Les salariés de l'hebdomadaire Envy (groupe Marie Claire) viennent de décider une grève après l'annonce, fin août, de l'absorption de leur magazine par un concurrent Be (groupe Lagardère). Sur les 46 salariés d'Envy, en effet, 29 seront licenciés à la cessation de parution du titre fin septembre. Parmi les 35 CDI d'Envy, 10 vont être transférés à Be et 5 vont être reclassés dans le groupe Marie Claire. 2 CDD sur 11 vont également retrouver un contrat de quatre mois dans le groupe.
Le 27 août, Jean-Paul Lubot, directeur général délégué du groupe Marie Claire avait réuni les salariés pour leur annoncer la fusion. En octobre, les deux groupes de presse doivent créer une société commune d'édition, détenue à 80% par Lagardère et à 20% par Marie Claire, et qui éditera à la fois Be et l'hebdomadaire people Public. Jean-Paul Lubot avait alors présenté à la rédaction d'Envy l'opération aux salariés en commentant: «C'est une bonne nouvelle: le marché va bien réagir. Je vous demande de communiquer positivement.»
Envy avait atteint un niveau de vente moyen de 174.000 exemplaires par numéros (sur un objectif de 200.000). Be fait à peine mieux avec un OJD de 175.000 exemplaires, mais lorgnant moins le people, il fait moins d'ombre à Public (encore dans le groupe Lagardère) mais peur chasser plus directement sur le terrain publicitaire du concurrent Grazia, supposé plus haut-de-gamme, et édité par Mondadori. Car c'est clairement pour contrer cette hebdomadaire qui empiétait sur le créneau du magazine de Lagardère Elle, que Lagardère avait lancé Be et Marie Claire (dont Lagardère détient 42%) avait lancé Envy à deux semaines d'intervalle au début de l'année.
Dans un entretien aux Echos, Ernesto Mauri, président de Mondadori France, explique que Grazia atteint, au bout d'un an d'existence,une diffusion moyenne de 177.000 exemplaires, mais surtout 30 pages de publicité par numéro, dont 70% venant du secteur mode-beauté, soit clairement le marché de Elle.
Ne sachant pas jusqu'à cette semaine qui était concerné et les conditions qui seraient consenties, les salariés d'Envy n'avaient pour l'instant pas réagi collectivement. Lundi 6 septembre, ils ont reçu la liste des postes supprimés. Le lendemain, les salariés ont déposé auprès de la direction un cahier de revendications exigeant un effort sur les indemités de licenciement conventionnelles, sur les reclassements et la prise en compte des pigistes, en demandant une réponse pour jeudi 9 septembre à 14 heures. Faute de l'avoir reçue, ils ont décidé la grève à 16 heures.
En pratique, la parution du numéro de jeudi prochain (et des suivants selon avancement des négociations) est menacée.
Francis Ambois, délégué CGT et secrétaire du comité d'entreprise du groupe Marie Claire, rappelle que «lorsque Family a réduit la voilure, il devait y avoir 8 licenciements. On a réduit ce chiffre à deux en trouvant des postes dans le groupe, mais la direction n'a pas fait le moindre effort pour cela.» Il compte sur des négociations qui dureront jusqu'à l'avis du comité d'entreprise sur ce plan, consultatif mais nécessaire pour sa mise en œuvre: «initialement, le CE était prévu le 23 septembre. Mais il peut être repoussé si la solution proposé ne convient pas.»