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Billet de blog 17 avril 2013

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De l'intérêt de la chose anale

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une saine gestion en bon père de famille d’un blog, oblige à produire de temps en temps un billet à connotation sexuelle ou scatologique (à moins que ce ne soit ma part d’ombre). C’est pourquoi j’ai décidé de vous expliquer aujourd’hui l’origine de l’anus, question essentielle et même existentielle, n’en déplaise à Jean-Paul Sartre. Car en matière d’embryologie, c’est l’anus qui est l’instrument de la construction de tout le reste. Notre vie ne tient qu’à lui.

Une première chose à savoir qui vous permettra d’assurer dans les soirées bien arrosées, est que les humains sont des deutérostomiens. C’est-à-dire que nous faisons l’anus en premier. Ça vient de deutéro en deuxième et stoma (la bouche) comme dans stomatologie. Alors en fait, on fait la bouche en second, mais c’est une façon aimable de dire entre spécialistes que chez les deutérostomiens, c’est l’anus qui est fait en premier. Même chez les experts, il reste un semblant de pudibonderie.

La seconde chose à savoir est que chacun d’entre nous (et chacun de tous les vertébrés, de la grenouille au chimpanzé) est le résultat d’une grand introduction de la moitié de nous-mêmes dans notre propre anus.  On peut parler donc d’hémi-sodomie, la moitié de l’extérieur du corps s’engouffrant à l’intérieur de nous-mêmes par un trou qui sera finalement l’anus. Je ne dis pas ça pour vous exciter, c’est la stricte vérité, on ose à peine le dire.

Alors ça se passe comme ça : tandis que nous ne sommes qu’une galette ronde, les cellules convergent vers le futur anus. Ce mouvement crée une grande collision, et les cellules n’ont pas d’autre moyen que d’échapper à la collision en plongeant vers l’intérieur. Voici donc le film de l’engloutissement de la moitié de nous-mêmes dans notre propre anus, on dirait de la tectonique des plaques, d’ailleurs c’est un biologiste rencontré par hasard qui a employé cette expression (c'est le même film que ci-dessus sur youtube; si vous avez du mal avec les animations, faites clic-droit et ouvrir dans un nouvel onglet, attendez un peu que ça charge) :

Les cellules qui sont entrées dans l’anus se propagent jusqu’aux bords,  tirent sur la surface, mais par en dessous ; en tirant sur la surface elles forment notre corps en pliant la dite surface.  En quelque sorte; on peut dire que l'anus nous fabrique en nous tirant de l'intérieur.

Dans ce film vous voyez le début de la traction des cellules. Est-ce que vous avez vu que ça tire ? (vers la gauche dans ce film, l’embryon étant couché avec la tête à droite, mais y’a pas encore de tête à ce stade-là), c’est méchamment plat).

Dans ce film, l'anus est déjà présent, il est là ('scuzez, l'image est tournée mais c'est bien le même embryon, au début de l'engouffrement) :

La traction plie la surface sur laquelle apparaissent de gros bourrelets qui vont former le dos, voir ici :

Donc on se retrouve dans la situation où des plis se forment, qui vont constituer le dos, et au centre de l’embryon, vers le bas des plis, il y a un trou qui est l’anus, le trou qui a englouti la moitié de la plaque au cours d’une sorte de subduction sodomite.

Cependant, ce trou rapetisse, au fur et à mesure qu’il est tiré vers le bas et que les plis se referment, façon fermeture éclair. En dynamique on voit ça :

Et l’on voit apparaître les précurseurs vertébraux les uns derrière les autres comme un chapelet de perles. Donc l'anus sera là :

 Remarquez bien que, quoique l'embryon fasse environ 5 ou 6 millimètres, le galbe des fesses et la cambrure du dos ("bas des reins") sont déjà présents.

Je ne vous remontre pas ce qui se passe dans la région de la tête, j’en ai déjà abondamment parlé, et puis pourquoi faire tant d'honneur à la tête, l'anus n'a-t-il pas son importance aussi?

Les plis se refermant façon fermeture éclair, le trou du derrière se retrouve à rapetisser et à descendre vers là où il se trouvera finalement (donc assez bas).

 A ce stade l'anus est déjà là :

Remarquez bien la chose suivante, c’est extrêmement subtil, mais d’un intérêt invraisemblable :

Le tissu qui rentre dans le trou, à tendance à s’enrouler vers l’intérieur du trou, ce qui tend à refermer le trou (du ...), cependant, la traction sur le tissu qui forme les plis tend à écrabouiller l’anus vers l’arrière en le faisant rapetisser. Or cette contraction tend à ouvrir l’anus. Résultat, le trou ne se ferme pas complètement, et reste ouvert en forme, un peu, de carreau (comme on parle de carreaux aux cartes). Le coin du carreau forme la frontière entre la zone qui tend à se refermer et celle qui tend à s’ouvrir. Ainsi, le trou ne cicatrise pas et reste ouvert, heureusement.  Voici un échantillon  un peu particulier où l’on voit bien la traction et le trou qui reste ouvert en forme de « carreau ». Je ne vous dis pas comment on obtient ce film, c’est d’une difficulté inouïe.

Mais comme l’axe médian du corps passe par-dessus le plan du dos, et s’allonge en formant une sorte de petite queue (même chez les humains: on a une queue au stade embryonnaire), la partie située au-delà du trou passe entre les jambes et remonte sur le devant du corps.

Vous avez sûrement remarqué qu’on a tous une sorte de cicatrice qui part de l’anus et remonte sur les parties génitales. Si vous avez des doutes regardez-bien ; si vous êtes au boulot, cela-dit, ce n’est pas le moment. Ayant constamment un appareil photo sur moi, je pourrais vous faire un gros plan didactique, mais je crois que je vais m’abstenir.  Donc la cicatrice que nous avons sur le périnée, c’est la remontée vers l’avant du bord du trou par lequel a eu lieu la subduction mentionnée et même vue, là-haut.

Voilà, dans mes conférences, je parle le plus souvent de la formation du visage, et je commence par ces deux charmants minois ; vous les retrouverez dans ma conférence à la Villette, qui sera bientôt en ligne.

Je ne sais pas s’il y a  des anus assez célèbres dans le cinéma X, pour illustrer mes conférences sur l’origine des deutérostomiens, mais ça m’étonnerait. Sur Libé, on peut lire une interview de Nina Roberts ici: http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2013/04/faire-du-x-pour-faire-face-aux-hommes-nina-roberts.html

Il paraît que le sien est très joli. C'était un billet sur l'anus, vu par le grand bout de la lorgnette, si j'ose dire.

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