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Billet de blog 11 octobre 2012

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Le jour où j'ai été "très très juif".

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je fais peu de billets d’intervention « sociétale », ayant assez peu de plus-value à apporter sur ces questions (j’ai mes idées, mais elles sont assez banales : je soutiens les Pussy Riot, j’aimerais bien qu’Obama soit réélu etc.). Cependant, j’entends de nombreux débats sur la montée de l’antisémitisme, notamment dans des quartiers, et notamment au sein de personnes qui seraient susceptibles de tomber dans le terrorisme (enfin plutôt dans le crime gratuit, antisémite). [Attention, dans cette phrase le sein se rapporte à montée pas à débats]

Mon sentiment en bref là-dessus ; en bref car il y a peu de chances que ces gens-là lisent ce site, et à mon avis les lecteurs de Médiapart vont être d’accord avec ce qui suit.

Les graines d’assassins antisémites sont des jeunes mal éduqués et décérébrés par des années de misère morale, dans des quartiers, des collèges, des « contextes », qui ont continuellement rabougri leur vision du monde et leur avenir ; il s’y ajoute une couche de problèmes mentaux, tous les malheureux n’ayant visiblement pas comme exutoire de tuer des gens. Dans ce désastre personnel, ils rencontrent des discours délirants qui font sens dans leurs petits cerveaux détraqués, et leur offrent la vision d’un plus grand dessein. L’antisémitisme est simplement la forme que prend la haine « ordinaire » dans ce contexte, et l’envie dévoyée de faire quelque chose de signifiant de sa vie.

Ma seule contribution à ce débat est la suivante : en réalité, l’antisémitisme, qui est une connerie universelle et absolue, est un point commun des déviances islamo-jihaddistes et des peuples occidentaux. On ne peut pas nier qu’il existe un fond d’antisémitisme larvé en France, complètement indépendant du conflit Israélo-Palestinien. En voici la preuve :

Dans les commentaires d’un précédent billet, Marc Tertre a eu la gentillesse de révéler mon pseudonyme de romancier : Vincent Meyer. Or Meyer est un nom juif, ce que j’ignorais au moment où j’ai pris ce pseudo (d’ailleurs l’identification des juifs à partir de la consonance de leur nom est un sport typiquement français). Un jour que je me trouvais à faire une séance de signatures, une dame s’approche avec son livre à signer, et quand vient son tour me laisse écrire la dédicace. Pendant que j’écris, elle se penche vers moi et me dit : « pourquoi avez-vous pris Meyer comme pseudonyme ?… ça fait quand même très très juif ». Pour que tout soit clair, cette dame était une lointaine connaissance de ma mère, cette dernière ayant rameuté quelques amies à cette signature soit pour me faire vendre des livres soit par fierté maternelle.

Ainsi, cette simple phrase témoigne d’un antisémitisme profond, typiquement français ; ça existe. Cet antisémitisme est complètement débile, et n’est qu’une peur de l’autre moisie. Il existe toutes sortes d’assassins en France, les principaux étant des assassins des familles (« drames familiaux »). De nombreux psychotiques instables et désocialisés tuent en famille, sans que cela ne crée d’émoi, ou d’interrogations médico-sociales sur les plateaux télé (alors qu’il est possible que ces meurtres augmentent, en même proportion, et pour des causes analogues : misère, jeux vidéos, internet etc., je n’en sais rien). Le cas particulier des psychotiques antisémites est d’une part qu’ils se raccrochent à un antisémitisme endogène, et d’autre part à un antisémitisme politique qui a pour alibi le conflit israélo-palestinien.

Mon sentiment est qu’il y a probablement très peu de personnes enclines à (« assez folles pour ») tuer des juifs, mais qu’elles doivent être évidemment pourchassées avec tous les moyens de la police et des services de renseignements. Par très peu, j’entends une poignée. Cependant, l’antisémitisme doit être combattu sur un autre mode que la lutte contre ces psychotiques. Au moment de l’affaire Mehra, ma fille de 12 ans est revenue du collège en disant que X, un camarade, avait approuvé ce crime, il s’agit en l’espèce d’un enfant qui probablement ne tuera jamais personne. Il y a donc des idées antisémites qui circulent et doivent être combattues en tant que telles, en tant que peur de l’autre stupide. Evidemment, le conflit Israélo-Palestinien pose un problème en tant que source de signaux médiatiques insensés, mais c’est dans les cours d’école que doit être affrontée la diffusion de ce venin. Comment, je ne sais pas.

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