Le site LesInfos.com vient de publier son classement des députés les plus actifs et, en creux, celui des «députés fantômes», réputés moins bien remplir leur mission de législateur. L'hypothèse retenue est de compter les interventions comme les travaux (rapports et propositions de loi).
Le principe est criticable — le nombre d'interventions ne dit rien de leur qualité —, place sur le même pied des interventions en séances (publiques et assure la visibilité du député, notamment le jour des questions au gouvernement) et les interventions en commission (techniques mais plus efficaces puisque désormais c'est le texte des commission et non celui du gouvernement qui arrive en séance), les «ouh ouh» dans l'hémicycle et les rapports qui prennent des mois, compte les propositions de loi mais oublie les amendements, néglige la présence dans la permance dans la circonscription...
Et il est contestable sur le principe: y a-t-il un sens établir une hiérarchie sur la base de l'activité? Dans le genre, on préfèrera assurément le travail de NosDeputes.fr qui évaluent certes le travail des élus, mais ne propose pas de classement. Le site présente en outre une approche chronologique et thématique pour chaque député et prend en compte la présence relevée, dans les interventions le nombre de mots prononcés (un long argumentaire ne vaut pas un «oooh»), les questions orales (l'intérêt de ce critère est éventuellement douteux).
On trouvera néanmoins ci-dessous les données (non hiérarchisées) collectées par le site de Bernard de la Villardière:
Si l'on prend le critère retenu par LesInfos.com — le nombre total d'interventions —, on trouve en tête du tableau d'honneur Patrick Ollier (368 interventions dont 268 en commission), François Brottes (347 dont 180), Pierre Méhaignerie (333 dont 188) et Jean-Pierre Brard (317 dont 94 en commission, mais 223 en séance). L'apparente hiérarchie cache donc des comportements très différents. Si l'on s'en tenait au travail en commission, on aurait au-dessus de 200 interventions, derrière Patrick Ollier, le discret Axel Poniatowski (218 en commission, mais seulement 50 en séance et Jacques Myard (202 pour 78).
Si l'on comptait les rapports et avis, on constatera la domination de Gilles Carrez (38), devant Guy Geoffroy (28), Pierre Lequiller (25) et Thierry Mariani (22). Et pour les propositions de loi, qui sont éventuellement des articles uniques avec une motivation sommaire, André Wojciechowski (44) loin devant Jean-Luc Warsman (30) et une trio de 25 lois (Zimmermann, Luca, Morel-à-l'Huissier).
Mais dans le détail, Patrick Ollier signe très peu d'amendements (25 sur un an), aucune question écrite et une seule orale; Pierre Méhaignerie compte 12 amendements en un an, aucune question écrite et deux orales; Jean-Pierre Brard n'est venu que 38 fois en commissions, a posé 3 questions écrites et 2 orales. Axel Poniatowski: 9 amendements, aucune question orale. Gilles Carrez: 1 question écrite, aucune orale. André Wojciechowski: aucune intervention dans les deux commissions dont il fait partie (défense et commission spéciale contre les violences exercées sur les femmes)... Certes, ces derniers députés sont tous (sauf Jean-Pierre Brard) membre de la majorité, ce qui n'incite probablement pas le dépôt d'amendements ou les questions au gouvernement.
Il n'y a finalement que sur le bas du classement que le consensus se fera, sur les cas d'André Santini (revenu à l'Assemblée en juillet 2009, 2 interventions, 17 semaines de présence dans l'hémicycle constatées), Jean-Christophe Cambadélis (3 interventions, 11 semaines), Jack Lang (5 interventions, 12 semaines) ou Jean Tiberi (7 interventions mais l'une des plus fortes assiduité en séance comme en commission des lois).