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Billet de blog 24 mars 2013

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Veulerie abyssale II. La cochonne et le hardeur.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On aura vite fait d’oublier les considérations suivantes sur la vacuité du système médiatique.

Cependant, les langueurs étiolantes du week-end sont propices aux réflexions sur la décomposition de la société, et le spectacle de sa bassesse, que selon le mot de Fassbinder, il faut décrire, quand bien même on ne saurait la changer.

Ainsi donc on a vu Mme Iacub dans une émission du soir orchestrée par un certain M. Taddéï. Vous savez, cette dame qui sur la proposition, semble-t-il de son éditeur, a délibérément séduit M. Strauss-Kahn pour en tirer ensuite un lâvre, récit du contact d’une écrivaine encanaillée avec un monstre mi-homme mi-cochon. La dame a été lourdement condamnée, et son éditeur aussi, et le Nouvel Observateur aussi.

Il ne messied pas, en principe, aux personnes condamnées, mais cependant bien élevées, d’observer une période de retraite propice aux remords, à la réflexion et à la recherche d’une charitable mansuétude. En l’espèce, cette période de retraite n’a semble-t-il pas excédé un mois, ce qui paraît fort peu au regard du jugement. Je me suis refusé à allumer ma télévision pour regarder ce spectacle, mais on pourra trouver sur d’autres blogs des commentaires très éclairants sur la veulerie abyssale de cet entretien, comme par exemple dans le billet de  Bruno Roger-Petit  qui relève toute la complaisance et l’aberration de ce grand moment de télévision. (c’est ici : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/804660-csoj-marcela-iacub-face-a-taddei-sur-france-2-la-connivence-etait-presque-parfaite.html)

Cependant, M. Roger-Petit est victime, comme moi-même d’ailleurs, du caractère totalitaire de cet événement, puisque le simple fait de le commenter ne fait qu’en augmenter l’enflure.

En l’espèce, on pouvait tout aussi bien couper le son (et moi l’image de surcroît). Il est absolument manifeste, que l’important était qu’on allait voir Mme Iacub chez Taddéï. Le contenu réel de l’entretien n’avait rigoureusement aucune importance, et d’ailleurs lorsqu’on entend à tête reposée les explications tordues sur la « manipulation » qu’elle a avouée dans un mail, on mesure l’inutilité de sa parole. (Un mot vient à l’esprit pour la caractériser, qui est " muy viva" , expression portèñe intraduisible qui signifie quelque chose comme malin et faux–jeton).

La véritable figure de cet événement n’est pas le « débat » autour de ce livre, ni même l’interview de complaisance accordée à l’une de ses invitées régulières, imaginée par l’esprit faible, confus et peu à cheval sur l’éthique de M. Taddéï (franchement, qu’est-ce que ça vaut sur le plan journalistique, un chef de plateau qui interview l’une de ses invitées régulières, après l’avoir bien mise à l’aise? (voir ici http://www.programme-tv.net/news/tv/38716-frederic-taddei-accueille-marcela-iacub/#!) ?)

La figure de cet événement est dans la simple satisfaction de la pulsion scopique : voir la bête, en l’occurrence, la cochonne.

La logique médiatique de ce type de plateau, est de faire graviter autour de M. Taddéï la figure monstrueuse du moment afin que le regard du spectateur soit suspendu, hébété, à la chose que l’on regarde, un délicieux frisson primal engourdissant le cervelet.

Miracle de la mise en abyme, à l’occasion de cet entretien, M. Taddéï aurait dit à Mme Iacub « On a dit que votre livre était pornographique ». Or en réalité, c’est l’entretien lui-même de M. Taddéï avec cette personne, qui, de façon performative, est pornographique.

La pornographie en effet est définie comme « Représentation (par écrits dessins, peintures, photos etc.) de choses obscènes destinées à être communiquées au public. » (Le Robert)

Si l’on va chercher à obscénité, on trouvera comme synonymes : gravelure, ordure, cochonnerie. Etant entendu que le livre de Mme Iacub et l’ensemble de son récit, fantasmé ou pas, est une vaste cochonnerie (textuellement), il en ressort que la mise en scène télévisuelle de ça, relève de la pornographie la plus simple.

Et c’est d’ailleurs évident : qu’apportent à la littérature le livre de Mme Iacub et maintenant l’entretien de M. Taddéï, rin

 A la sociologie rin.

A l’ethnologie rin

Au show bizness rin

A la politique rin

A l’éducation rin

A l’humanité rin.

Le seul intérêt de cet entretien est manifestement d’ordre pornographique : regarder hébété ça, la cochonnerie qui tournoie à la lucarne, aux frais du contribuable, et la décomposition de la société que cela signifie, et la honte que l’on en a.

D’ailleurs on aura remarqué au passage que le mot porc et le mot pornographique ont leurs entrées dans la même page du dictionnaire (cliquer sur l'image ci-dessus). Plus généralement, l’intrusion de la chose porcine dans cette « aventure » présente un intérêt de curiosité, le cochon étant la figure du mal par excellence (pieds fourchus, accouplement bestiaux à l’origine des grains de beautés, soies des naevus, pieds bots etc.). On se reportera au magistral ouvrage de Claudine Fabre-Vassas, La bête Singulière (sous-titre : Les Juifs, les chrétiens et le cochon), Gallimard, Bibliothèque des Sciences Humaines 1994, pour mesurer l’importance du porc dans la culture occidentale, et singulièrement, la place qu’occupe le porc dans la culture  juive, ce que Mme Iacub a sans doute commenté, je l’ignore. Comme disaient les anciens (catalans) Els horts i els porcs son de les noie (p. 73). Plus loin dans son malicieux et érudit ouvrage Claudine Favre-Vassas explique :

Dans l’ancienne pastourelle occitane, aux sources mêmes de ce genre poétique, le courtisement de la jeune paysanne par le noble galant qui passe adopte un langage dont la précision sexuelle s’affirme selon l’animal qu’elle garde. Les bergères de brebis suscitent une cour tendre, la gardeuse de vaches est sollicitée par des mots plus directs, plus pressants, la porcheronne, enfin, réveille l’obscénité la plus crue. (Ibid.)

M. Taddéï, donc, fait dans la pornographie. De ce point de vue, il est un sacré hardeur, infatigable producteur de pseudo débats, consistant à laisser s’épancher  mécaniquement sur son plateau de vils instincts au motif d’ébranler, c’est le cas de le dire,  la pensée unique. Je dirais en passant qu’avant de couper la tévé pour ne pas avoir à regarder Mme Iacub, j’ai eu l’occasion de voir quelques minutes d’un premier service qui précédait la soupe servie à Mme Iacub. Ce « débat » indigeste opposait MM. Finkielkraut , Todd, Cohn-Bendit et quelques autres (une dame aussi).

Là encore, là déjà, une sensation pénible se dégageait, en particulier de M. Fienkielkraut. Le philosophe, visiblement torturé par ses idées, et ne parvenant pas à les imposer faisait des grimaces et des gestes convulsifs des mains qui n’avaient d’autre intérêt que d’être vus. Je lui conseillerais volontiers, s’il m’entendait, de prendre un peu de recul par rapport à ces plateaux. Enferré dans le piège, découvrant que toute la rhétorique qu’il a apprise ne sert à rien, il souffre. C’est le spectacle de sa souffrance que M. Taddéï veut donner à voir, suivant en cela la même logique que celle décrite précédemment.

Bref, pour en revenir à l’étymologie, l’obscénité, c’est ce qui est de mauvais augure, et l’interview de Mme Iacub par M. Taddéï est obscène.

Poème librement inspiré du poème de Jean Tardieu

 La môme néant


Quoi qu'a dit ? - A dit rin.
Quoi qu'a fait ? - A fait rin.
A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.

Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?

- A' xiste pas.

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