Comment parler d'un programme dont on n'a vu que la vidéo de présentation, plus quelques articles glanés çà et là (Wave n'est pas encore disponible et ne le sera pas avant plusieurs mois)?
Google a présenté fin mai the next big thing : Google Wave, l'application en ligne avec laquelle il compte refaire son retard dans le domaine des réseaux sociaux (Facebook, Twitter...). Grossièrement, il s'agit de réunir la plupart des applications Google (GMail pour le mail, GTalk pour la messagerie instantanée, YouTube pour la vidéo, GDocs pour les applications bureautique et surtout le travail collaboratif, Picassa pour la photo, GMaps pour la géolocalisation) et faire en sorte que partout où Google n'est pas leader, il le devienne de fait en proposant une meilleure intégration de ces outils (c'était aussi le pari de Microsoft avec IE qui s'interfaçait bien avec Office).
Wave ajoute quand même quelques innovations de taille en permettant la communication en temps réel (parfois caractère par caractère !), le playback (pour reprendre une « interaction » depuis le début) et le wiki (les informations seront modifiables selon ce principe), le fait de pouvoir intégrer ces services sur n'importe quel blog ou site Web facilement, l'open-source (chacun sera libre d'apporter son écot technique, ses gadgets, ses extensions, ... à la gloire et au profit de Google !), le drag-and-drop (il suffira de déposer un fichier dans son navigateur pour le partager) et le langage naturel.
Cela ressemblera à ceci :
A gauche, les dossiers à la manière du mail comme dans GMail (reçu, discussions actives, tous, envoyé, historique, spam, corbeille...) et la liste de contact comme dans GTalk.
Au milieur, les waves, c'est à dire les sujets de discussion, avec les participants, le sujet, l'icône pour les pièces jointes (trombone gris) et les gadgets (pièce de puzzle verte), le nombre et l'heure des messaes et le nombre de messages non lus.
Lorsqu'une conversation est sélectionnée, elle apparaît dans la colonne de droite et permet d'intégrer par simple glisser/déposer des vidéos et des sons lisibles dans le message, des photos, des plans, des gadgets (jeu d'échec, traduction simultanée et contextuelle).
Ce dernier aspect est certainement le plus intéressant : on peut discuter avec des correspondants, mais aussi inviter des « robots » dans la conversation, c'est-à-dire des petits programmes qui se chargeront de traduire en direct, d'organiser un rendez-vous, de surveiller une page web, un compte Facebook ou Twitter, de lire des flux, réaliser des graphiques à partir de données chiffrées, convertir des mesures, aller chercher des définitions, des documents, des articles dans les archives et tout ce que les programmeurs astucieux sauront inventer, puisque l'application publique est ouverte et modifiable.
En sortie, le résultat sera intégrable sur n'importe quel site : les waves (discussions) pourront être publiques ou privées, en lecture seule ou en lecture/écriture en temps réel
Quelle application pour la presse ? De toute évidence, Wave prend l'apparence d'un système de gestion de contenus (CMS) collaboratif avec un back-office (privé) et un front (public), interactif (lecture/écriture) ou non (lecture seule), en temps réel, multimédia et évolutif.
Jeff Jarvis, qui professe à n'en plus finir que sur le Web, l'information n'est plus un produit fini et complet mais un processus où chaque étape est susceptible de donner un « objet » journalistique, explique ceci : « avec Waven je vois plus qu'une nouvelle façon d'écrire des mails, avec un peu de wiki, de twitter et de travail collaboratif. Parce que Wave permet d'alimenter des blogs, des sites Web et des fils Twitter, je pense que c'est une nouvelle façon de créer du contenu, de façon participative et en direct. Imaginez une équipe de reporters, ensemble sur le lieu de l'actualité, qui peuvent, ensemble, contribuer à la même « wave » (ce que l'on appelait jusqu'alors un article, avec des photos, des témoignages. L'un peut détailler les éléments déjà connu, un témoin peut ajouter du récit et des photos, un rédacteur en chef ou un lecteur peut poser des questions. Et tout cela se trouve à une seule et même adresse. Un « permalien » pour l'article, mis à jour en continu et par une équipe participative.»
(Schémas Paul Bradshaw, et Charlie Beckett).