUEZ après sa diffusion sur ARTE. En première instance, c'est le film qui a gagné, mais Suez a déjà fait appel du jugement...

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L'exemple actuel de l'auteur de Canal+, Denis Robert, montre également ce qui pourrait être possible dans le procès en diffamation avec demande de dommages-intérêts contre Water Makes Money. Lui aussi avait été attaqué pour diffamation et confronté à des réclamations énormes de dommages-intérêts quand il a dénoncé le blanchiment d'argent chez Clearstream. Avec ce procès, l'entreprise l'a presque poussé au désespoir et à la faillite. C'est seulement maintenant, après 10 années de procédures judiciaires, que la Cour de cassation a constaté que ses récits étaient, pour l'essentiel, fondés !

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L'ouverture du procès contre « Water Makes Money » n'interviendra peut-être que dans un an. N'acceptez pas que Water makes Moneydevienne un nouveau « Clearstream »!

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Pour cette raison : Aidons à diffuser ces informations !

Chaque nouvelle diffusion du film, chaque DVD commandé compliquent les projets de Veolia et Suez !

Informons amis et connaissances de la date (annoncée à ce jour) de diffusion sur ARTE : le mardi 22 mars à 20h40 !

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