Dans mes pérégrinations d'utilomane (entendez: utilisateur compulsif de tous les outils nouveaux et inconnus), je suis tombé sur Storify. Ce service permet de rechercher et d'agréger des éléments de «Web social» pour en faire une manière d'article construit sur l'addition de vidéos (YouTube), de photos (Flickr), de messages sur Facebook ou Twitter, d'articles de presse (Google News), etc.
Autrement dit quelque chose d'assez proche de l'essentiel de l'actualité tel que vous pouvez le trouver en haut à gauche de la une du site, avec en plus la possibilité d'y adjoindre des billets de blogs, des «statuts» de réseaux sociaux, des images, des films, légitimés comme point d'accès possible voire comme source d'une actualité (pour peu qu'ils aient été sélectionné par la personne qui s'en occupe).
On peut rapprocher cette façon de faire de deux préconisations avancées par Jay Rosen:
- l'idée du «journalist as curator», en quelque sorte commissaire de l'exposition de l'actualité, cherchant, validant, triant, hiérarchisant et mettant en scène un moment de l'information, objective dans le fond (ou du moins reflétant une autre subjectivité que la sienne) et subjective sur la forme. Le choix, le montage, la juxtaposition de deux informations parfaitement neutres n'est pas neutre. Harper's Magazine réussit parfaitement cela dans sa revue hebdomaire: «Veteran British Liberal politician Sir Cyril Smit, who once described Parliament as "the longest running farce in the West End," died at the age of 82. Arizona Governor Jan Brewer bungled her opening statement during a televised debate, at one point pausing for more than ten seconds before saying, "We have, uh, did what was right for Arizona."»
- l'idée du «crowdsourcing»: comme dans la détermination du temps qu'il fera demain, il faut multiplier les mesures, aussi anecdotiques soient-elles prises individuellement. Mais en négliger certaines parce qu'elles seraient insignifiantes donnerait une vision incomplète et déséquilibrée de l'ensemble. D'où le «my readers know more than I do-and this is a liberating, not threatening, fact of journalistic life», défendu par Dan Gillmor.
Pensez-vous qu'il s'agit d'une piste pertinente pour repenser «l'essentiel de l'actualité»? Nous permettrait-il de la faire évoluer plus rapidement en fonction de l'actualité – en direct, en somme – et est-ce souhaitable?