Les nouveaux abonnés de Médiapart ignorent sans doute qu’un espace est réservé sur le club à de nombreux films d’introduction anale (c’est sur ce blog). En ces temps où tout le monde a reconnu un plug anal dans l’œuvre mémorable de Paul McCarthy il convient de revenir dessus, ou plutôt dedans. C’est pourquoi je vais illustrer ce festival de films anals avec les deux œufs que vous voyez là (à gauche).
Depuis plusieurs années, je fais venir les œufs destinés à mes recherches depuis un couvoir situé dans le deux-huit (près de Chartres), ce qui me coûte assez cher (en fait, vous coûte, puisque c’est financé par le contribuable). Un jeune chercheur dynamique s’est avisé de mutualiser les commandes avec le labo en face (IJM), ce qui fait baisser le coût de livraison (de 200 euros environ). C’est super, par les temps qui courent, faut gérer nos sous intelligemment. C’est pourquoi nous recevons maintenant nos toys à nous chercheurs, en l’occurrence nos œufs, depuis un nouveau couvoir. Et… ben mince alors ils ne sont pas pareils : ils sont plus gros (voir photo).
Qu’est-ce que ça peut changer pour nos films X ? Il se trouve que, pour une raison complètement anecdotique et qu’on ne va même pas prendre la peine d’investiguer, le jaune d’œuf des gros oeufs colle moins bien à la membrane vitelline que le jaune des petits œufs. C’est d’un intérêt strictement nul, sauf lorsqu’on doit enlever le jaune pour voir ce qui se passe dans l’oeuf. Anéfé, le jaune des gros oeufs étant un peu plus facile à rincer, on peut filmer plus proprement ce qui se passe pendant les premiers stades de développement d’un vertébré bipède (le poulet). Pour ceux qui s‘en souviennent, ou plutôt, pour ceux qui ne s’en souviennent pas, chez les deutérostomes, dont nous faisons partie, l’anus est la structure qui se forme en premier : c’est un trou dans une plaque. La plaque c’est l’animal (à ce stade, c'est à dire moins d'un jour de développement, précisément 18 heures). Ce trou a la forme d’un sillon longiligne, gravé dans la plaque, appelé justement premier sillon, et qui coïncide avec la petite cicatrice que nous avons finalement sur le périnée. L’extrémité de ce sillon présente au bout un orifice arrondi, qui sera finalement l’anus. (Voir photo).
La formation d’un vertébré comme l’homme consiste d'abord en une vaste introduction de la moitié du tissu de la plaque dans le trou. Puis, le tissu étant rentré dans le trou, il tire sur la surface de la plaque, ce qui crée l’embryon (l'embryon se fait tirer par l'anus, si j'ose dire). Filmer ce phénomène est d’une extrême difficulté. C’est d’autant plus difficile qu’on aimerait voir les cellules (petite échelle) et l’embryon (grande échelle) ce qui est virtuellement impossible (on ne peut pas voir de loin et de près à la fois). Il faut donc faire des zoom in et des zoom out. C’est une gymnastique qui occupe les nuits des chercheurs (les miennes en tout cas), et me donne l’occasion de sympathiser avec les gardiens de nuit du bâtiment Condorcet.
Voilà donc un film de cellules entrant dans l’anus, plutôt ves le début de la formation du deutérostome amniote bipède :
Plan large :
Gros plan :
Voilà maintenant un film plutôt vers la fin, dans la région du trou, justement (notez que le trou fait à ce stade environ un quart de millimètre). On voit assez bien l’engouffrement des cellules, magré une réduction massive des data pour les besoins de Drupal (le film original est en HD).
Ensuite les celulles entrées dans l’anus tirent sur la plaque ça doit bien se voir ici :
en plan large on voit ça :
et en gros plan ça :
Après ça plie et les plis autour de l’anus, on appelle ça un bébé, j’en ai déjà beaucoup parlé, notamment dans un billet récent (jolis films ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/vincent-fleury/041014/moodiapart)
En résumé, vu le niveau actuel des événements journaliers, y’a rien d’autre à faire que de travailler chacun à sa place, à améliorer ce qu’on sait faire. Bonne journée, bonne semaine, maintenant faut que je rédige.