Les journaux dissertent de long en large ce matin de la journée qui a vu Barack Obama devenir président des Etats-Unis. Au mieux, ils dissèquent le discours inaugural (ici en version originale), essaient de retenir la petite phrase qui restera: «nous avons choisi l'espoir plutôt que la peur». Classique.
Classique, mais biaisé, parce que les journalistes avaient potassé leurs classiques et s'attendaient à un discours rooseveltien (au point que l'analyse était déjà dans le club de Mediapart, à la veille de la cérémonie!).
Voici donc une petite expérience d'objectivation. Prenez le discours, appliquez lui un traitement statistique, laissez reposer, dégustez:
Ceci est une représentation graphique du nombre d'occurence des mots dans la version française. C'est un peu touffu, mais on voit émerger quelques mots.
Restreignons au 20 premiers du classement:
«Amérique/Américains/nation/pays»: normal. C'est avant tout à elle, à eux, que le discours s'adresse.
«Aujourd'hui»: normal. C'est un grand jour, au moins pour celui qui prononce ce texte et pour ceux qui l'écoutent.
«Nouvelle»: attendu. C'était mal avant, demain ça sera mieux.
«Peuvent/pouvons», «faire face»: plus intéressant. C'est un discours de motivation; espoirs, défis.
«Force», «liberté», «génération». Voilà des mots qu'il convient de replacer dans leur contexte.
Force:
«Le temps est venu de réaffirmer la force de notre caractère», «la force de notre exemple», «notre héritage multiple est une force, pas une faiblesse»...
Liberté:
«Le long et rude chemin vers la prospérité et la liberté», «la capacité [du marché] à générer de la richesse et à étendre la liberté est sans égale», [les héros américains] «sont les gardiens de notre liberté», «avec les yeux fixés sur l'horizon et la grâce de Dieu, nous avons continué à porter ce formidable cadeau de la liberté et l'avons donné aux générations futures».
Génération:
«La crainte tenace (...) que la prochaine génération doive diminuer ses ambitions», [égalité, liberté, droit au bonheur] «cette noble idée transmise de génération en génération», «Rappelez-vous que les précédentes générations ont fait face au fascisme et au communisme», [défense de la liberté, esprit de service, recherche du sens] «ce moment qui définira une génération».
Pour l'interprétation, je fais confiance à vos commentaires (rappelons que c'est un exercice d'«objectivation», pour moi).
Puis reste un mot énigmatique, visible depuis le début, plus encore lorsque l'on réduit le choix aux 5 mots les plus prononcés: «plus»
Et là je ne vois pas d'autre explication:
(Référence absolument incompréhensible pour les moins de 35 ans)
[Edit] Voici l'arborescence des mots les plus cités: